Brésil : avalanche d'accusations de corruption éclaboussant Rousseff


Vendredi 4 Mars 2016 - 10:32
AFP


Le Brésil a été secoué jeudi par une avalanche d'accusations de corruption dans le scandale Petrobras : la déclaration présumée d'un sénateur impliquant la présidente Dilma Rousseff a filtré dans la presse et la Cour suprême a ouvert un procès contre le président de l'Assemblée pour avoir reçu des pots-de-vin.


Ces nouvelles ont eu l'effet d'une bombe à Brasilia lors d'une journée qui avait déjà mal commencé avec le résultat du PIB de 2015, en chute de 3,8%, le pire des 25 dernières années.

L'hebdomadaire IstoE assure dans son édition de jeudi que la présidente a manipulé l'enquête sur Petrobras, en nommant par exemple un juge pour libérer des industriels détenus, affirmant se fonder sur des révélations du sénateur du Parti des travailleurs (PT, au pouvoir), Delcidio Amaral.

Or ce dernier a lui-même démenti avoir tenu ces propos.

Selon IstoE, l'ancien président Luiz Inacio Lula da Silva (2003-2010) était aussi au courant du réseau de corruption.

Lancée en 2014, l'enquête a mis au jour un système de trucage systématique des marchés passés entre le géant pétrolier contrôlé par l'Etat et 16 entreprises, donnant lieu à des commissions de 1 à 3% sur chaque contrat dont une partie était reversée à des élus de la coalition au pouvoir.

- 'Tissu de mensonges' -

L'article de IstoE a déclenché la révolte du gouvernement et l'indignation de la chef de l'Etat.

"Ces révélations filtrées apocryphes, sélectives et illégales doivent être rejetées et leur origine rigoureusement tirée au clair car elles bafouent la loi, la justice et la vérité", a souligné la présidente dans un communiqué.

Peu avant, l'avocat général du Brésil, José Eduardo Cardozo, les avaient qualifiées de "tissu de mensonge".

IstoE assure que M. Amaral, lui-même écroué l'année dernière dans le cadre du scandale, a fait ces révélations à la justice dans le cadre d'un accord sur une réduction de sa peine.

Interrogé par l'AFP, le parquet fédéral a affirmé qu'il n'existait pas d'accord conclu entre M. Amaral et la justice pour une réduction de peine, même si ce type d'arrangement ne devient public qu'après homologation par la Cour suprême.

Après avoir passé 90 jours en prison, le sénateur et ancien leader du gouvernement a été libéré à la mi-février pour comparaître en liberté à son procès.

Dans un communiqué, Delcidio Amaral a fermement démenti les déclarations qui lui sont attribuées. "Ni le sénateur Delcidio ni sa défense confirment le contenu de l'article (...) Nous ne connaissons pas l'origine, ni ne reconnaissons l'authenticité des documents joints au texte", ajoute le texte.

- Rival de Rousseff en mauvaise passe -

Jeudi la Cour suprême a par ailleurs décidé à l'unanimité d'ouvrir un procès pour corruption et blanchiment d'argent contre le président de la Chambre des députés du Brésil Eduardo Cunha, en guerre ouverte contre la présidente, pour avoir reçu au moins cinq millions de dollars de pots-de-vin dans le cadre du scandale Petrobras.

Le troisième personnage de l'Etat brésilien devient le premier homme politique protégé par son immunité parlementaire à comparaître devant la Cour suprême dans le cadre du scandale qui a coûté plus de deux milliards de dollars à cette compagnie pétrolière publique.

L'année dernière, le procureur général de la République Rodrigo Janot avait mis en cause M. Cunha pour avoir demandé des dessous de table dans le but de favoriser la construction de deux navires destinés à Petrobras, entre juin 2006 et octobre 2012.

Le polémique et très conservateur Eduardo Cunha est au cœur de la crise politique et économique qui secoue le pays et a infligé de sévères défaites au gouvernement de gauche de Mme Rousseff en 2015.

Se voyant accusé de corruption, c'est lui qui a accepté d'ouvrir une procédure de destitution à l'encontre de la chef de l'Etat qui avait été présentée par un groupe de juristes, soutenus par l'opposition, qui l'accusent d'avoir maquillé les comptes publics.

Le gouvernement voit dans cette procédure d'"impeachment" une tentative de revanche de l'opposition qui n'accepte pas d'avoir perdu les élections fin 2014.

De son côté, le président de l'Assemblée a déjà annoncé qu'il ne renoncerait pas à son poste et que seul le Congrès peut écourter son mandat.


           

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