Un gamin au nom arabe, Ahmed Mohamed, soupçonné de terrorisme à l’école parce qu’il a fabriqué une horloge ; le débat récurrent sur des fêtes musulmanes qui ne devraient pas être fériées, contrairement aux juives et aux chrétiennes ; la violente querelle sur l’éligibilité d’un Président non-chrétien ; à côté de ça, une complaisance totale envers les visages voilés des femmes dans la sphère publique... Comment se pose aujourd’hui la « question musulmane » aux Etats-Unis ?
Clairement, le sujet est moins obsédant ici, aux Etats-Unis, qu’en Europe, pour une simple raison : les migrants et réfugiés du Moyen-Orient et d’Afrique de l’Est ne se bousculent pas encore aux frontières états-uniennes. Ils arrivent au compte-gouttes, plutôt légalement. Rien à voir avec la situation européenne actuelle.
Ça laisse le temps aux Américains de décider de leur attitude s’ils doivent un jour être confrontés, serait-ce à moindre échelle, au même problème : comment accueillir des millions de nouveaux habitants majoritairement musulmans ?
« Bigoterie antimusulmane hors de contrôle »
A en croire le site d’information Vox, qui vient de publier un constat désespéré, la situation est déjà en train de déraper. Le titre de l’article est sans appel :
« Ce n’est pas juste Ahmed Mohamed : la bigoterie antimusulmane en Amérique est hors de contrôle. »
J’ai moi-même découvert le racisme plus ou moins subtil de la société américaine au fil des années ; il était franchement dirigé contre les Noirs, souvent contre les Latinos, rarement contre les Arabes. Ce racisme visait les peaux foncées de gens plus ou moins considérés comme inférieurs – les Américains n’ont pas colonisé ou acheté comme esclaves les peuples d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient – et non leur religion.
J’ai subi la réprobation indignée d’amis américains attentifs au débat français sur le voile islamique, au début des années 2000. Etant favorable à la loi sur l’interdiction des signes religieux à l’école, je peinais à en expliquer la logique à des gens pour qui le respect américain de l’individu ne se conçoit pas sans l’acceptation de ses exhibitions dévotes ou coutumières.
Des années plus tard, j’avais appris à ravaler mes indignations, et je discutais sans broncher – mais non sans parfois bouillir – dans les réunions de parents d’élèves, ou dans des magasins, avec des dames à la voix charmante dont je ne voyais que les yeux. Ces femmes donnaient l’impression d’être parfaitement à l’aise dans la société américaine. Sans parler des innombrables gamines voilées, parfaitement insouciantes à l’école et à la fac.
Même si le 11 Septembre, la guerre en Irak et de la peur d’Al Qaeda ont alimenté les discours islamophobes aux Etats-Unis, je n’ai pas senti croître l’hostilité au quotidien envers les musulmans. Il est vrai que je n’appartiens pas à leur communauté, comme on dit ici.
A noter que la population d’origine musulmane est bien moins nombreuse aux Etats-Unis qu’en France en proportion – 0,8% contre 7,5%, selon des chiffres du Pew Research Center de 2010.
Depuis 2013, la situation empire
Quand l’actualité signalait des bavures policières, c’était presque toujours au détriment des Afro-Américains. Les actes islamophobes qui faisaient la une des journaux étaient dus à des pasteurs fous ou des paroissiens dingues, ou à des militaires revenus fanatisés des combats.
Les choses ont commencé à changer après la bombe dévastatrice du marathon de Boston en 2013, posée par des jeunes Tchéchènes émigrés aux Etats-Unis. Et à franchement déraper après la tuerie de Charlie Hebdo, en France. Dans les journaux et sur les forums du Web, étudiants ou communautaires, les commentaires se faisaient plus virulents.
D’un autre côté, une majorité de gens bienveillants s’efforcent toujours d’inverser la tendance croissante à l’islamophobie, soucieux d’éviter toute stigmatisation d’une communauté qui n’est pour rien dans les attentats.
