Corée du Nord: des projectiles à courte portée tirés en mer du Japon


Jeudi 3 Mars 2016 - 10:36
AFP


La Corée du Nord a tiré jeudi des projectiles à courte portée au large de ses côtes orientales, selon Séoul, quelques heures après l'adoption d'une résolution alourdissant nettement les sanctions internationales contre Pyongyang.


Six projectiles dotés apparemment d'une portée de 100 à 150 km ont été tirés en mer du Japon à 10H00 (01H00 GMT), a annoncé le ministère sud-coréen de la Défense.

Mercredi, le Conseil de sécurité des Nations unies venait d'imposer une nouvelle série de lourdes sanctions contre la Corée du Nord après les derniers essais nucléaire et balistique menés par le régime communiste.

Cette résolution du Conseil, présentée par les Etats-Unis, a été adoptée à l'unanimité, y compris par la Chine, seul allié de Pyongyang.

Le président américain Barack Obama a immédiatement salué cette décision, y voyant une réponse "ferme, unie et appropriée" à un essai nucléaire -le quatrième depuis 2006- et un tir d'une fusée effectués respectivement les 6 janvier et 7 février par la Corée du Nord, en violation de plusieurs résolutions onusiennes.

"La communauté internationale, s'exprimant d'une seule voix, a envoyé à Pyongyang un message simple: la Corée du Nord doit abandonner ces programmes dangereux et choisir une meilleure voie pour son peuple", a déclaré M. Obama dans un communiqué.

Ces sanctions "sont parmi les plus lourdes jamais adoptées contre un pays", a souligné l'ambassadeur britannique Matthew Rycroft, tandis que son homologue français François Delattre saluait "des sanctions sans précédent mais ciblées".

Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon, ancien chef de la diplomatie sud-coréenne, a espéré que "cette réponse ferme du Conseil mette fin au cycle de provocations et mène à une reprise du dialogue".

L'ambassadeur chinois Liu Jieyi a estimé que la résolution devait être "un point de départ" pour la reprise de négociations, actuellement au point mort, sur le démantèlement du programme nucléaire nord-coréen.

- Contrôle des marchandises -

Pour la première fois, les pays membres de l'ONU seront tenus d'inspecter toutes les marchandises en provenance et à destination de la Corée du Nord.

Ils devront aussi interdire aux navires soupçonnés de transporter des cargaisons illégales vers la Corée du Nord de faire escale dans leurs ports.

Et la résolution impose de nouvelles restrictions aux exportations nord-coréennes afin de limiter la capacité du régime à financer ses programmes militaires.

Elle interdit ainsi les exportations de charbon, de fer et de minerai de fer, sauf si les revenus générés sont utilisés pour la "subsistance" de la population nord-coréenne.

Pyongyang aura aussi interdiction de vendre de l'or, du titane et des minerais rares utilisés dans la haute technologie, et ne pourra plus se procurer de carburant pour l'aviation et pour les fusées.

Selon l'ambassadrice américaine Samantha Power, Pyongyang amasse un milliard de dollars par an en exportant son charbon, et 200 millions de dollars en vendant son minerai de fer.

La résolution renforce les restrictions bancaires existantes et les pays seront tenus de bloquer tout avion soupçonné de transporter des marchandises en contrebande vers la Corée du Nord.

- Liste noire allongée -

La liste noire des individus et entreprises sanctionnés pour leur implication dans le développement par Pyongyang d'armes nucléaires et balistiques s'allonge avec 16 personnes et 12 entités supplémentaires --dont l'agence spatiale nord-coréenne (NADA)--.

Les diplomates nord-coréens "impliqués dans des activités illicites" devront être expulsés et les dignitaires du régime ne pourront plus se procurer montres de luxe ou jet-skis.

Depuis l'accord de Washington et Pékin la semaine dernière sur la résolution, Etats-Unis, France et Royaume-Uni poussaient pour une adoption rapide, d'abord prévue mardi.

L'Union européenne va "rapidement" transposer la résolution de l'ONU et "examinera" s'il est nécessaire la possibilité de décréter des sanctions supplémentaires, a aussitôt indiqué mercredi la Haute représentante de l'UE pour les Affaires étrangères, Federica Mogherini, citée dans un communiqué.

La Russie avait de son côté réclamé davantage de temps pour examiner le texte, arrachant au passage quelques amendements mineurs.

La Corée du Nord est déjà sous le coup de quatre séries de sanctions internationales depuis son premier essai nucléaire en 2006, suivi par trois autres en 2009, 2013 et 2016.

Ces sanctions ne l'ont cependant pas empêchée de poursuivre sa course aux armements, soulignaient récemment des experts de l'ONU.

La Chine et la Russie "trouveront des échappatoires comme toujours" pour ne pas appliquer strictement les sanctions, a estimé Roberta Cohen, experte à l'institut de recherche américain Brookings.

La Chine, pourtant irritée par les dernières initiatives de Pyongyang, s'est efforcée de limiter la portée des nouvelles sanctions dans les négociations avec Washington, selon des diplomates.

Pékin redoute un effondrement du régime communiste qui déverserait un flot de réfugiés à sa frontière et n'aimerait pas voir une Corée réunifiée sous influence américaine, des inquiétudes partagées en partie par la Russie.


           

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