Australie: démission du chef de la diplomatie, rival du Premier ministre


Mercredi 22 Février 2012 - 10:41
AFP


Sydney - Le chef de la diplomatie australienne Kevin Rudd a démissionné mercredi sur fond de rivalité avec le chef du gouvernement, Julia Gillard, qui le soupçonne de vouloir l'évincer à son profit de la direction du Parti travailliste, afin de retrouver son poste de Premier ministre.


Kevin Rudd
Kevin Rudd
"La vérité est que je ne peux pas continuer à servir au poste de ministre des Affaires étrangères si je n'ai pas le soutien du Premier ministre", a déclaré Kevin Rudd depuis Washington au cours d'une conférence de presse retransmise en direct par les télévisions australiennes.

"C'est pourquoi je crois que la seule option honorable qui me reste est de démissionner", a-t-il ajouté.

En chute dans les sondages, Mme Gillard craint que Kevin Rudd ne convoque prochainement les instances dirigeantes du Parti travailliste pour faire constater la faiblesse de son cabinet et lui ravir le leadership par un vote.

Selon The Australian Newspaper, elle pourrait lui couper l'herbe sous le pied en organisant un vote des députés travaillistes dès mardi.

Mme Gillard s'est dit "déçue" en affirmant tomber de haut après avoir appris par voie de presse la démission de son ministre.

"Je suis déçue du fait que M. Rudd n'ait jamais évoqué avec moi, personnellement, les inquiétudes qu'il a publiquement exprimées et qu'il ne m'ait jamais contacté pour discuter de sa démission avant sa décision", a-t-elle dit.

M. Rudd avait été Premier ministre entre 2007 et 2010. Contesté notamment pour sa gestion autoritaire, il avait été poussé dehors à l'issue d'un vote de l'exécutif travailliste qui avait désigné Mme Gillard pour prendre sa suite.

Kevin Rudd a précisé qu'il serait de retour en Australie cette semaine et qu'il ferait une déclaration sur son avenir avant la reprise de la session parlementaire lundi.

Il a dénoncé "les attaques" de plusieurs cadres travaillistes, dont le ministre des Arts, Simon Crean, quant à son "intégrité et par conséquent (sa) légitimité" à conserver son portefeuille.

Simon Crean avait accusé Rudd de "déloyauté interne", l'appelant à se comporter en "coéquipier" et "faire face ou la boucler".

Ces attaques, a déploré Kevin Rudd, "Mme Gillard a choisi de ne pas les condamner. Je ne peux dès lors que conclure qu'elle partage leurs motivations".

"Je continue mon travail avec le soutien affirmé de mes collègues", avait déclaré le Premier ministre en début de semaine.

En difficulté dans les sondages, critiquée par une partie de sa majorité, en délicatesse avec les milieux d'affaires qui lui reprochent une taxe carbone sur les entreprises polluantes, Mme Gillard a récemment interdit à ses ministres de parler aux directeurs des grands journaux sans son accord.

Un ministre a dénoncé une tentative délibérée de "piéger" Kevin Rudd en créant les conditions de son limogeage s'il enfreignait cet édit.

Mme Gillard espère emmener le Parti travailliste jusqu'aux prochaines élections, prévues en 2013, bien que Kevin Rudd bénéficie actuellement d'une bien meilleure cote dans les enquêtes d'opinion.


           

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