Comme par exemple, au printemps, cette initiative des étudiants de Duke University, en Caroline du Nord, que je fréquente de près : les jeunes ont demandé aux autorités que la chapelle chrétienne œcuménique du campus diffuse une fois par semaine un appel du muezzin, histoire de prouver aux étudiants musulmans qu’ils étaient aussi bien considérés que leurs camarades chrétiens et juifs (lesquels ont une synagogue). Finalement, la mobilisation a échoué. Mais l’intention y était.
Ils « baignent dans l’islamophobie »
Ce genre d’initiative presque pathétique dénote le désarroi de ceux qui ne savent pas comment inverser la tendance, décrite ainsi par Max Fisher, le journaliste de Vox (ma traduction est approximative) :
« Pour comprendre pourquoi une école texane arrêterait un élève de 14 ans au prétexte qu’il a apporté une horloge faite maison, il faut se souvenir des événement qui ont précédé.
Un présentateur télé qui déclare que les musulmans sont “extraordinairement barbares” ; des politiciens qui jouent l’escalade avec la peur de l’islam ; un film blockbuster qui désigne les enfants musulmans comme des menaces dangereuses [il fait allusion à “American Snipper” de Clint Eastwood, ndlr] ; une vague de haine islamophobe qui a culminé plusieurs fois en violences sévères.
Finalement, ce qui est arrivé à Mohamed, bien que terrible, n’est en rien surprenant, presque normal dans le contexte d’une islamophobie américaine qui s’aggrave de jour en jour.
Nombreux sont les Américains à ne pas se rendre compte de ce qui se passe, en dépit du fait qu’ils baignent dans l’islamophobie : à la télé, à la sécurité des aéroports, dans la culture populaire et dans la politique, et évidemment à l’école. Peut-être, alors, que l’arrestation de Mohamed aura contribué à nous réveiller. »
Apparemment, jusque-là, mon niveau personnel d’alerte islamophobe généralisée, réglé sur un contexte français, ne s’était pas encore déclenché.
Peut-être que si j’avais vécu à New York, j’aurais été davantage titillée par le sujet. Il semble que l’intégration des musulmans dans la ville ait été un combat de longue haleine, comme le rappelle un article publié en mars sur le site d’Al Jazeera USA.
Jours fériés chrétiens, juifs et musulmans
Au printemps, le nouveau maire de New York a respecté sa promesse électorale d’accorder deux nouveaux jours fériés aux élèves du public, correspondant aux fêtes de l’aïd et de la fin du ramadan.
« C’est une évolution de bon sens, qui suit l’évolution de notre population musulmane, et honore ses contributions à notre ville. »
L’annonce a provoqué des remous sur le plan national, ravivés le 24 septembre à l’aïd, quand les écoliers ont pu légalement rester chez eux pour la première fois. New York n’est pourtant pas la première ville américaine à changer son calendrier scolaire pour faire plaisir aux musulmans. Mais dans le contexte actuel, tout est plus polémique.
La situation était évidemment injuste, puisque les chrétiens avaient leurs deux jours fériés dédiés, pour Noël et le Vendredi saint, et les juifs pour Rosh ha-Shanah et Yom Kippour – notez que la religion est moins présente qu’en France dans le calendrier public !
La religion, obsession de la vie américaine
Pourtant la religion est omniprésente, pesante, obsédante, dans la vie américaine. La religion chrétienne, s’entend ! Il n’est pas étonnant que, sous la pression de l’actualité – l’Etat islamique autoproclamé, la guerre, les attentats, les menaces –, tant de citoyens aient basculé si facilement dans le fanatisme.
L’indifférence ethnique, envers une population d’origine immigrée pas dérangeante, a fait place à une méfiance, voire une haine ciblée, contre cette même population révérant un autre dieu et suivant les préceptes d’un autre livre sacré.
L’exposé du journaliste de Vox fait réellement froid dans le dos, en ce qu’il met bout à bout des événements récents, survenus en 2015, qui montrent à quel point le sentiment général envers les musulmans s’est dégradé aux Etats-Unis.
A commencer par le Texas, farouche terre chrétienne où pullulent les obtus en tout genre (Je sais, j’y ai vécu six ans, mais les Texans ne sont pas tous à mettre dans le même sac.) Le reportage ci-dessous montre ce qui s’est passé en janvier à Dallas, juste après la tuerie de Charlie Hebdo, et que retranscrit le journaliste de Vox un peu plus bas.
