Badge blanc, tuberculose et fête hawaïenne: 5 choses à savoir sur Davos


Vendredi 17 Janvier 2020 - 11:25
AFP


​Bruxelles - C'est le rendez-vous incontournable de l'élite internationale, mais qui soupçonnerait que l'histoire du Forum de Davos remonte aux révolutions du XIXème siècle en Europe?


De la couleur des badges d'accès à l'écrivain Thomas Mann, cinq choses à savoir du "World Economic Forum", qui s'ouvre la semaine prochaine en Suisse.

En plus d'être le nom d'une douillette station de ski du canton des Grisons, "Davos" est devenu l'appellation la plus courante du "World Economic Forum", événement fondé en 1971 par l'économiste allemand Klaus Schwab, à l'origine pour permettre des échanges entre entrepreneurs européens et américains.

Les patrons ont été rejoints à partir de la fin des années 1970 par des responsables politiques, et Davos est devenu chaque année, en janvier, le lieu où l'élite mondiale - sous l'oeil des journalistes, de nombreuses ONG et de quelques stars - débat des problèmes du monde, tout en faisant des affaires à l'abri des regards.

Ce nom est aussi devenu le symbole des excès du capitalisme débridé pour les opposants à la mondialisation et les militants de l'environnement.

Le blanc est la couleur vedette à Davos et pas seulement à cause du manteau immaculé qui recouvre les montagnes.

C'est aux porteurs de badges blancs - hauts fonctionnaires, patrons et certains journalistes - que sont réservés les accès aux débats et dîners en petit comité, où l'on se presse en costume et tailleur, après avoir échangé les après-ski au vestiaire pour des mocassins et des escarpins.

La majorité des journalistes qui arpentent le centre des congrès, sorte de bunker dont l'accès est strictement gardé par les forces de l'ordre, portent des badges de couleur orange. Autres couleurs: le violet (pour le personnel technique) et le vert (pour les délégations des dignitaires en tous genres).

Davos a aussi la réputation d'être un rassemblement festif - ce qui ne saute pas forcément aux yeux à voir le défilé de costumes gris à des débats sur la politique monétaire et le transhumanisme.

C'est dans des chalets discrets ou des hôtels que les entreprises et banques organisent des cocktails et autres soirées pouvant durer jusqu'à l'aube.

Les fêtes hawaïennes de Salesforce, grand nom californien de la tech qui invite régulièrement des groupes de pop ou rock à la mode, sont toujours très courues, par exemple.

Nombre d'événements ont lieu à l'hôtel Belvedere, véritable labyrinthe de réunions plus ou moins confidentielles, où les hommes d'affaires - les femmes restent très minoritaires à Davos - font mine d'éviter les journalistes en quête de bons mots ou d'informations exclusives.

Davos s'est fait un nom dans la deuxième moitié du XIXème siècle grâce à un réfugié allemand, qui s'y établit comme médecin de campagne après avoir fui la répression consécutive à la révolution de 1848.

Cet homme, Alexander Spengler, remarque que dans cette vallée reculée, les paysans gravissent les versants escarpés sans s'essouffler.

Il va alors faire de Davos une destination de choix pour la société européenne mondaine de la Belle Epoque, qui vient y fuir ou y traiter la tuberculose dans de confortables sanatoriums.

Parmi ces malades: Katia Mann. La femme de Thomas Mann, l'auteur de "Mort à Venise", est traitée pendant plusieurs mois à Davos.

Le grand écrivain allemand s'en inspire pour écrire "La montagne magique", allégorie de l'Europe d'avant 1914, publiée en 1924 et considéré comme un chef d'oeuvre de la littérature mondiale.

Son héros, Hans Castorp, vient à Davos pour une brève visite à un cousin malade. Mais il y reste sept ans à soigner une fièvre mystérieuse dans un sanatorium peuplé de personnages étranges. A la fin du roman, il quitte Davos pour se battre dans les tranchées de la Première guerre mondiale, cette "fête mondiale de la mort".


           

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