Bangkok: l'armée sort ses snipers, un chef militaire des Chemises rouges blessés


Vendredi 14 Mai 2010 - 11:45
AP


Bangkok - La situation dégénère à Bangkok. Au moins une personne a été tuée et onze autres blessées lors d'affrontements entre l'armée tha_landaise et les "Chemises rouges". Les heurts ont éclaté juste après qu'un leader de la rébellion a été grièvement blessé.


Bangkok: l'armée sort ses snipers, un chef militaire des Chemises rouges blessés
Khattiya Sawasdiphol, le stratège militaire des manifestants anti-gouvernementaux baptisés les "Chemises rouges", a été blessé à la nuit tombée. "Seh Saeng a reçu une balle dans la tête", a déclaré un proche conseiller de Khattiya Sawasdiphol qui a répondu à son téléphone portable, le désignant par son surnom. Cet interlocuteur, qui n'a pas décliné son identité, a qualifié la blessure de "grave".

Le centre d'urgences médicales du gouvernement a ensuite confirmé que Khattiya, 59 ans, avait été blessé à la tête et hospitalisé en soins intensifs.

Les heurts qui ont ensuite éclaté ont fait un mort -un homme de 25 ans- et onze blessés, toujours selon le centre d'urgences médicales du gouvernement.

Le gouvernement tha_landais a étendu jeudi l'état d'urgence à 15 nouvelles provinces, en plus des deux qui étaient déjà concernées (Bangkok et une province voisine), afin que les personnes originaires des zones rurales ne puissent pas se joindre au rassemblement anti-gouvernemental en cours dans la capitale.

Il s'agit d'empêcher "des masses de gens de tenter de venir à Bangkok", a expliqué Panitan Wattanayagorn, porte-parole du gouvernement.

Un peu plus tô t, l'armée tha_landaise avait indiqué qu'elle allait boucler le quartier de Bangkok occupé depuis deux mois par les "Chemises rouges" pour les en déloger, menaçant de tirer à balles réelles sur les "terroristes".

Khattiya Sawasdiphol était en train d'expliquer à des journalistes que l'armée ne pourrait pas pénétrer dans le périmètre tenu par les manifestants quand il a été touché.

Les partisans de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra ont convergé le 12 mars dans la capitale tha_landaise et une partie occupe depuis le 3 avril Rajprasong, un quartier central où se trouvent des boutiques, des hô tels et des appartements de luxe. Khattiya Sawasdiphol, un général de l'armée renégat, a aidé les "Chemises rouges" à ériger les barricades qui entourent leurs campements dans les rues de Bangkok.

Jeudi, l'armée a indiqué qu'elle s'apprêtait à boucler cette zone de trois kilomètres carrés, pour en expulser les "Chemises rouges". Son porte-parole Sansern Kaewkamnerd a expliqué que des transports blindés de troupes y étaient envoyés, ainsi que des tireurs d'élite. Les transports en commun ont été suspendus, l'électricité et les liaisons par téléphone portable ont été coupées.

M. Sansern a affirmé que les militaires utiliseraient d'abord des munitions en caoutchouc mais qu'ils passeraient aux balles réelles s'ils étaient attaqués. "Des tireurs d'élite seront sur le qui-vive et tireront sur les terroristes qui portent des armes", a-t-il mis en garde.

Le Premier ministre Abhisit Vejjajiva a expliqué jeudi à la presse qu'il souhaitait un retour à une situation normale "le plus rapidement possible".

La dernière fois que l'armée a tenté de déloger les "Chemises rouges" de Rajprasong, le 10 avril, les affrontements ont fait 25 morts et plus de 800 blessés. Dans les semaines qui ont suivi, quatre autres personnes ont été tuées.

Plusieurs coups de feu et au moins quatre explosions ont été entendus jeudi soir dans le centre de Bangkok. Khattiya Sawasdiphol avait promis de résister à toute tentative de l'armée de déloger les protestataires.

Rejetant la main tendue du gouvernement, Khattiya était devenu récemment très critique à l'égard de la direction politique des "Chemises rouges", qu'il accusait d'avoir touché des pots de vin pour signer le plan de réconciliation.

"Le Premier ministre et les 'Chemises rouges' étaient sur le point de conclure un accord mais je suis arrivé. D'un seul coup, je suis devenu quelqu'un d'important", a-t-il déclaré dans un entretien à l'Associated Press, juste avant d'être blessé. "Cette fois-ci, l'armée du peuple va combattre l'armée".

Les "Chemises rouges" sont pour la plupart des ouvriers et paysans partisans de l'ancien Premier ministre Thaksin Shinawatra, renversé en 2006 après six ans à la tête du pays. Ils manifestent pour réclamer la dissolution du Parlement et la convocation d'élections anticipées.

En vue d'une réconciliation nationale, le Premier ministre Abhisit Vejjajiva avait proposé que des élections soient organisées le 14 novembre. Mais il a retiré son offre depuis que les "Chemises rouges" ont formulé de nouvelles exigences et ont refusé de lever le camp. Abhisit a répété jeudi que sa proposition d'organiser des élections anticipées ne tenait plus car les manifestants refusaient toujours de quitter Rajprasong.

Jatuporn Prompan, l'un des dirigeants du mouvement des "Chemises rouges", a adopté jeudi un ton de défiance. "Nos frères et soeurs n'ont pas peur de mourir", a-t-il lancé. "Nous ne nous rendrons jamais". Et d'ajouter, à l'adresse de ses partisans: "Ayez foi dans le combat".


           

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