Clairement, le sujet est moins obsédant ici, aux Etats-Unis, qu’en Europe, pour une simple raison : les migrants et réfugiés du Moyen-Orient et d’Afrique de l’Est ne se bousculent pas encore aux frontières états-uniennes. Ils arrivent au compte-gouttes, plutôt légalement. Rien à voir avec la situation européenne actuelle.
Ça laisse le temps aux Américains de décider de leur attitude s’ils doivent un jour être confrontés, serait-ce à moindre échelle, au même problème : comment accueillir des millions de nouveaux habitants majoritairement musulmans ?
« Bigoterie antimusulmane hors de contrôle »
A en croire le site d’information Vox, qui vient de publier un constat désespéré, la situation est déjà en train de déraper. Le titre de l’article est sans appel :
« Ce n’est pas juste Ahmed Mohamed : la bigoterie antimusulmane en Amérique est hors de contrôle. »
J’ai moi-même découvert le racisme plus ou moins subtil de la société américaine au fil des années ; il était franchement dirigé contre les Noirs, souvent contre les Latinos, rarement contre les Arabes. Ce racisme visait les peaux foncées de gens plus ou moins considérés comme inférieurs – les Américains n’ont pas colonisé ou acheté comme esclaves les peuples d’Afrique du Nord et du Moyen-Orient – et non leur religion.
J’ai subi la réprobation indignée d’amis américains attentifs au débat français sur le voile islamique, au début des années 2000. Etant favorable à la loi sur l’interdiction des signes religieux à l’école, je peinais à en expliquer la logique à des gens pour qui le respect américain de l’individu ne se conçoit pas sans l’acceptation de ses exhibitions dévotes ou coutumières.
Des années plus tard, j’avais appris à ravaler mes indignations, et je discutais sans broncher – mais non sans parfois bouillir – dans les réunions de parents d’élèves, ou dans des magasins, avec des dames à la voix charmante dont je ne voyais que les yeux. Ces femmes donnaient l’impression d’être parfaitement à l’aise dans la société américaine. Sans parler des innombrables gamines voilées, parfaitement insouciantes à l’école et à la fac.
Même si le 11 Septembre, la guerre en Irak et de la peur d’Al Qaeda ont alimenté les discours islamophobes aux Etats-Unis, je n’ai pas senti croître l’hostilité au quotidien envers les musulmans. Il est vrai que je n’appartiens pas à leur communauté, comme on dit ici.
A noter que la population d’origine musulmane est bien moins nombreuse aux Etats-Unis qu’en France en proportion – 0,8% contre 7,5%, selon des chiffres du Pew Research Center de 2010.
Depuis 2013, la situation empire
Quand l’actualité signalait des bavures policières, c’était presque toujours au détriment des Afro-Américains. Les actes islamophobes qui faisaient la une des journaux étaient dus à des pasteurs fous ou des paroissiens dingues, ou à des militaires revenus fanatisés des combats.
Les choses ont commencé à changer après la bombe dévastatrice du marathon de Boston en 2013, posée par des jeunes Tchéchènes émigrés aux Etats-Unis. Et à franchement déraper après la tuerie de Charlie Hebdo, en France. Dans les journaux et sur les forums du Web, étudiants ou communautaires, les commentaires se faisaient plus virulents.
D’un autre côté, une majorité de gens bienveillants s’efforcent toujours d’inverser la tendance croissante à l’islamophobie, soucieux d’éviter toute stigmatisation d’une communauté qui n’est pour rien dans les attentats.
Comme par exemple, au printemps, cette initiative des étudiants de Duke University, en Caroline du Nord, que je fréquente de près : les jeunes ont demandé aux autorités que la chapelle chrétienne œcuménique du campus diffuse une fois par semaine un appel du muezzin, histoire de prouver aux étudiants musulmans qu’ils étaient aussi bien considérés que leurs camarades chrétiens et juifs (lesquels ont une synagogue). Finalement, la mobilisation a échoué. Mais l’intention y était.
