Commerce: Trump attaque la France et le Canada en amont du G7


Vendredi 8 Juin 2018 - 12:20
Reuters


Washington - Les dirigeants du G7 se préparent à un sommet plus tendu que jamais en 42 ans d’existence, vendredi et samedi au Canada, alors que les politiques non coopératives du président américain Donald Trump menacent de causer une guerre commerciale mondiale et de profondes divisions diplomatiques.


Donald Trump, qui a promis de protéger l’industrie américaine de ce qu’il décrit comme une concurrence internationale injuste, a décidé d’imposer des droits de douane sur les importations d’acier et d’aluminium en provenance du Canada, du Mexique et de l’Union européenne.

Emmanuel Macron, qui a oeuvré à tisser des liens étroits avec son homologue américain, a déclaré que les six membres du G7 hors Etats-Unis tenteraient de convaincre Donald Trump d’infléchir ses politiques protectionnistes et ne céderaient rien sur leurs principes.

“Peut-être que ça est égal au président américain aujourd’hui d’être isolé mais nous ça nous est aussi égal d’être à six si besoin était”, a prévenu le chef de l’Etat français lors d’une conférence de presse avec le Premier ministre canadien, Justin Trudeau, à Ottawa.

A la veille du début du sommet, Donald Trump s’en est pris sur Twitter à la France et au Canada, qu’il a accusés d’imposer des “droits de douane énormes” aux Etats-Unis.

“Veuillez dire au Premier ministre Justin Trudeau et au président Macron qu’ils imposent des droits de douane énormes aux Etats-Unis et qu’ils créent des barrières douanières non-monétaires”, a tweeté jeudi soir le président américain.

Les opinions de Trump et des “Six” divergent sur une variété de sujets - le commerce, l’environnement, ou encore l’accord sur le programme nucléaire iranien.

Donald Trump a laissé entendre jeudi, lors de la visite à Washington du Premier ministre japonais Shinzo Abe, avec lequel il a tissé une relation amicale, qu’il n’était pas d’humeur à faire des compromis.

Shinzo Abe n’est pas le seul dirigeant à avoir essayé, en vain, de charmer Donald Trump afin d’obtenir des concessions de la part de ce dernier.

“SÉRIEUX DÉSACCORDS”
Emmanuel Macron, qui semblait avoir noué une relation chaleureuse avec le président américain, a déclaré que les “Six” ne devaient pas aller au conflit lors du sommet.

Les relations entre Justin Trudeau, hôte du sommet, et Donald Trump sont très fraîches depuis les récentes critiques de Trump à l’égard de la politique commerciale du Canada et la colère d’Ottawa vis-à-vis de la décision de Washington de justifier ses nouveaux droits de douane par des questions de sécurité nationale.

Ottawa n’apprécie pas non plus la lenteur des discussions sur la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américian (Alena), accord conclu en 1994 entre le Canada, les Etats-Unis et le Mexique.

“Nous allons de toute évidence avoir des discussions animées sur le commerce”, a déclaré Justin Trudeau.

“Il y a des interrogations sur la dynamique qui prévaudra autour de la table du G7 (...) Nous discuterons des choses sur lesquelles nous sommes d’accord et des divergences d’opinions sur d’autres sujets”, a-t-il ajouté.

Le principal conseiller économique de la Maison blanche a annoncé mercredi que Trump ne se départirait pas de la ligne sans concession qu’il a adoptée sur les questions commerciales.

Un représentant canadien a déclaré aux journalistes tard jeudi soir qu’il y aurait “de sérieux désaccords sur beaucoup de choses” lors du sommet.

Trudeau et Trump, qui doivent s’entretenir vendredi, auront “beaucoup de choses à se dire”, a-t-il ajouté.

Donald Trump quittera le sommet du G7 prématurément samedi afin de se rendre à Singapour pour son sommet avec le dirigeant nord-coréen Kim Jong-un, a annoncé jeudi soir la Maison blanche.

L’appel d’Emmanuel Macron en faveur d’une unité au sein des “Six” et de l’Union européenne pourrait ne pas être entendu. Ainsi l’Allemagne suggère de faire des compromis avec les Etats-Unis par crainte d’accroître les tensions sur le secteur automobile. D’autres membres du G7 comme le Japon et l’Italie paraissent moins enclins à vouloir défier Trump.

Il faut que la réponse de l’UE soit “proportionnée” et en accord avec les règles de l’OMC, a dit la Première ministre britannique Theresa May, qui appellera lors du G7 à un commerce plus libre et plus équitable.


           

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