Comment 271 oeuvres de Picasso atterrissent chez un électricien français


Jeudi 16 Décembre 2010 - 12:17
AFP


Mouans-Sartoux (France) - "Un soir que je quittais mon travail, Madame m'a tendu un petit paquet. C'étaient les oeuvres". Pierre Le Guennec, un électricien français soupçonné de recel par les héritiers de Picasso, raconte comment 271 oeuvres de l'artiste sont restées 37 ans dans son garage.


Comment 271 oeuvres de Picasso atterrissent chez un électricien français
Cette incroyable découverte d'oeuvres inédites de Picasso a été révélée fin novembre, plaçant sous le feu des projecteurs cet ouvrier à la retraite, qui vit avec son épouse Danièle et sa belle-mère à Mouans-Sartoux, une commune de la Cô te d'Azur (sud-est), dans une maison sans prétentions.

Le couple de retraités a conservé dans son garage pendant près de 40 ans 271 esquisses et collages de Pablo Picasso datant des années 1900 à 1932, dont personne ne connaissait l'existence, avant de vouloir les faire authentifier par les héritiers de l'artiste. Ces derniers ont porté plainte pour recel et les oeuvres ont été saisies par la police.

En septembre, le couple Le Guennec se rend à Paris pour faire authentifier les oeuvres par le fils du peintre. "Quand ils nous a vus débarquer à Paris, Claude Picasso a dû se dire +Mais d'où ils sortent, ceux-là? Comment ils ont eu ça?+. Je comprends très bien!", insiste le septuagénaire.

Toute l'affaire débute en 1970. L'électricien intervient dans plusieurs villas du peintre et de sa femme, Jacqueline, à Cannes, Vallauris ou encore à Mougins (sud-est), où le couple lui demande notamment d'installer un système d'alarme.

"Quand je travaillais chez lui, il m'invitait souvent à prendre un gâteau, un café, on parlait de tout et de rien avec le maître", raconte M. Le Guennec. "Un soir que je quittais mon travail, Madame (Picasso) m'a tendu un petit paquet en disant +c'est pour vous+. C'était les +oeuvres+".

"Quand je suis revenu à la maison, j'ai vu des esquisses, des dessins au crayon, je n'y connaissais rien... Si Madame m'avait donné une peinture, là oui, ça m'aurait fait drô le!", dit-il avec un sourire.

Le "cadeau" est remisé pendant 37 ans au fond du garage. "Si j'avais su alors que ça avait une valeur, j'en aurais vendu, vous m'auriez retrouvé en Amérique du Sud!", plaisante le retraité qui se contente avec son épouse de 1.200 euros mensuels de retraite pour vivre.

Des problèmes de santé, il y a plus d'un an, lui rappellent l'existence du don de Jacqueline Picasso, explique-t-il. "Je me suis dit: +Et si je ne me réveille pas, comment vont faire mes enfants pour faire comprendre d'où ça sort?+". D'où sa demande d'authentification auprès de la Picasso Administration.

En fait d'authentification, Claude Picasso "nous a envoyé quatre policiers un matin d'octobre", raconte M. Le Guennec, visiblement marqué par l'expérience d'un interrogatoire au commissariat. "Je suis fatigué, un peu perturbé aussi. Mais je n'ai pas de colère, je comprends tout le monde", dit-il.

Le septuagénaire se demande finalement s'il n'aurait pas "mieux fait de ne rien faire", mais se dit "serein" face à la justice: "Je reste avec ma conscience. Ce que je garderai, c'est le souvenir d'un grand homme. D'avoir cô toyé Monsieur et Madame, ça restera gravé à vie".

Si les héritiers renonçaient à les poursuivre, les 271 oeuvres pourraient revenir au couple de Mouans-Sartoux. Dans ce cas, l'électricien pourrait "mettre quelques oeuvres" dans le musée de sa commune mais prévient qu'"en tout cas, elles ne sont pas à vendre".


           

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