L'histoire l'a déjà montré: les seconds mandats voient souvent les présidents sombrer dans les sondages, mais il n'est pas impossible de rebondir.
L'amateurisme dont a fait preuve l'administration Obama pour le lancement très attendu de sa réforme du système de santé est pour beaucoup dans les difficultés du président et cela a même fait naître des protestations dans son propre camp.
Et vendredi, des responsables républicains comparaient dans le New York Times ces cafouillages avec la gestion catastrophique par l'administration Bush de l'ouragan Katrina en 2005.
"Je m'excuse de ne pas avoir fait mieux ces derniers mois", a convenu le président américain jeudi lors d'une conférence de presse où il a inhabituellement fait amende honorable et prononcé quatre fois le mot "ratage".
Barack Obama est dos au mur et se devait de réagir: il y a deux semaines, il était crédité de 42% d'opinions favorables. La semaine passée il baissait à 41%, et mercredi il tombait à 39%, un nouveau plus bas.
"Pour la première fois le plancher des 40% est en train de craquer", souligne Tom Malloy, directeur adjoint de l'institut de sondage de l'Université de Quinnipiac.
Et sa perte de popularité risque de lui faire perdre le peu d'autorité qui lui restait au Congrès, alors que des négociations sur des réformes clés, comme la loi sur l'immigration, sont en cours et pas très bien engagées.
Barack Obama a aussi demandé un délai aux sénateurs qui veulent imposer de nouvelles sanctions à l'Iran, le temps de tenter de parvenir à un accord avec Téhéran: une perte d'influence devant les élus pourrait ainsi avoir des répercussions bien au-delà du monde politique de Washington.
Ses alliés démocrates ne voient pas non plus cette perte de popularité d'un très bon œil à quelques mois des élections de mi-mandat et son ambition de faire rebasculer la Chambre des représentants du côté démocrate pourraient en souffrir.
Défections démocrates
Charlie Cook, un analyste politique reconnu, suggère que la présidence Obama souffre de la "fatigue du second mandat". Alors qu'ils savourent leur réélection, de nombreux présidents sont durement rappelés à la réalité quand les problèmes latents de leur premier mandat reviennent les hanter.
Bill Clinton a par exemple vu son second mandat terni par le scandale sexuel autour de Monica Lewinsky. George W. Bush a dû faire face à l'impopularité de la guerre en Irak alors que Ronald Reagan a traversé le scandale politique de l'Irangate.
Aujourd'hui, ce sont les ratés de la réforme du système de santé, le fameux Obamacare que ses adversaires républicains haïssent tant, qui met Barack Obama dans l'embarras, jusqu'à l'intérieur de son camp.
Preuve du mécontentement généralisé, 39 des 200 démocrates de la Chambre ont fait défection et se sont joints aux républicains vendredi lors d'un vote sans conséquence mais visant à saper la loi, défiant ainsi la menace de veto présidentiel.
Selon l'institut Quinnipiac, 52% des Américains estiment que leur président n'a pas été honnête sur ce sujet, contre 44% qui l'appuient.
"Tout élu qui a un déficit de 8 points en la matière a de sérieux problèmes", ajoute Tom Malloy.
Et même si Jay Carney, le porte-parole de la Maison Blanche, a beau affirmer que son patron ne regarde pas beaucoup les sondages, Barack Obama semble suivre les pas de son prédécesseur George W. Bush, qui a achevé son second mandat avec seulement 34% d'opinions favorables.
Le seul point positif est que ses adversaires républicains sont encore plus impopulaires que lui. Après la récente paralysie de l'Etat fédéral, ils ne rassemblent que 30% de bonnes opinions.
"Si les chiffres du président sont bas pour lui, ils sont très hauts par rapport à ceux du Congrès, et en particulier des républicains du Congrès", a ainsi souligné Jay Carney.
M. Obama a déjà défié les lois de la physique politique par le passé en se faisant réélire malgré une économie chancelante et moins de 50% des Américains soutenant son action durant son premier mandat.
"La question à présent est de savoir s'il va continuer à descendre, comme Bush", dit Carroll Doherty, du Pew Research Center. "Il est trop tôt pour le dire, mais cela dépend beaucoup de la loi sur la santé, et cela dépend beaucoup de l'économie".