Ils « baignent dans l’islamophobie »
Ce genre d’initiative presque pathétique dénote le désarroi de ceux qui ne savent pas comment inverser la tendance, décrite ainsi par Max Fisher, le journaliste de Vox (ma traduction est approximative) :
« Pour comprendre pourquoi une école texane arrêterait un élève de 14 ans au prétexte qu’il a apporté une horloge faite maison, il faut se souvenir des événement qui ont précédé.
Un présentateur télé qui déclare que les musulmans sont “extraordinairement barbares” ; des politiciens qui jouent l’escalade avec la peur de l’islam ; un film blockbuster qui désigne les enfants musulmans comme des menaces dangereuses [il fait allusion à “American Snipper” de Clint Eastwood, ndlr] ; une vague de haine islamophobe qui a culminé plusieurs fois en violences sévères.
Finalement, ce qui est arrivé à Mohamed, bien que terrible, n’est en rien surprenant, presque normal dans le contexte d’une islamophobie américaine qui s’aggrave de jour en jour.
Nombreux sont les Américains à ne pas se rendre compte de ce qui se passe, en dépit du fait qu’ils baignent dans l’islamophobie : à la télé, à la sécurité des aéroports, dans la culture populaire et dans la politique, et évidemment à l’école. Peut-être, alors, que l’arrestation de Mohamed aura contribué à nous réveiller. »
Apparemment, jusque-là, mon niveau personnel d’alerte islamophobe généralisée, réglé sur un contexte français, ne s’était pas encore déclenché.
Peut-être que si j’avais vécu à New York, j’aurais été davantage titillée par le sujet. Il semble que l’intégration des musulmans dans la ville ait été un combat de longue haleine, comme le rappelle un article publié en mars sur le site d’Al Jazeera USA.
Jours fériés chrétiens, juifs et musulmans
Au printemps, le nouveau maire de New York a respecté sa promesse électorale d’accorder deux nouveaux jours fériés aux élèves du public, correspondant aux fêtes de l’aïd et de la fin du ramadan.
« C’est une évolution de bon sens, qui suit l’évolution de notre population musulmane, et honore ses contributions à notre ville. »
L’annonce a provoqué des remous sur le plan national, ravivés le 24 septembre à l’aïd, quand les écoliers ont pu légalement rester chez eux pour la première fois. New York n’est pourtant pas la première ville américaine à changer son calendrier scolaire pour faire plaisir aux musulmans. Mais dans le contexte actuel, tout est plus polémique.
La situation était évidemment injuste, puisque les chrétiens avaient leurs deux jours fériés dédiés, pour Noël et le Vendredi saint, et les juifs pour Rosh ha-Shanah et Yom Kippour – notez que la religion est moins présente qu’en France dans le calendrier public !
La religion, obsession de la vie américaine
Pourtant la religion est omniprésente, pesante, obsédante, dans la vie américaine. La religion chrétienne, s’entend ! Il n’est pas étonnant que, sous la pression de l’actualité – l’Etat islamique autoproclamé, la guerre, les attentats, les menaces –, tant de citoyens aient basculé si facilement dans le fanatisme.
L’indifférence ethnique, envers une population d’origine immigrée pas dérangeante, a fait place à une méfiance, voire une haine ciblée, contre cette même population révérant un autre dieu et suivant les préceptes d’un autre livre sacré.
L’exposé du journaliste de Vox fait réellement froid dans le dos, en ce qu’il met bout à bout des événements récents, survenus en 2015, qui montrent à quel point le sentiment général envers les musulmans s’est dégradé aux Etats-Unis.
A commencer par le Texas, farouche terre chrétienne où pullulent les obtus en tout genre (Je sais, j’y ai vécu six ans, mais les Texans ne sont pas tous à mettre dans le même sac.) Le reportage ci-dessous montre ce qui s’est passé en janvier à Dallas, juste après la tuerie de Charlie Hebdo, et que retranscrit le journaliste de Vox un peu plus bas.
Capture d’écran du reportage de la NBC montrant une femme avec une pancart qui dit : « Rentrez chez vous et emportez Obama avec vous »
Vox raconte et s’indigne :
« Des familles américaines musulmanes ont fait ce qui était lourdement attendu d’elles, ce que les médias et les politiciens leur demandent après chaque attaque terroriste. Elles se sont rassemblées pour condamner formellement l’extrémisme violent, et pour cultiver des liens positifs dans leurs quartiers.
