Brésil: la présidente Dilma Rousseff s'adresse à la nation


Samedi 22 Juin 2013 - 09:18
AFP


Brasilia - La présidente du Brésil, Dilma Rousseff, confrontée à une fronde sociale historique, a promis vendredi de recevoir "les leaders des manifestations" et d'oeuvrer à un "grand pacte pour améliorer les services publics", dans une allocution solennelle à la nation.


Brésil: la présidente Dilma Rousseff s'adresse à la nation
"Je veux répéter que mon gouvernement écoute les voix démocratiques qui réclament le changement", a déclaré Mme Rousseff, 24 heures après les manifestations émaillées de violences qui ont déversé 1,2 million de Brésiliens dans les rues, au cours d'une intervention de 10 minutes retransmise par les radios et télévisions du pays.

Mais elle a averti qu'elle ne tolèrerait pas qu'une "minorité violente et autoritaire salisse un mouvement démocratique et pacifique", en détruisant "le patrimoine public et privé".

"Je vais inviter les gouverneurs, les maires des principales villes, à former un grand pacte autour de l'amélioration des services publics", a dit la présidente.Elle a cité des "transports en commun" de qualité à des tarifs justes", la santé, et l'éducation, en faveur de laquelle elle a réitéré son souhait de consacrer 100% des recettes pétrolières du pays, un projet paralysé par de forts blocages politiques.

La présidente brésilienne a annoncé qu'elle recevrait "les leaders des manifestations pacifiques, les représentants des organisations de jeunes, des syndicats, des mouvements de travailleurs, des associations populaires"."Nous avons besoin de leur contribution (...) de leur énergie et créativité, de leur pari sur l'avenir et de leur capacité à remettre en question les erreurs du passé et du présent", a-t-elle souligné.

Mme Rousseff a estimé que le Brésil avait besoin d'"oxygéner" son "système politique" pour le rendre "plus perméable à l'influence de la société" et de trouver des "moyens plus efficaces pour combattre la corruption".

Promettant que le Brésil allait réussir "une grande coupe du Monde de football, elle a répondu aux critiques des manifestants sur les dépenses colossales engagées pour l'organisation du Mondial l'an prochain."Je veux clarifier que l'argent dépensé pour les stades par le gouvernement sera dûment remboursé par les entreprises et les gouvernements des Etats qui les exploiteront" dans l'avenir, a-t-elle dit.

"Je ne permettrai jamais que les deniers du gouvernement fédéral (...) négligent les secteurs prioritaires comme la santé et l'éducation", a-t-elle assuré.

Alors que Mme Rousseff s'exprimait, de nouvelles manifestations, bien moindres que celles de jeudi, étaient recensées dans une trentaine de villes.

Mais à Rio, Sao Paulo et Porto Alegre, des groupes de manifestants ont bloqué d'importants axes urbains à l'heure de pointe, provoquant des embouteillages monstres.

A Rio, un concessionnaire automobile a été saccagé dans la zone ouest. Des manifestants étaient massés devant le domicile du gouverneur de l'Etat de Rio, dans le quartier chic de Leblon.

A Valparaiso de Goias (centre), au moins dix autobus ont été brûlés et des heurts ont éclaté avec la police.

Le chef de cabinet de la présidence, Gilberto Carvalho, a indiqué que les autorités se préparaient à l'éventualité d'une poursuite des manifestations pendant les Journées mondiales de la Jeunesse catholique (JMJ) et la visite du pape François, fin juillet à Rio de Janeiro.

Les manifestations ont terni la Coupe des Confédérations de football - considérée comme la répétition générale en miniature du Mondial- qui se dispute dans le pays jusqu'au 30 juin.

"La Coupe des Confédérations se déroule au Brésil et la Coupe du Monde de football doit avoir lieu au Brésil", a réaffirmé vendredi à Rio le secrétaire général de la Fifa, Jérôme Valcke, alors que des médias brésiliens relayaient des rumeurs sur une possible annulation. "Il n'y a pas de plan B", a déclaré M. Valcke à des journalistes brésiliens, soulignant que la Fifa n'avait rien à voir avec les problèmes sociaux du pays et qu'elle était donc une "mauvaise cible".

Le Mouvement Passe Livre (MPL, pour la gratuité des transports en commun) à Sao Paulo, l'un des fers de lance de la fronde sociale, a annoncé qu'il cessait d'appeler à manifester dans la mégapole, après la baisse du prix des transports publics. "L'objectif final a été conclu", a dit l'un des leaders, Lucas Monteiro à la télévision.

Mais d'autres groupes continuaient à lancer des appels à manifester sur les réseaux sociaux.


           

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