Les funérailles de Maïsara Abou Hamdiyeh, un détenu dont le décès controversé mardi en Israël a soulevé une vague de manifestations, se sont déroulées à la mi-journée à Hébron (sud de la Cisjordanie), sa ville natale.
Des milliers d'habitants se sont pressés pour accompagner le cortège funèbre, dans une marée de drapeaux palestiniens et de fanions jaunes pour le parti Fatah (nationaliste) et verts pour le Hamas (islamiste).
Au même moment, Amer Nasser, 17 ans, et son cousin Naji Balbisi, 19 ans, mortellement blessés par balles mercredi soir par des soldats israéliens à un barrage militaire dans le nord de la Cisjordanie, étaient portés en terre, enveloppés, en présence de 6.000 personnes à Anabta, un village proche de Tulkarem.
Le cadavre de Naji Balbisi a été découvert à l'aube jeudi. Son cousin, atteint à la tête, avait été tué tard mercredi soir au même endroit et son cadavre recueilli peu après, selon des sources médicales et des responsables de la sécurité palestinienne.
"Amer avait un tempérament nationaliste. Ils l'ont assassiné de sang-froid", a déclaré à l'AFP un de ses amis. Un troisième jeune Palestinien a été blessé lors de l'accrochage de la soirée.
L'armée israélienne a confirmé la découverte d'un cadavre jeudi matin. Un porte-parole militaire a précisé que les troupes avaient ouvert le feu sur un groupe de Palestiniens qui lançaient des Cocktail Molotov en direction du checkpoint israélien.
Huit Palestiniens ont été tués dans des affrontements avec l'armée en Cisjordanie occupée depuis le début de l'année, selon un bilan palestinien. Un septième Palestinien a été tué par balle dans la bande de Gaza le 11 janvier.
Avant la visite de Kerry
A Gaza, un groupe armé a tiré jeudi matin au moins un obus de mortier contre le sud d'Israël, sans faire de blessé. L'armée a confirmé le tir sans pouvoir dire s'il s'agissait d'un obus de mortier ou d'une roquette.
Ce regain de violence survient dans une atmosphère volatile dans les Territoires palestiniens, de plus en plus tendue, rappelant les intifadas.
A Hébron, des heurts violents entre jeunes Palestiniens et soldats israéliens ont éclaté avant même le début de l'enterrement et se poursuivaient en milieu d'après-midi. Des barricades étaient érigées dans la vieille ville et d'âcres fumées de pneus enflammés se dégageaient, a constaté l'AFP. Le centre-ville est le théâtre d'affrontements depuis 72 heures.
Les commerces, écoles et bureaux étaient fermés pour la troisième journée consécutive dans cette cité palestinienne, la plus peuplée de Cisjordanie occupée, où les habitants observent une grève générale à la mémoire de leur "martyr".
La mort du prisonnier a également provoqué un mouvement de protestation dans des prisons israéliennes, où 1.900 détenus palestiniens ont refusé de prendre leur petit déjeuner jeudi matin, selon le service pénitentiaire israélien (IPS). La veille, 4.600 prisonniers avaient renvoyé leurs repas.
Le président palestinien Mahmoud Abbas a imputé la responsabilité de la mort d'Abou Hamdiyeh au gouvernement du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahu.
Jeudi, il a attribué à Israël la responsabilité de "l'escalade" dans les Territoires et lui a reproché de mettre en péril les tentatives de Washington pour relancer le processus de paix au Proche-Orient.
Dans un discours devant des membres du Fatah, M. Abbas a accusé le gouvernement israélien de "s'opposer à toute démarche de paix".
La colère de la rue palestinienne survient quelques jours avant que le secrétaire d'Etat américain John Kerry n'effectue son troisième déplacement en un mois au Proche-Orient, avec des étapes à Jérusalem et à Ramallah.