Elles ont fait cela en organisant un événement en banlieue, à Garland, intitulé “Debout avec le Prophète, contre la terreur et la haine”. Elles entendaient lever de l’argent pour créer un centre dédié à la promotion de la tolérance.
En réponse, des milliers de protestataires ont assailli leur rassemblement, brandissant pendant des heures des pancartes islamophobes et des drapeaux américains, forçant les participants à supporter leur haine.
“On ne veut pas d’eux ici”, a dit une femme à une journaliste télé. Un homme a expliqué : “Nous sommes ici pour défendre le mode de vie américain contre des gens qui tentent de nous détruire.”
Ils n’étaient pas reconnaissants que des musulmans américains locaux se soient dressés pour combattre l’extrémisme. Au contraire, ils étaient furieux que des musulmans américains osent se retrouver ainsi en public. »
« Des familles américaines musulmanes ont fait ce qui était lourdement attendu d’elles, ce que les médias et les politiciens leur demandent après chaque attaque terroriste. Elles se sont rassemblées pour condamner formellement l’extrémisme violent, et pour cultiver des liens positifs dans leurs quartiers.
Elles ont fait cela en organisant un événement en banlieue, à Garland, intitulé “Debout avec le Prophète, contre la terreur et la haine”. Elles entendaient lever de l’argent pour créer un centre dédié à la promotion de la tolérance.
En réponse, des milliers de protestataires ont assailli leur rassemblement, brandissant pendant des heures des pancartes islamophobes et des drapeaux américains, forçant les participants à supporter leur haine.
“On ne veut pas d’eux ici”, a dit une femme à une journaliste télé. Un homme a expliqué : “Nous sommes ici pour défendre le mode de vie américain contre des gens qui tentent de nous détruire.”
Ils n’étaient pas reconnaissants que des musulmans américains locaux se soient dressés pour combattre l’extrémisme. Au contraire, ils étaient furieux que des musulmans américains osent se retrouver ainsi en public. »
Des comiques arabes contre les préjugés
Et le journaliste d’égrener un nombre désespérant d’événements analogues, du concours de dessins islamophobes au meurtre des trois étudiants musulmans à l’université de Chapel Hill, près de chez moi (dont l’un était un ami d’école de mon fils aîné), en passant par les délires haineux des commentateurs de la chaîne conservatrice Fox News, les approximations navrantes des animateurs de CNN, ou encore les « blagues » racistes de certains comédiens.
A propos de comédiens, même si Vox n’en parle pas, je dois mentionner cette initiative d’un collectif de comiques arabes-américains, qui ont organisé en juillet à New York le premier « Muslim Funny Fest » : un festival de stand-up, dont la vidéo promotionnelle donne une idée.
Co-organisatrice de l’événement, la comédienne Maysoon Zayid avait dit au New York Times :
« On s’est lancé dans le comique ethnique et le comique musulman au moment où on a senti que notre communauté était assiégée, et qu’on ne pouvait plus simplement monter sur scène et être traités comme les autres comédiens. »
Un musulman à la présidentielle ?
L’an dernier, l’autre organisateur du Muslim Funny Fest, Dean Obeidallah, avec la comédienne Negin Farsad, avaient conçu une campagne de pub humoristique pour les couloirs du métro de New York, tournant autour du concept « I want to be your Muslim friend » (je veux être ton ami musulman).
Initialement accepté, l’affichage avait finalement été interdit, l’autorité des transports publics ayant assimilé la campagne à une publicité politique.
En cette fin septembre, dans la foulée de la mésaventure humiliante du jeune Ahmed, l’opinion publique a trouvé un excellent prétexte pour continuer à parler de l’islam en Amérique : les réponses inspirées des innombrables candidats républicains à la candidature suprême, à la question de savoir si un musulman pouvait décemment prétendre être élu Président.
Comme souvent, Donald Trump a servi de détonateur au sujet, en laissant, lors d’un débat public, s’exprimer complaisamment sans le contredire un fanatique accusant Obama d’être musulman.
