Avec son voisin le Ghana- deuxième producteur mondial avec 20% du marché- l'Etat ivoirien affiche sa volonté d'améliorer le sort des cacaoculteurs, dont plus de la moitié vivent sous le seuil de pauvreté, selon une étude de la Banque Mondiale. En cause, les bas prix sur les marchés internationaux et, surtout, la faible part de la valeur ajoutée qui revient aux agriculteurs dans la filière cacao-chocolat.
Sur le terrain, les beaux discours des officiels restent sans effet.
Au "campement" (hameau) de Petit Yaoukro (centre), c'est l'ordinaire de la vie rurale en Côte d'Ivoire: quelques maisons en banco (terre crue), d'autres en parpaings, entourées de plantations. Une piste gorgée d'eau, en raison des pluies abondantes, mène à la ville de Sinfra à une quinzaine de kilomètres. Pas d'eau courante, ni d'électricité.
Ici, on est loin des négociations internationales entre Etats producteurs, consommateurs et multinationales, qui ont accouché en septembre, lors de la 100e session du Conseil international du cacao à Abidjan, d'une "stratégie sur cinq ans" pour "augmenter les revenus des planteurs" et améliorer la "durabilité environnementale" de la culture du cacao.
L'"or brun" rapporte surtout aux industriels des pays occidentaux qui le transforment en tablettes, barres, biscuits et gâteaux, mais peu à ceux qui le cultivent. Sur les 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires générés chaque année dans le monde par la filière cacao-chocolat, seulement six milliards reviennent aux agriculteurs, selon la Banque Mondiale.
Le cacao reste cependant un pilier de l'économie ivoirienne. Sa culture fait vivre cinq à six millions de personnes, soit un cinquième de la population. Elle représente un tiers des exportations et 14% du PIB, selon la Banque Mondiale.
Début octobre, l'Etat ivoirien a fixé le prix de vente du kilo de fèves à 825 francs CFA (1,25 euro), soit 10% de plus que la saison précédente, mais nettement moins que les 1.100 FCFA d'il y a trois ans.
Un prix toujours jugé insuffisant par les paysans de Petit Yaoukro, où vivent neuf familles, soit une centaine de personnes. "Ce prix de 825 francs, ça nous a surpris, on s'attendait à 1.000. Ca ne nous arrange pas", confie Mikalo Bigoli, qui rentre de son champ.
Avec ses trois hectares de plantation, il arrive à récolter jusqu'à trois tonnes de cacao par an.
"On arrive à vivre, mais on a beaucoup de dépenses avec les engrais et les produits", explique Mikalo Bigoli. "L'école a commencé mais certains enfants sont encore au village, on n'a pas assez d'argent pour les inscrire", déplore ce père de huit enfants.
Réussir à envoyer leurs enfants à l'école pour qu'ils aient plus tard une meilleure vie est la principale préoccupation.
"Actuellement nos enfants marchent 14 kilomètres par jour pour aller à l'école et revenir. Ils sont trop fatigués pour étudier", explique Raphaël Kouame, père de six enfants, qui n'a récolté qu'une tonne de cacao. "Nous voulons une école ici au campement, en briques. Mais avec ce prix du cacao, nous n'avons pas assez d'argent" pour la bâtir.
Jusqu'à présent, les paysans de Petit Yaoukro sont parvenus à élever deux bâtiments en banco, mais les murs sont à moitié effondrés et les tables-bancs défoncés.
Dans les champs ombragés par les cacaoyers hauts de deux à quatre mètres, aux belles feuilles aux couleurs nuancées du vert profond au rouge brun, les hommes s'activent en ce début de saison. Ils enlèvent les fruits secs ou pourris, taillent les gourmands (pousses stériles), coupent les herbes sous les arbres. Et ils commencent à récolter les cabosses de cacaoyers arrivées à maturité, d'une couleur jaune rougeâtre.
Mais la récolte de Salam Sawadogo a chuté en deux ans d'une tonne à 300 kg. Le responsable, c'est le swollen shoot, un virus qui décime les plantations de cacaoyers au Ghana et en Côte d'Ivoire, et qui lui a fait perdre deux de ses trois hectares. Il n'y a aucun traitement. On abat les arbres touchés pour tenter d'éviter la propagation. L'Etat indemnise les paysans à hauteur de 50.000 francs CFA (75 euros) par hectare abattu.
Pour s'en sortir, les planteurs diversifient leur production avec des cultures vivrières: maïs, igname, manioc, arachide.
