Plus de 35 années après son premier poste ministériel, Bouteflika accède triomphalement à la tête de l'Algérie en 1999 dans un pays déchiré par une guerre civile. Vingt ans après, il en est chassé sans égards par l'armée, pilier du régime, sous la pression d'un mouvement ("Hirak") de contestation inédit.
"Boutef", comme l'appellent familièrement ses compatriotes, jette l'éponge le 2 avril 2019, après une improbable tentative de briguer un cinquième mandat malgré l'attaque cérébrale qui l'a cloué sur un fauteuil roulant, quasi inerte, six ans plus tôt.
Cette candidature a été perçue comme l'humiliation de trop par des millions d'Algériens.
Elu pour la première fois en 1999, constamment réélu au premier tour avec plus de 80% des voix en 2004, en 2009 et 2014, ce 5e mandat semblait acquis aux yeux du régime.
Mais six semaines de mobilisation massive du "Hirak" poussent le patron de l'armée, le général Ahmed Gaid Salah, un de ses fidèles, à obtenir sa démission.
Jusqu'au bout, Abdelaziz Bouteflika aura voulu s'accrocher, bravant l'évidence: celui qui fut à 26 ans le plus jeune ministre des Affaires étrangères au monde ne renvoyait plus que l'image d'un vieillard muet et reclus en son palais.
Un contraste saisissant avec le début de sa présidence, quand ce beau parleur aux yeux clairs et en costume trois pièces, amateur de cigare, s'affichait en dirigeant hyperactif.
"Je suis l'Algérie tout entière", lance alors celui dont le destin se confond avec l'histoire contemporaine de son pays.
Né le 2 mars 1937 à Oujda (Maroc), dans une famille originaire de la région de Tlemcen (nord-ouest), Bouteflika rejoint dès 19 ans l'Armée de libération nationale (ALN) qui combat la puissance coloniale française.
A l'indépendance en 1962, il est, à 25 ans, ministre des Sports et du Tourisme, avant d'hériter un an plus tard du portefeuille convoité de la diplomatie, qu'il conserve jusqu'en 1979, une époque où l'Algérie s'affiche en leader du "Tiers-monde".
En 1965, il soutient le coup d'Etat de Houari Boumédiène --alors ministre de la Défense--, qui renverse le président Ahmed Ben Bella.
S'affirmant comme le dauphin de Boumédiène, qui décède en 1978, il est néanmoins écarté de la succession par l'armée puis de la scène politique sur fond d'accusations de malversations. Il s'exile à Dubaï et Genève.
C'est pourtant l'armée qui l'impose en 1999: il l'emporte à la présidentielle après le retrait de ses adversaires qui dénoncent des fraudes.
Sa priorité: rétablir la paix en Algérie, plongée dans la guerre civile depuis 1992 contre une guérilla islamiste (quelque 200.000 morts en dix ans, officiellement).
Deux lois d'amnistie (1999, 2005) convainquent nombre d'islamistes de déposer les armes.
Accusé par ses détracteurs d'être une marionnette de l'armée, Bouteflika travaille à desserrer l'emprise de l'institution.
Il devient tout puissant et impose au Parlement de supprimer la limitation du nombre de mandats pour en conquérir un 3e en 2009, puis brave les oppositions jusqu'au sein de l'appareil sécuritaire pour en gagner un 4e, un an après son AVC.
Très affaibli physiquement, il n'en renforce pas moins ses pouvoirs en dissolvant début 2016 le Département du renseignement et de la sécurité (DRS, services secrets), après avoir congédié son chef, le général Mohamed Médiène.
Mais ce 4e mandat se déroule sur fond de dégringolade des prix du pétrole pour une économie très dépendante des hydrocarbures.
Les caisses sont vides et il n'est plus possible d'acheter la paix sociale. Au-delà des difficultés économiques enfle alors la frustration d'une population outrée du symbole que représente ce président mutique.
"Boutef", comme l'appellent familièrement ses compatriotes, jette l'éponge le 2 avril 2019, après une improbable tentative de briguer un cinquième mandat malgré l'attaque cérébrale qui l'a cloué sur un fauteuil roulant, quasi inerte, six ans plus tôt.
Cette candidature a été perçue comme l'humiliation de trop par des millions d'Algériens.
Elu pour la première fois en 1999, constamment réélu au premier tour avec plus de 80% des voix en 2004, en 2009 et 2014, ce 5e mandat semblait acquis aux yeux du régime.
Mais six semaines de mobilisation massive du "Hirak" poussent le patron de l'armée, le général Ahmed Gaid Salah, un de ses fidèles, à obtenir sa démission.
Jusqu'au bout, Abdelaziz Bouteflika aura voulu s'accrocher, bravant l'évidence: celui qui fut à 26 ans le plus jeune ministre des Affaires étrangères au monde ne renvoyait plus que l'image d'un vieillard muet et reclus en son palais.
Un contraste saisissant avec le début de sa présidence, quand ce beau parleur aux yeux clairs et en costume trois pièces, amateur de cigare, s'affichait en dirigeant hyperactif.
"Je suis l'Algérie tout entière", lance alors celui dont le destin se confond avec l'histoire contemporaine de son pays.
Né le 2 mars 1937 à Oujda (Maroc), dans une famille originaire de la région de Tlemcen (nord-ouest), Bouteflika rejoint dès 19 ans l'Armée de libération nationale (ALN) qui combat la puissance coloniale française.
A l'indépendance en 1962, il est, à 25 ans, ministre des Sports et du Tourisme, avant d'hériter un an plus tard du portefeuille convoité de la diplomatie, qu'il conserve jusqu'en 1979, une époque où l'Algérie s'affiche en leader du "Tiers-monde".
En 1965, il soutient le coup d'Etat de Houari Boumédiène --alors ministre de la Défense--, qui renverse le président Ahmed Ben Bella.
S'affirmant comme le dauphin de Boumédiène, qui décède en 1978, il est néanmoins écarté de la succession par l'armée puis de la scène politique sur fond d'accusations de malversations. Il s'exile à Dubaï et Genève.
C'est pourtant l'armée qui l'impose en 1999: il l'emporte à la présidentielle après le retrait de ses adversaires qui dénoncent des fraudes.
Sa priorité: rétablir la paix en Algérie, plongée dans la guerre civile depuis 1992 contre une guérilla islamiste (quelque 200.000 morts en dix ans, officiellement).
Deux lois d'amnistie (1999, 2005) convainquent nombre d'islamistes de déposer les armes.
Accusé par ses détracteurs d'être une marionnette de l'armée, Bouteflika travaille à desserrer l'emprise de l'institution.
Il devient tout puissant et impose au Parlement de supprimer la limitation du nombre de mandats pour en conquérir un 3e en 2009, puis brave les oppositions jusqu'au sein de l'appareil sécuritaire pour en gagner un 4e, un an après son AVC.
Très affaibli physiquement, il n'en renforce pas moins ses pouvoirs en dissolvant début 2016 le Département du renseignement et de la sécurité (DRS, services secrets), après avoir congédié son chef, le général Mohamed Médiène.
Mais ce 4e mandat se déroule sur fond de dégringolade des prix du pétrole pour une économie très dépendante des hydrocarbures.
Les caisses sont vides et il n'est plus possible d'acheter la paix sociale. Au-delà des difficultés économiques enfle alors la frustration d'une population outrée du symbole que représente ce président mutique.