COR OFFICIELLE-L'internet à haut débit prévu vers 2020 sur un vol long-courrier


Mercredi 25 Juillet 2018 - 11:19
Reuters


Paris - (Correction officielle: à la suite d’une précision de la société, prière de lire au 7e paragraphe qu’Eutelsat tire 5% de son C.A. de la connectivité dans les avions et les bateaux et non pas seulement les avions.)


Le “binge watching” de séries pendant un vol long courrier sera techniquement possible à partir du début des années 2020, promettant un véritable essor du marché du divertissement dans les airs, parallèlement à celui attendu à bord des bateaux, estiment des opérateurs de satellites et des analystes.

L’arrivée sur le marché de satellites offrant dix fois plus de capacités que ceux d’aujourd’hui permettra d’assurer sur les vols long-courrier un accès internet à très haut débit comme à la maison, a déclaré à Reuters Rodolphe Belmer, directeur général d’Eutelsat.

L’opérateur de satellites a annoncé début avril la commande à Thales Alenia Space du système satellitaire Konnect VHTS, dont l’entrée en service est prévue en 2021 avec à son bord un puissant processeur numérique.

“On aura largement de quoi regarder Netflix en streaming sur des écrans de la taille de celle qu’il y a dans les avions”, a dit Rodolphe Belmer, ex-directeur général de Canal+, faisant référence à la plate-forme américaine célèbre pour ses séries.

“Il faut pouvoir couvrir à partir de l’horizon 2020 totalement les routes aériennes en Europe, de Moscou à Brest, et la moitié de l’Atlantique. En 2025, on aura tous les vols”, ajoute-t-il.

  L’adoption croissante de systèmes de divertissement en vol et de connectivité par les compagnies aériennes et les opérateurs privés permettront aux revenus tirés des services de plus de doubler d’ici 2023 à plus de 8,4 milliards de dollars par rapport à une estimation de 3,7 milliards pour cette année, selon une étude publiée en juin par le cabinet Juniper Research.

Eutelsat, qui tire déjà 5% de son chiffre d’affaires de la connectivité dans les avions et les bateaux avec une croissance annuelle de 20%, estime que 90% des avions sont équipés en wifi aux Etats-Unis, à comparer aux 15% d’Asie et à l’émergence actuelle du marché en Europe.

Son concurrent luxembourgeois SES a récemment lancé les satellites SES 12, 14 et 15, spécifiquement conçus pour l’aéronautique et dont la mise en service s’échelonne d’ici début 2019, ce qui permettra d’augmenter nettement les débits dans les avions dès l’année prochaine, a expliqué à Reuters son responsable de la stratégie et du développement, Christophe de Hauwer.

“La barrière n’est plus vraiment d’ordre technique”, a-t-il dit, soulignant que l’émergence de générations successives de satellites plus performants allait permettre de baisse le coût de l’accès à internet en vol.

“La question est plutôt de savoir si c’est économiquement viable”, ajoute-t-il. “Il faudrait que nos clients, les fournisseurs de services, nous louent suffisamment de bande passante pour pouvoir atteindre ce niveau-là”.

Le marché des services de satellites devrait croître en moyenne de 4,9% au cours des cinq années à venir, à 129 milliards de dollars, sur un marché spatial total estimé à 269 milliards, estime le cabinet AlixPartners estime dans une étude publiée début juillet.

La pression sur les prix de l’internet à haut débit pèse cependant sur les marges des opérateurs satellites, ajoute AlixPartners.

LES COCKPITS, UN MARCHÉ TOUT AUSSI PROMETTEUR
Mais Eutelsat voit arriver à bord des avions un deuxième marché, lui aussi très prometteur : celui de la connectivité dans les cockpits.

“L’objectif est de pouvoir transférer toutes les données de paramètres de vol sur terre pour permettre la traçabilité des avions et leur maintenance prédictive”, a expliqué Rodolphe Belmer.

Mais ce n’est pas le seul eldorado à venir : au-dessus des océans, les opérateurs de télécommunications par satellite équipent progressivement plusieurs dizaines de milliers de bateaux de la marine marchande mondiale, qui représente de loin le principal marché dans la connectivité en mer, devant les navires de plaisance et les paquebots de croisière.

Les besoins des bateaux s’étendent de l’automatisation du pilotage aux échanges de données entre les navires et les centres de contrôle jusqu’à l’autonomisation croissante des équipements à bord.

“Et il est désormais impossible de recruter des équipages sans connectivité sur le navire”, ajoute Rodolphe Belmer.

SES lance de son côté en 2021 une nouvelle génération de satellites pour améliorer encore la connexion à internet des paquebots de 5.000 à 6.000 passagers, grâce une technologie distincte, celle utilisée pour les avions, basée sur un faisceau dédié qui suit le navire.

“Le bateau a besoin de toute cette quantité de bande passante en raison du nombre de passagers et elle est limitée à l’endroit où se trouve le bateau”, explique Christophe de Hauwer. “Il ne faut pas arroser tout l’océan.”


           

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