Cinq romans de Margaret Atwood


Mardi 15 Octobre 2019 - 12:10
AFP


Paris - Voici cinq des ouvrages les plus marquants de l'écrivain et icône féministe canadienne Margaret Atwood, lauréate lundi soir du prestigieux prix littéraire britannique Booker Prize pour "Les Testaments".


Ecrit en 1984 à Berlin-Ouest, "La servante écarlate" est le plus connu des romans de Margaret Atwood. Son adaptation à l'écran en série aux multiples récompenses a offert une seconde vie à ce récit d'anticipation, trente ans après sa publication.

Dans cette nation dystopique, les Etats-Unis, devenus la République patriarcale de Gilead, ont réduit les femmes encore fertiles malgré les ravages de la pollution à l'état d'esclaves sexuelles pour des familles stériles.

Tour à tour amusante et terrifiante, l'histoire suit la destinée d'une servante prénommée Offred qui va rejoindre la résistance souterraine.

Aux Etats-Unis, en Argentine, Irlande, Pologne ou Hongrie, "La servante écarlate" est devenue un manifeste féministe. Les "servantes écarlates" vêtues d'une cape rouge et d'une cornette blanche, sont devenues un symbole des combats féministes, en particulier du droit à l'avortement.

"Ce n'est pas moi qui ai inventé tout cela. Ce sont les hommes, malheureusement", se défendait la romancière dans le Hollywood Reporter en 2019.

Margaret Atwood aura mis 35 ans à imaginer la suite de "La servante écarlate". Ce second tome s'annonce comme un best-seller et son adaptation en série est déjà prévue.

"J'y pensais dans les années 90, puis le 11 septembre (2001) a changé" la société, dit-elle. "Vous ne vous souvenez peut-être pas, mais il était une fois (un monde) où il n'y avait pas de sécurité dans les aéroports (...) On est devenus plus craintifs", a relevé l'écrivaine, également influencée par la crise financière de 2008 ou la victoire électorale du président américain Donald Trump en 2016.

"Les Testaments" se penche sur le destin de deux filles d'une "servante" quinze ans plus tard. L'une a été éduquée à Gilead, dans la culpabilisation; l'autre a grandi au Canada et est devenue une adolescente normale. S'ajoute la voix d'une troisième narratrice, tante Lydia, redoutable cheffe chargée d'asservir les citoyennes fertiles.

La trilogie du "Dernier homme" ("Le Dernier Homme" (2003), "Le temps du déluge" (2009) et "MaddAddam") projette le lecteur dans un monde post-apocalyptique où une maladie créée par l'homme a ravagé la Terre.

Emballement de la recherche génétique, dérèglements éthiques et climatiques, cette trilogie explore les conséquences du règne du capitalisme technologique. Elle renoue avec la veine de la "fiction spéculative", explorée dans "La servante écarlate".

"L'un des talents de Margaret Atwood est d'agir comme un ordinateur, capable d'imaginer différents futurs à partir de données actuelles", affirmait la romancière britannique Jeanette Winterson en 2009.

Avec "Le tueur aveugle", Atwood remporte son premier Booker Prize. Dans cette saga familiale portée par plusieurs niveaux de narrations, la Canadienne mêle histoire sociale, drame amoureux et suspense autour de la disparition mystérieuse de Laura Chase en 1945.

Amoureuse du même homme que sa soeur Iris, elle se jette d'un pont au volant de sa voiture dix jours après la fin de la guerre. Elle laisse à sa soeur un livre, "Le tueur aveugle", entre roman sentimental et roman d'anticipation.

"Profond, dramatique et superbement construit", déclarait le président du Booker Prize, Simon Jenkins. "Il montre l'immense palette émotionnelle de Margaret Atwood, ainsi que son oeil de poète capable de saisir le moindre détail et toute vérité psychologique".

Le roman se fonde sur le meurtre sauvage d'un propriétaire terrien au Canada et de sa gouvernante, enceinte, en 1843. La justice condamne un garçon d'écurie à la pendaison et une domestique de 16 ans à la perpétuité. Après 30 ans de prison et un bref passage en asile psychiatrique, Grace Marks est graciée en 1872.

La romancière qui a d'abord tiré de ce fait divers un téléfilm en 1974, a ensuite rédigé ce roman en 1996, adapté par Netflix en 2017. Elle y explore les thèmes de la domination masculine et l'ambiguïté de cette domestique décrite tour à tour comme innocente, coupable ou folle.


           

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