"Travailleurs unis contre les actionnaires voyous", "Le Monopoly mais sans nous", proclamaient plusieurs banderoles, brandies en français et en allemand devant la salle où s'est réunie à partir de 10 heures l'assemblée générale des actionnaires de Continental. L'entreprise a annoncé en mars vouloir fermer en Europe ses usines de Hanovre et de Clairoix, qui emploient à elles deux 1.900 personnes. Le groupe a déjà supprimé 8.000 emplois dans le monde l'an passé, et 6.000 rien qu'au cours des trois premiers mois de l'année, sur un total de 130.000. Il va aussi étendre le chômage partiel à 25.000 salariés d'ici fin avril en Allemagne.
En milieu de journée, une délégation de six salariés du site de Clairoix, arrivés le matin en train avec un millier de leurs collègues, ont pu pénétrer l'enceinte de la "salle du dôme". N'étant pas actionnaires de Continental, ils n'ont pas eu le droit de lire leur motion et c'est un responsable syndical de l'usine allemande de Stöcken, elle aussi menacée de fermeture, qui s'en est chargé. "Nous n'accepterons pas que la vie de milliers de familles, si l'on inclut les sous-traitants, soit sacrifiée à votre appétit de profit sans borne", a lu dans une version traduite Helmut Krimp, applaudi à la fin de son intervention par nombre de petits actionnaires présents, dont beaucoup sont d'anciens ou d'actuels salariés du groupe. Au micro, Xavier Mathieu, délégué du syndicat CGT de Clairoix, a juste lâché "trou du cul" en pointant Karl-Thomas Neumann, le patron de Continental, assis à la tribune. "Excusez les propos de mon collègue, tout est très émotionnel", a aussitôt ajouté Helmut Krimp. Il y a deux jours, des manifestants ont saccagé la sous-préfecture de Compiègne, proche de Clairoix. "C'est un mouvement de colère, et la colère, ça ne se contrôle pas", a expliqué Xavier Mathieu à Hanovre.
Des Mexicains aussi
En Allemagne, où la culture syndicale est différente, rythmée par le système de cogestion, les syndicats voulaient éviter tout débordement. Mais "nous sommes solidaires des collègues français", a expliqué Werner Bischoff, vice-président du conseil de surveillance de Continental pour le syndicat IG BCE. Et avec la direction, "nous nous heurtons presque à du ciment", selon lui. "Toutes les manifestations ne changeront rien au fait qu'il y a des surcapacités en Europe" pour la production de pneus, a répété après le départ des salariés Karl-Thomas Neumann, devant des actionnaires bien plus préoccupés par le rachat du groupe par son compatriote Schaeffler, propriété de la milliardaire Maria-Elisabeth Schaeffler. "Nous avons examiné tous les scénarios et nous ne voyons pas d'alternative" à la fermeture, même si "aucune décision définitive n'a été prise", selon le patron.
À l'extérieur, les syndicalistes allemands, français et même ceux d'une délégation du Mexique, se sont succédé à la tribune, se félicitant du "début d'une unité à renforcer à l'avenir". "Tout est à nous, rien n'est à eux. Tout ce qu'ils ont, ils l'ont volé. Partage du travail, partage des richesses, ou alors ça va péter", ont scandé les Français. "Comme les Français, nous avons peur pour nos emplois", a expliqué Jürgen Frantz, 53 ans, salarié du site de Stöcken. "Les actionnaires doivent voir que les salariés sont prêts à se battre", ajoute Hans-Jürgen Reuter, 58 ans, ouvrier depuis 11 ans chez "Conti".
Dans l'après-midi, une information a cependant déplacé le débat pour les salariés de Clairoix. Le gouvernement français a en effet révélé le nom d'un possible repreneur de leur usine : MAG, "un des plus grands accessoiristes automobiles du Proche-Orient". Les syndicalistes, eux, demeurent sceptiques.
En milieu de journée, une délégation de six salariés du site de Clairoix, arrivés le matin en train avec un millier de leurs collègues, ont pu pénétrer l'enceinte de la "salle du dôme". N'étant pas actionnaires de Continental, ils n'ont pas eu le droit de lire leur motion et c'est un responsable syndical de l'usine allemande de Stöcken, elle aussi menacée de fermeture, qui s'en est chargé. "Nous n'accepterons pas que la vie de milliers de familles, si l'on inclut les sous-traitants, soit sacrifiée à votre appétit de profit sans borne", a lu dans une version traduite Helmut Krimp, applaudi à la fin de son intervention par nombre de petits actionnaires présents, dont beaucoup sont d'anciens ou d'actuels salariés du groupe. Au micro, Xavier Mathieu, délégué du syndicat CGT de Clairoix, a juste lâché "trou du cul" en pointant Karl-Thomas Neumann, le patron de Continental, assis à la tribune. "Excusez les propos de mon collègue, tout est très émotionnel", a aussitôt ajouté Helmut Krimp. Il y a deux jours, des manifestants ont saccagé la sous-préfecture de Compiègne, proche de Clairoix. "C'est un mouvement de colère, et la colère, ça ne se contrôle pas", a expliqué Xavier Mathieu à Hanovre.
Des Mexicains aussi
En Allemagne, où la culture syndicale est différente, rythmée par le système de cogestion, les syndicats voulaient éviter tout débordement. Mais "nous sommes solidaires des collègues français", a expliqué Werner Bischoff, vice-président du conseil de surveillance de Continental pour le syndicat IG BCE. Et avec la direction, "nous nous heurtons presque à du ciment", selon lui. "Toutes les manifestations ne changeront rien au fait qu'il y a des surcapacités en Europe" pour la production de pneus, a répété après le départ des salariés Karl-Thomas Neumann, devant des actionnaires bien plus préoccupés par le rachat du groupe par son compatriote Schaeffler, propriété de la milliardaire Maria-Elisabeth Schaeffler. "Nous avons examiné tous les scénarios et nous ne voyons pas d'alternative" à la fermeture, même si "aucune décision définitive n'a été prise", selon le patron.
À l'extérieur, les syndicalistes allemands, français et même ceux d'une délégation du Mexique, se sont succédé à la tribune, se félicitant du "début d'une unité à renforcer à l'avenir". "Tout est à nous, rien n'est à eux. Tout ce qu'ils ont, ils l'ont volé. Partage du travail, partage des richesses, ou alors ça va péter", ont scandé les Français. "Comme les Français, nous avons peur pour nos emplois", a expliqué Jürgen Frantz, 53 ans, salarié du site de Stöcken. "Les actionnaires doivent voir que les salariés sont prêts à se battre", ajoute Hans-Jürgen Reuter, 58 ans, ouvrier depuis 11 ans chez "Conti".
Dans l'après-midi, une information a cependant déplacé le débat pour les salariés de Clairoix. Le gouvernement français a en effet révélé le nom d'un possible repreneur de leur usine : MAG, "un des plus grands accessoiristes automobiles du Proche-Orient". Les syndicalistes, eux, demeurent sceptiques.