Sin Chi-yun, dont la grossesse est déjà bien avancée, s'est récemment fait photographier dans un studio photo. "C'est très à la mode depuis quelques années. Cela choque les personnes âgées, mais je tiens à garder une trace de mon unique grossesse", déclare cette femme de 30 ans qui a décidé, en accord avec son mari, de n'avoir qu'un enfant. "Autant concentrer son argent et son énergie sur un seul rejeton", explique-t-elle. Kim Yun-hi (c'est un pseudonyme), gynécologue de 48 ans, affiche depuis quelque temps à la porte d'entrée de sa clinique une pancarte sur laquelle on peut lire : "Le service obstétrique n'est plus assuré." Faute de pouvoir remplir ses salles d'accouchement et de donner du travail à ses infirmières, le Dr Kim a cessé de pratiquer les accouchements. Pour sauver sa clinique, il a engagé un dermatologue. "Les accouchements représentent beaucoup de travail et peu de bénéfices. Les cliniques qui les pratiquent encore se dotent d'un service postaccouchement attractif, plus rentable, pour compenser la baisse de fréquentation due à la diminution du nombre de naissances", explique-t-il.
Selon l'Etat de la population mondiale 2008, publié par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), la Corée du Sud affiche le taux de fécondité le plus bas du monde, avec 1,2 enfant par femme, alors que la moyenne internationale est de 2,54. Chaque fois qu'il s'agit de pointer la baisse des naissances, la Corée est immanquablement citée. Cette baisse y est en effet spectaculaire, au point que David Coleman, professeur à l'université d'Oxford, évoquant un "syndrome coréen", annonce que "la Corée du Sud sera le premier pays à disparaître de la planète" ! L'avertissement du Forum de l'avenir de l'ONU est tout aussi alarmant : "Avec un taux de fécondité de 1,1 [chiffre du début 2006], la Corée du Sud ne compterait plus en 2305 que 20 000 hommes et 30 000 femmes."
Le taux avait touché le fond en 2005 (1,08) avant de connaître une remontée en 2006 (1,12) et en 2007 (1,25), deux années de grâce qui s'expliquent par le fait qu'elles étaient bénéfiques, selon l'astrologie chinoise. Mais il a de nouveau baissé en 2008. Le phénomène a de quoi surprendre, quand on pense que, il y a à peine quelques dizaines d'années, c'est-à-dire dans les années 1960 et 1970, le gouvernement avait fait campagne pour réduire le nombre des naissances avec des slogans du genre : "Garçon ou fille, un enfant, c'est suffisant !" ou "L'absence de planning familial nous mène à la misère !" Jeon Jae-hee, ministre de la Santé, du Bien-être et des Affaires familiales, parle d'un "quasi-état d'alerte" : "Le gouvernement devra à un moment donné choisir entre encourager vivement les naissances et accueillir des immigrés." De son côté, le président Lee Myung-bak dit vouloir faciliter l'accès au logement et à la propriété pour les familles nombreuses. Le gouvernement semble avoir pris conscience de la gravité du problème, mais sa politique n'a pas encore prouvé son efficacité.
L'Institut coréen pour la santé et les affaires sociales (KIHASA) a mené une enquête auprès de 1 729 foyers ayant eu un enfant au cours de l'année 2008. 81,6 % ont répondu que leur motivation ne dépendrait pas des aides promises par les pouvoirs publics. Yun Ho-ju, 34 ans, déclare avoir eu peur en apprenant le mois dernier qu'elle était enceinte. Elle a d'abord pensé au coût que représente le fait d'élever un enfant. "Le gouvernement parle comme s'il allait tout prendre en charge après la naissance, mais je n'y crois pas. Il promet par exemple une prime de 500 000 wons [environ 275 euros] à partir du deuxième enfant, mais c'est très insuffisant." De récents rapports du KIHASA montrent que le principal facteur pour les ménages est d'ordre financier et lié à la santé économique du pays. Un sondage a été effectué auprès de 1 500 femmes mariées âgées de 25 à 39 ans : 8 sur 10 d'entre elles déclarent que les frais de garde et d'éducation représentaient une lourde charge pour leur ménage. 44 % affirment vouloir d'autres enfants, mais à condition que les coûts soient réduits de moitié. Autre facteur qui n'arrange pas les choses : le nombre des femmes en âge de procréer (de 15 à 49 ans) est en diminution pour la sixième année d'affilée. Celui des 20-40 ans connaît le même phénomène depuis 1998.