« Cela ira de pire en pire »
Dans la foulée, les journalistes politiques ont harcelé tous les candidats républicains pour connaître leur opinion sur cette problématique cruciale : un musulman pourrait-il un jour accéder au poste de commandant en chef de l’Amérique ? Du « non » catégorique au contournement du pot, les aspirants se sont enferrés dans des réponses inutiles, car anticonstitutionnelles de toute façon.
La présidentielle approchant, les débat publics et leur surenchère populiste se multiplient : la question de l’islam aux Etats-Unis ne risque donc pas de s’estomper.
Selon Max Fisher de Vox, le pire est à venir :
« Cela concerne 2,6 millions d’Américains et, ne vous y trompez pas, cela ira de pire en pire. Jusqu’à ce que la société américaine reconnaisse le problème et commence honnêtement à lui chercher une solution. Même si c’est inconfortable, même si nombre d’entre nous ont du mal à voir des êtres humains derrière les foulards et les tapis de prière. »
On n’a pas déjà entendu ça quelque part ? Ah oui, récemment dans toute l’Europe.
Source
Et le journaliste d’égrener un nombre désespérant d’événements analogues, du concours de dessins islamophobes au meurtre des trois étudiants musulmans à l’université de Chapel Hill, près de chez moi (dont l’un était un ami d’école de mon fils aîné), en passant par les délires haineux des commentateurs de la chaîne conservatrice Fox News, les approximations navrantes des animateurs de CNN, ou encore les « blagues » racistes de certains comédiens.
A propos de comédiens, même si Vox n’en parle pas, je dois mentionner cette initiative d’un collectif de comiques arabes-américains, qui ont organisé en juillet à New York le premier « Muslim Funny Fest » : un festival de stand-up, dont la vidéo promotionnelle donne une idée.
Co-organisatrice de l’événement, la comédienne Maysoon Zayid avait dit au New York Times :
« On s’est lancé dans le comique ethnique et le comique musulman au moment où on a senti que notre communauté était assiégée, et qu’on ne pouvait plus simplement monter sur scène et être traités comme les autres comédiens. »
Un musulman à la présidentielle ?
L’an dernier, l’autre organisateur du Muslim Funny Fest, Dean Obeidallah, avec la comédienne Negin Farsad, avaient conçu une campagne de pub humoristique pour les couloirs du métro de New York, tournant autour du concept « I want to be your Muslim friend » (je veux être ton ami musulman).
Initialement accepté, l’affichage avait finalement été interdit, l’autorité des transports publics ayant assimilé la campagne à une publicité politique.
En cette fin septembre, dans la foulée de la mésaventure humiliante du jeune Ahmed, l’opinion publique a trouvé un excellent prétexte pour continuer à parler de l’islam en Amérique : les réponses inspirées des innombrables candidats républicains à la candidature suprême, à la question de savoir si un musulman pouvait décemment prétendre être élu Président.
Comme souvent, Donald Trump a servi de détonateur au sujet, en laissant, lors d’un débat public, s’exprimer complaisamment sans le contredire un fanatique accusant Obama d’être musulman.
« Cela ira de pire en pire »
Dans la foulée, les journalistes politiques ont harcelé tous les candidats républicains pour connaître leur opinion sur cette problématique cruciale : un musulman pourrait-il un jour accéder au poste de commandant en chef de l’Amérique ? Du « non » catégorique au contournement du pot, les aspirants se sont enferrés dans des réponses inutiles, car anticonstitutionnelles de toute façon.
La présidentielle approchant, les débat publics et leur surenchère populiste se multiplient : la question de l’islam aux Etats-Unis ne risque donc pas de s’estomper.
Selon Max Fisher de Vox, le pire est à venir :
« Cela concerne 2,6 millions d’Américains et, ne vous y trompez pas, cela ira de pire en pire. Jusqu’à ce que la société américaine reconnaisse le problème et commence honnêtement à lui chercher une solution. Même si c’est inconfortable, même si nombre d’entre nous ont du mal à voir des êtres humains derrière les foulards et les tapis de prière. »
On n’a pas déjà entendu ça quelque part ? Ah oui, récemment dans toute l’Europe.
Source