Benzema: Deschamps "a cédé à la pression d'une partie raciste de la France"


Mercredi 1 Juin 2016 - 09:41
AFP


Didier Deschamps a "cédé à la pression d'une partie raciste de la France": Karim Benzema a justifié son absence en équipe de France pour l'Euro en lançant une polémique spectaculaire sur des questions qui fracturent la société française bien au-delà du football.


A neuf jours de l'Euro en France (10 juin - 10 juillet), Benzema, écarté des Bleus à cause de sa mise en examen dans l'affaire du chantage à la sex-tape contre un autre international, Mathieu Valbuena, a tenu ces propos dans une interview au quotidien sportif espagnol Marca de mercredi. De larges extraits en ont été publiés sur internet dans la nuit de mardi à mercredi.

Meilleur buteur en activité de l'équipe de France, l'attaquant d'origine algérienne du Real Madrid (28 ans, 81 sélections, 27 buts) appuie son propos en rappelant les récents succès électoraux en France du Front national, qu'il qualifie de "parti extrémiste".

Premier membre du gouvernement à réagir, le secrétaire d'Etat aux Sports Thierry Braillard a jugé ces propos "injustifiés et inacceptables", mercredi matin sur Twitter.

"Je trouve ça insupportable (...) Le fait de ramener en permanence les problèmes du pays à des questions de race, de religion, d'ethnies et de communautés n'est pas un signe de bonne santé", a estimé sur RTL l'ancien Premier ministre François Fillon (LR).

"Cette déclaration est absolument scandaleuse", a abondé sur France Info Nathalie Kosciusko-Morizet (LR), également candidate à la primaire de la droite.

Le député PS "frondeur" Benoît Hamon a en revanche estimé sur Europe 1 que Benzema avait "raison de dire que nous sommes dans un pays où le racisme augmente", tout en jugeant que "Deschamps n'est pas raciste".

- Cantona et Debbouze -

Relancée de manière fracassante par l'intéressé lui-même mercredi, la polémique sur l'absence de Benzema (et Hatem Ben Arfa) à l'Euro est née la semaine dernière après des déclarations similaires de l'ancien joueur Eric Cantona puis du comédien Jamel Debbouze.

Ben Arfa (29 ans, 15 sélections, 2 buts) figure dans la liste des 8 réservistes malgré une saison très aboutie avec Nice (17 buts en L1).

"J'ignore si c'est une décision seulement de Didier, parce que je m'entends bien avec lui, avec le président (de la Fédération française de football, Noël Le Graët, ndlr) et avec tout le monde", ajoute dans Marca le récent vainqueur de la Ligue des champions avec le Real Madrid.

"Ils m'ont déclaré non-sélectionnable, bien. Mais sur le plan sportif, je ne comprends pas pourquoi, et sur le plan judiciaire, je ne suis pas encore jugé et je suis présumé innocent. Il faudra attendre que la justice se prononce", ajoute-t-il en réaffirmant son envie de jouer sous le maillot bleu.

Benzema avait été déclaré non-sélectionnable par la fédération en raison de sa mise en examen, le 5 novembre 2015, pour "complicité de tentative de chantage" sur son coéquipier des Bleus Mathieu Valbuena et "participation à une association de malfaiteurs", des infractions passibles de cinq ans d'emprisonnement. Il est soupçonné d'avoir encouragé Valbuena à payer des maîtres chanteurs qui disaient détenir une vidéo intime du joueur de Lyon.

Le Premier ministre Manuel Valls s'était lui-même prononcé contre la présence de Benzema en équipe de France.

Un "grand sportif doit être exemplaire", faute de quoi il "n'a pas sa place dans l'équipe de France", avait lancé Manuel Valls.

Les sondages d'opinion étaient eux aussi défavorables au buteur du Real.

- 'La vérité' -

"Dans cette histoire, la seule personne qui sait ce qui s'est passé, qui connaît la vérité, c'est Valbuena. Il a joué un rôle, il n'a pas dit la vérité. J'ai voulu l'aider, rien de plus et l'affaire s'est retournée contre moi", déclare Benzema à Marca, quelques jours après les déclarations de Cantona qui ont lancé la polémique.

L'ex-international a estimé jeudi dernier dans une chronique au journal britannique The Guardian que Deschamps avait écarté Benzema et Ben Arfa à cause de leurs "origines nord-africaines".

Des propos que Didier Deschamps, en pleine préparation avec l'équipe de France, s'est refusé à commenter, tout en annonçant, via son avocat, son intention de porter plainte.

Le président de la Fédération française de football (FFF), Noël Le Graët, a pour sa part jugé "stupides" les propos de Cantona contre Didier Deschamps et a dénoncé une "attaque minable".

Dans la foulée, lundi soir, le comédien d'origine marocaine Jamel Debbouze a jugé dans le magazine France Football que Karim Benzema et Hatem Ben Arfa "pay(aient) la situation sociale" du pays.

"Ces gamins représentent en plus tellement de choses, notamment en banlieues. N'avoir aucun de +nos+ représentants en équipe de France...", a-t-il déploré.


           

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