Confusion en Guadeloupe, première nuit de violences en Martinique


Mercredi 25 Février 2009 - 09:32
Le Point.fr/


Au 35e jour de grève, la confusion continue de régner mardi en Guadeloupe sur le terrain des négociations sociales. Le collectif LKP, qui mène la mobilisation dans l'île depuis le 20 janvier, a annoncé la reprise des discussions dans la matinée, mais le préfet Nicolas Desforges a affirmé qu'aucune "réunion plénière" n'aurait lieu mardi.


Confusion en Guadeloupe, première nuit de violences en Martinique
Seules des négociations bilatérales devaient se dérouler, a-t-il indiqué, sans préciser si elles se limiteraient au patronat et au LKP. D'après lui, la réunion convoquée pour mardi à 11 heures (16 heures à Paris) l'a été par "le seul LKP", soulignant que "seuls le préfet et les médiateurs ont la maîtrise de la date et de l'heure des réunions de négociations".
Les pleines négociations devraient reprendre mercredi. "Il y a sur la table, entre les mains des médiateurs, je crois, tout ce qu'il faut pour arriver à un bon accord", a déclaré le secrétaire d'État à l'outre-mer Yves Jégo lors du "Talk Orange- Le Figaro ". Interrogé sur une proposition de l'Union des chefs d'entreprise guadeloupéens (UCEG) - le Medef n'y a pas adhéré - suggérant une augmentation salariale de 200 euros à la charge du patronat (50 euros), des collectivités locales (50 euros) et de l'État par un allègement de charges (100 euros), il a répondu : "Dans sa totalité, si on l'applique in extenso, il y a des limites à cette proposition qui ne pourront pas être franchies."
Le préfet Nicolas Desforges a un peu plus tôt opposé une fin de non-recevoir à cette initiative proche du "pré-accord" qui avait déjà été retoqué par le Premier ministre François Fillon. Une source gouvernementale a indiqué que Matignon tenterait mercredi de "simplifier et globaliser" sa proposition, pour rendre plus lisible un dispositif qu'Élie Domota, leader du LKP, avait qualifié d'"usine à gaz". Dans Aujourd'hui en France/Le Parisien , Yves Jégo a par ailleurs affirmé être "prêt" à partir dès que ce sera "nécessaire" en Guadeloupe.
Après une réunion des militants du LKP dans leur QG du Palais de la mutualité, l'un d'entre eux, Jean-Marie Nomertin, a exhorté les militants à "une amplification maximum de la grève jeudi". En Guadeloupe, le Mardi gras et le mercredi des Cendres sont des périodes de carnaval largement chômées même si la plupart des festivités ont été annulées.
Des voitures incendiées en Martinique
En Martinique, 19 jours après le début de la grève générale, les négociations, qui ont repris mardi en début d'après-midi à la préfecture de Fort-de-France, ont, elles aussi, buté sur la hausse des salaires. Lors d'une des interruptions de séance, le "collectif contre la vie chère et pour l'emploi", qui réclame une hausse de 354 euros nets pour tous les salaires, a fait savoir qu'une "proposition de hausse des salaires de 30 puis de 40 euros" avait été avancée par la partie patronale. Son porte-parole Michel Monrose a promis le "durcissement des actions" du collectif et en particulier le blocage des opérations de chargement de la banane dès la fin de cette semaine. Il a estimé qu'on était "loin du compte" et que les patrons devaient "revoir leur copie". Par ailleurs, Michel Monrose a regretté que les travaux de la commission chargée du suivi de l'accord sur la baisse de 20 % sur les 100 familles de produits marquent le pas.
Autour de la préfecture, une certaine tension était perceptible et des manifestants agrippés aux grilles ont fait céder un portail, nécessitant l'intervention de forces de l'ordre. Certains négociateurs ont été empêchés de sortir de l'enceinte par des manifestants qui scandaient "négocier ! négocier !". Au moins trois véhicules ont été incendiés et plusieurs magasins pillés dans la nuit de mardi à mercredi. La voiture d'un des membres de la délégation patronale a été brûlée. Peu avant minuit, des jeunes masqués pour certains avaient commencé à mettre le feu dans des pneus et des poubelles renversées sur le boulevard du général de Gaulle, entraînant l'intervention de pompiers et de la police. Face à cette tension, trois escadrons de gendarmes mobiles ont été appelés en renfort et on tiré des grenades lacrymogènes.
Près de huit Français sur dix (78 %) trouvent justifié le mouvement social qui paralyse la Guadeloupe depuis plus d'un mois, selon un sondage* BVA pour Orange, L'Express et France-Inter présenté mardi. 17 % des personnes interrogées considèrent que le mouvement n'est pas justifié, et 5 % sont sans avis. Les sympathisants de droite sont 67 % à trouver le mouvement justifié, tout comme 89 % des personnes interrogées proches de la gauche et 68 % des personnes sans préférence partisane.
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*Sondage réalisé les 20 et 21 février par téléphone auprès de 977 personnes représentatives de la population française de 18 ans et plus (méthode des quotas).


           

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