La baisse des naissances est une bombe à retardement qui risque d'affecter la main-d'œuvre et d'assombrir à long terme les perspectives de croissance économique. En 2016, le nombre des personnes en âge de travailler (15-64 ans) va commencer à chuter, et leur moyenne d'âge va passer de 38,7 ans à 41,8. En revanche, d'après l'Institut des statistiques, les personnes âgées, dont le nombre augmente, constitueront un cinquième de la population en 2026. "Le taux de fécondité a une incidence directe sur l'avenir du pays. Il faut une politique résolue incitant les gens à avoir des enfants. Il n'est pas exagéré de dire que la ministre de la Santé, du Bien-être et des Affaires familiales tient entre ses mains l'avenir de notre économie", insiste Pak Yong-suk, représentante coréenne du Forum du futur.
Selon l'Etat de la population mondiale 2008, publié par le Fonds des Nations unies pour la population (UNFPA), la Corée du Sud affiche le taux de fécondité le plus bas du monde, avec 1,2 enfant par femme, alors que la moyenne internationale est de 2,54. Chaque fois qu'il s'agit de pointer la baisse des naissances, la Corée est immanquablement citée. Cette baisse y est en effet spectaculaire, au point que David Coleman, professeur à l'université d'Oxford, évoquant un "syndrome coréen", annonce que "la Corée du Sud sera le premier pays à disparaître de la planète" ! L'avertissement du Forum de l'avenir de l'ONU est tout aussi alarmant : "Avec un taux de fécondité de 1,1 [chiffre du début 2006], la Corée du Sud ne compterait plus en 2305 que 20 000 hommes et 30 000 femmes."
Le taux avait touché le fond en 2005 (1,08) avant de connaître une remontée en 2006 (1,12) et en 2007 (1,25), deux années de grâce qui s'expliquent par le fait qu'elles étaient bénéfiques, selon l'astrologie chinoise. Mais il a de nouveau baissé en 2008. Le phénomène a de quoi surprendre, quand on pense que, il y a à peine quelques dizaines d'années, c'est-à-dire dans les années 1960 et 1970, le gouvernement avait fait campagne pour réduire le nombre des naissances avec des slogans du genre : "Garçon ou fille, un enfant, c'est suffisant !" ou "L'absence de planning familial nous mène à la misère !" Jeon Jae-hee, ministre de la Santé, du Bien-être et des Affaires familiales, parle d'un "quasi-état d'alerte" : "Le gouvernement devra à un moment donné choisir entre encourager vivement les naissances et accueillir des immigrés." De son côté, le président Lee Myung-bak dit vouloir faciliter l'accès au logement et à la propriété pour les familles nombreuses. Le gouvernement semble avoir pris conscience de la gravité du problème, mais sa politique n'a pas encore prouvé son efficacité.
L'Institut coréen pour la santé et les affaires sociales (KIHASA) a mené une enquête auprès de 1 729 foyers ayant eu un enfant au cours de l'année 2008. 81,6 % ont répondu que leur motivation ne dépendrait pas des aides promises par les pouvoirs publics. Yun Ho-ju, 34 ans, déclare avoir eu peur en apprenant le mois dernier qu'elle était enceinte. Elle a d'abord pensé au coût que représente le fait d'élever un enfant. "Le gouvernement parle comme s'il allait tout prendre en charge après la naissance, mais je n'y crois pas. Il promet par exemple une prime de 500 000 wons [environ 275 euros] à partir du deuxième enfant, mais c'est très insuffisant." De récents rapports du KIHASA montrent que le principal facteur pour les ménages est d'ordre financier et lié à la santé économique du pays. Un sondage a été effectué auprès de 1 500 femmes mariées âgées de 25 à 39 ans : 8 sur 10 d'entre elles déclarent que les frais de garde et d'éducation représentaient une lourde charge pour leur ménage. 44 % affirment vouloir d'autres enfants, mais à condition que les coûts soient réduits de moitié. Autre facteur qui n'arrange pas les choses : le nombre des femmes en âge de procréer (de 15 à 49 ans) est en diminution pour la sixième année d'affilée. Celui des 20-40 ans connaît le même phénomène depuis 1998.
La baisse des naissances est une bombe à retardement qui risque d'affecter la main-d'œuvre et d'assombrir à long terme les perspectives de croissance économique. En 2016, le nombre des personnes en âge de travailler (15-64 ans) va commencer à chuter, et leur moyenne d'âge va passer de 38,7 ans à 41,8. En revanche, d'après l'Institut des statistiques, les personnes âgées, dont le nombre augmente, constitueront un cinquième de la population en 2026. "Le taux de fécondité a une incidence directe sur l'avenir du pays. Il faut une politique résolue incitant les gens à avoir des enfants. Il n'est pas exagéré de dire que la ministre de la Santé, du Bien-être et des Affaires familiales tient entre ses mains l'avenir de notre économie", insiste Pak Yong-suk, représentante coréenne du Forum du futur.