Bulgarie: Borissov cherche des alliés pour un troisième mandat


Lundi 27 Mars 2017 - 10:42
AFP


L'ex Premier ministre bulgare Boïko Borissov, fort d'une victoire face aux socialistes aux législatives, se lance lundi en quête d'alliés pour former un gouvernement et s'assurer un troisième mandat sous le signe de la stabilité.


Le chef de file des conservateurs, physique de lutteur et bagout de boutiquier, est rompu à ces négociations inévitables dans le système bulgare de proportionnelle à un tour.

Les résultats officiels à la base de 94% du scrutin accordent à son parti Gerb 32,6% des suffrages et 96 élus sur 240, soit plus que dans le Parlement sortant (84).

Cette réussite sonne comme une heureuse surprise pour Boïko Borissov dont le camp était donné depuis plusieurs semaines au coude à coude avec les socialistes (PSB).

Ces derniers, avec 27% des votes (79 sièges), ont plus que doublé le nombre de leurs députés, mais ont échoué à ravir le pouvoir aux conservateurs qui dominent la scène politique depuis 2009.

"Le PSB s'est présenté comme porteur du changement, mais a exagéré en se présentant comme une alternative au statu quo en politique étrangère" et en prônant un rapprochement avec la Russie, estime le politologue Ognian Mintchev.

"Ils ont fait peur", estime son confrère Andrei Raitchev.

Reste pour M. Borissov à dégager une majorité pour gouverner le pays le plus pauvre de l'Union européenne (UE), où la corruption est enracinée, alors que son deuxième mandat, qu'il a écourté en démissionnant fin 2016, a été miné par les désaccords au sein de la coalition.

Le prochain gouvernement risque également d'être instable, selon M. Mintchev.

- Campagne de peur -

Boïko Borissov n'a pas remporté un vote d'adhésion, selon les observateurs, mais "des gens qui ne sont pas ravis de la politique de Gerb l'ont soutenu pour ne pas voir arriver les socialistes. Borissov a eu l'idée de rassurer, d'adopter le rôle d'unificateur, de conciliateur", selon le politologue Haralan Alexandrov.

Au diapason de nombreux électeurs lassés par l'absence de réformes indispensables, notamment en matière de justice et de santé, Alexander Naydenov, 35 ans, salarié du secteur informatique, jugeait dimanche "les grands partis complètement déconnectés de la réalité" et disait avoir "peu d'espoir".

Le Premier ministre sortant, un ancien garde du corps devenu chef de la police, a joué des peurs vis-à-vis d'une situation internationale perçue comme instable, en raison de la crise migratoire et de tensions avec la Turquie voisine.

"Jamais la situation dans les Balkans n'a été si belliqueuse. Gerb doit gagner les élections pour que la Bulgarie demeure une île de stabilité", avait-il notamment lancé.

Les socialistes, héritiers des communistes d'avant la chute du Rideau de fer, espéraient profiter de l'élan qui a porté à la présidence de la République, fin 2016, leur candidat, l'ancien chef de l'armée de l'air Roumen Radev.

Comme le chef de l'Etat, la présidente du PSB Kornelia Ninova est favorable à une levée des sanctions imposées par l'UE à la Russie.

Tout en prônant des rapports "pragmatiques" avec Moscou, Boïko Borissov défend un alignement fidèle sur les positions de l'UE et de l'Otan.

La troisième place (9,1%, 27 sièges) qu'obtient la coalition nationaliste "Patriotes Unis", hostile aux migrants, aux musulmans et aux roms, devrait en faire un partenaire incontournable pour M. Borissov. Les nationalistes avaient soutenu son ancien gouvernement sans y participer.

Un parti populiste, Volya (4,11%, 12 sièges) est un partenaire potentiel au gouvernement, s'il se maintient au-dessus de la barre de 4% pour entrer au parlement.

Le Premier ministre ne souhaite pas s'allier avec le MDL, parti historique de la minorité musulmane - principalement turque - de Bulgarie, quasi ex aequo avec les nationalistes (8,9%, 26 sièges). Toutefois, M. Borissov n'exclut pas un soutien parlementaire occasionnel de la part du MDL (libéral) qui souffre cependant d'une mauvaise réputation en raison de l'implication de certains députés dans des affaires de corruption.

Le MDL s'affiche contre la politique du président turc Recep Tayyip Erdogan tandis qu'un nouveau parti, Dost, est soutenu par Ankara. Dost obtient 3% insuffisants pour entrer au Parlement, mais les résultats du vote en Turquie sont encore attendus.

Le soutien turc pour Dost durant la campagne a provoqué des accusations d'ingérence de la part des autorités bulgares et des tensions entre les deux pays.


           

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