A court terme, il n'y a pas de menace sur la production de cacao ivoirienne (deux millions de tonnes), estime Michel Arrion, directeur exécutif de l'Organisation internationale du cacao, basée à Abidjan. Mais entre découragement des planteurs et propagation du swollen shoot, la situation pourrait encore se dégrader.
Sur le terrain, les beaux discours des officiels restent sans effet.
Au "campement" (hameau) de Petit Yaoukro (centre), c'est l'ordinaire de la vie rurale en Côte d'Ivoire: quelques maisons en banco (terre crue), d'autres en parpaings, entourées de plantations. Une piste gorgée d'eau, en raison des pluies abondantes, mène à la ville de Sinfra à une quinzaine de kilomètres. Pas d'eau courante, ni d'électricité.
Ici, on est loin des négociations internationales entre Etats producteurs, consommateurs et multinationales, qui ont accouché en septembre, lors de la 100e session du Conseil international du cacao à Abidjan, d'une "stratégie sur cinq ans" pour "augmenter les revenus des planteurs" et améliorer la "durabilité environnementale" de la culture du cacao.
L'"or brun" rapporte surtout aux industriels des pays occidentaux qui le transforment en tablettes, barres, biscuits et gâteaux, mais peu à ceux qui le cultivent. Sur les 100 milliards de dollars de chiffre d'affaires générés chaque année dans le monde par la filière cacao-chocolat, seulement six milliards reviennent aux agriculteurs, selon la Banque Mondiale.
Le cacao reste cependant un pilier de l'économie ivoirienne. Sa culture fait vivre cinq à six millions de personnes, soit un cinquième de la population. Elle représente un tiers des exportations et 14% du PIB, selon la Banque Mondiale.
Début octobre, l'Etat ivoirien a fixé le prix de vente du kilo de fèves à 825 francs CFA (1,25 euro), soit 10% de plus que la saison précédente, mais nettement moins que les 1.100 FCFA d'il y a trois ans.
Un prix toujours jugé insuffisant par les paysans de Petit Yaoukro, où vivent neuf familles, soit une centaine de personnes. "Ce prix de 825 francs, ça nous a surpris, on s'attendait à 1.000. Ca ne nous arrange pas", confie Mikalo Bigoli, qui rentre de son champ.
Avec ses trois hectares de plantation, il arrive à récolter jusqu'à trois tonnes de cacao par an.
"On arrive à vivre, mais on a beaucoup de dépenses avec les engrais et les produits", explique Mikalo Bigoli. "L'école a commencé mais certains enfants sont encore au village, on n'a pas assez d'argent pour les inscrire", déplore ce père de huit enfants.
Réussir à envoyer leurs enfants à l'école pour qu'ils aient plus tard une meilleure vie est la principale préoccupation.
"Actuellement nos enfants marchent 14 kilomètres par jour pour aller à l'école et revenir. Ils sont trop fatigués pour étudier", explique Raphaël Kouame, père de six enfants, qui n'a récolté qu'une tonne de cacao. "Nous voulons une école ici au campement, en briques. Mais avec ce prix du cacao, nous n'avons pas assez d'argent" pour la bâtir.
Jusqu'à présent, les paysans de Petit Yaoukro sont parvenus à élever deux bâtiments en banco, mais les murs sont à moitié effondrés et les tables-bancs défoncés.
Dans les champs ombragés par les cacaoyers hauts de deux à quatre mètres, aux belles feuilles aux couleurs nuancées du vert profond au rouge brun, les hommes s'activent en ce début de saison. Ils enlèvent les fruits secs ou pourris, taillent les gourmands (pousses stériles), coupent les herbes sous les arbres. Et ils commencent à récolter les cabosses de cacaoyers arrivées à maturité, d'une couleur jaune rougeâtre.
Mais la récolte de Salam Sawadogo a chuté en deux ans d'une tonne à 300 kg. Le responsable, c'est le swollen shoot, un virus qui décime les plantations de cacaoyers au Ghana et en Côte d'Ivoire, et qui lui a fait perdre deux de ses trois hectares. Il n'y a aucun traitement. On abat les arbres touchés pour tenter d'éviter la propagation. L'Etat indemnise les paysans à hauteur de 50.000 francs CFA (75 euros) par hectare abattu.
Pour s'en sortir, les planteurs diversifient leur production avec des cultures vivrières: maïs, igname, manioc, arachide.
A court terme, il n'y a pas de menace sur la production de cacao ivoirienne (deux millions de tonnes), estime Michel Arrion, directeur exécutif de l'Organisation internationale du cacao, basée à Abidjan. Mais entre découragement des planteurs et propagation du swollen shoot, la situation pourrait encore se dégrader.