Corée du Nord: les ambassades réfléchissent à une évacuation de Pyongyang


Samedi 6 Avril 2013 - 10:36
AFP


Seoul - Les chefs de missions diplomatiques de l'Union européenne présents en Corée du Nord devaient discuter samedi d'une éventuelle évacuation en raison de l'aggravation des tensions dans la péninsule coréenne tandis que le site intercoréen de Kaesong restait fermé.


Corée du Nord: les ambassades réfléchissent à une évacuation de Pyongyang
La Corée du Nord, qui a installé un deuxième missile de moyenne portée sur sa côte est, alimentant les craintes d'un tir imminent, a averti qu'elle ne pouvait plus garantir la sécurité des missions diplomatiques à Pyongyang à compter du 10 avril en cas de conflit.

Les chefs des missions diplomatiques de l'UE présents à Pyongyang se sont réunis "pour discuter d'une position commune et d'une action commune" concernant leur personnel diplomatique, a annoncé à l'AFP le ministère bulgare des Affaires étrangères.

"Le discours du gouvernement nord-coréen est de dire qu'à partir du 10 avril, il sera incapable de garantir la sécurité des ambassades et des organisations internationales dans le pays dans l'éventualité d'un conflit", a déclaré de son côté à l'AFP une porte-parole du ministère britannique des Affaires étrangères.

Mais aucun pays ne semblait avoir de projet immédiat d'évacuation et certaines capitales estimaient qu'il ne s'agissait que d'une nouvelle manoeuvre nord-coréenne pour faire monter la pression.

"La sécurité de l'ambassade allemande et son exposition au danger sont évaluées en permanence. Le ministre des Affaires étrangères Guido Westerwelle en est continuellement informé. A ce stade, l'ambassade peut travailler" en Corée du Nord, a déclaré le ministère allemand des Affaires étrangères, dans un communiqué.

A Washington, le porte-parole de la Maison Blanche Jay Carney a affirmé vendredi qu'un éventuel tir de missile nord-coréen ne serait pas une surprise pour le gouvernement américain. "Nous ne serions pas surpris de les voir agir de la sorte", a déclaré M. Carney, en notant que Pyongyang avait effectué de tels tirs dans le passé.

De son côté, le Pentagone a jugé que "toute action provocatrice supplémentaire serait regrettable".

"Il a été confirmé que la Corée du Nord avait transporté en train, en début de semaine, deux missiles Musudan, de moyenne portée, vers la côte est, et les avait installés sur des véhicules équipés d'un dispositif de tir", a déclaré un haut responsable du gouvernement sud-coréen.

Le Musudan aurait une portée théorique de 3.000 kilomètres, soit la capacité d'atteindre la Corée du Sud ou le Japon.

L'engin pourrait toucher des cibles à 4.000 km en cas de charge légère, et donc, en principe, frapper Guam, île du Pacifique située à 3.380 km de la Corée du Nord et où se trouvent 6.000 soldats américains.

Pyongyang a multiplié les menaces d'apocalypse ces dernières semaines, furieux du train de sanctions adopté par l'ONU après son nouvel essai nucléaire début février et des manoeuvres militaires conjointes en cours entre les Etats-Unis et la Corée du Sud.

L'accès au complexe industriel de Kaesong, devenu un pion stratégique dans cette guerre des nerfs, restait fermé samedi matin, la Corée du Nord refusant depuis mercredi l'entrée du site aux Sud-Coréens qui s'y rendent quotidiennement pour y travailler.

Plusieurs camions sud-coréens chargés de ravitailler le site ont été contraints de rebrousser chemin samedi matin.

Après le départ samedi de 92 employés sud-coréens, il restait encore 516 ressortissants sud-coréens dans le complexe, a rapporté le ministère sud-coréen de l'Unification.

Les entrepreneurs sud-coréens ont averti que si le blocage des mouvements de matières premières et d'employés persistait encore plusieurs jours ils seraient obligés de fermer leurs opérations sur ce site qui rapporte de précieuses devises à Pyongyang.

La Corée du Nord avait de son côté menacé de retirer ses 53.000 ressortissants du site -- situé près de la frontière mais côté nord-coréen -- employés par 123 compagnies sud-coréennes.

Parmi les rares touristes à s'aventurer dans ce pays qui reste très fermé, un groupe de voyageurs rentrés à Pékin d'un séjour de cinq jours en Corée du Nord a décrit la situation comme "normale".

"Nous n'avions pas peur quand nous étions sur place", a déclaré Tina Krabbe, une Danoise, "il ne nous a pas semblé qu'il y avait des tensions dans la ville" de Pyongyang.

Les visites organisées de touristes sont toujours autorisées en Corée du Nord, a indiqué à l'AFP Nicholas Bonner, fondateur de Koryo Tour, organisme qui amène des groupes de touristes dans ce pays depuis une vingtaine d'années.

Enfin, la presse japonaise croyait savoir samedi que l'armée américaine était sur le point de déployer un avion espion sans pilote sur une de ses bases au Japon dans le but de renforcer la surveillance de la Corée du Nord.

Il s'agirait du premier déploiement d'avion de surveillance de ce type dans l'archipel, selon le quotidien de droite Sankei Shimbun, qui cite des sources gouvernementales.


           

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