"Nous pensons que les masques peuvent être une sorte de +pont+ vers un vaccin", explique à l'AFP la Pr Monica Gandhi, spécialiste des maladies infectieuses à l'UCSF (Université de Californie à San Francisco).
Elle a exposé sa théorie dans un article remarqué publié le 8 septembre par la prestigieuse revue médicale américaine New England Journal of Medicine (NEJM).
Cette théorie se base sur une hypothèse: même si elle attrape le Covid-19, une personne masquée est susceptible de développer une forme moins grave que si elle avait eu le visage découvert car elle absorbe une moins grande quantité de virus (l'"inoculum").
"Nous lançons plusieurs études pour tester cette hypothèse, en regardant par exemple si l'obligation du masque dans certaines villes du monde y a réduit la sévérité de la maladie", poursuit la Pr Gandhi.
Si le masque "augmente les taux d'infections asymptomatiques" (sans symptôme, ndlr), son port généralisé permettrait donc théoriquement "d'accroître l'immunité" dans la population et d'aboutir ainsi à "un contrôle intermédiaire de l'épidémie en attendant un vaccin", avance la Pr Gandhi.
De quoi "donner aux gens une raison supplémentaire de porter le masque", dit à l'AFP le Pr George Rutherford, qui a cosigné l'article avec elle.
Les deux chercheurs font le parallèle avec la "variolisation", technique rudimentaire utilisée au XVIIIe siècle avant l'apparition des vaccins: il s'agissait d'exposer une personne saine à une petite quantité de virus de la variole, dans l'espoir de l'immuniser.
La publication de l'article dans le NEJM a eu un fort écho.
"Certes, ça reste une théorie, mais il y a beaucoup d'arguments en sa faveur", assure à l'AFP le Pr Bruno Hoen, directeur de la recherche médicale à l'Institut Pasteur à Paris.
Selon lui, "on doit porter un regard différent sur l'utilisation du masque", d'abord jugé inutile par les autorités sanitaires, sur fond de pénurie, puis conseillé pour éviter de contaminer les autres.
"C'est une théorie intéressante basée sur une hypothèse raisonnable", ajoute le Pr Archie Clements, épidémiologiste à l'université australienne Curtin.
"Je suis assez sceptique", a en revanche twitté le Dr Angela Rasmussen, virologue à l'université new-yorkaise de Columbia. "C'est une idée intéressante mais il y a trop d'inconnues".
Ses réserves: on n'est pas certain qu'une dose plus faible de virus entraîne une forme moins sévère du Covid, on ne sait pas à quel point le masque réduit cette dose et la durée comme le niveau de l'immunité sont encore mal connus.
"Actuellement, aucune donnée ne prouve que le masque atténue la gravité (de la maladie) ou que cela assurerait une protection via une +variolisation+", a insisté la Pr Rasmussen.
Le problème, c'est que l'hypothèse d'un lien entre la dose de virus et la sévérité de la maladie ne peut pas être vérifiée autrement qu'en comparant des situations déjà existantes, donc avec un niveau de preuve plus faible qu'une étude spécifiquement montée pour cela. En effet, du point de vue éthique, "on ne peut exposer délibérément des humains au virus", souligne la Pr Gandhi.
Pour développer sa théorie, elle s'est toutefois appuyée sur plusieurs travaux.
Elle cite entre autres une étude réalisée sur des hamsters par des chercheurs de Hong Kong.
Ils ont simulé le port d'un masque en le plaçant entre des cages contenant d'une part des hamsters infectés et de l'autre des hamsters sains. Verdict: les hamsters étaient moins susceptibles d'attraper le Covid s'ils étaient "masqués" et, même s'ils l'attrapaient, leurs symptômes étaient plus légers.
Autre argument, la comparaison de la situation sur différents bateaux de croisière touchés par des contaminations.
Sur l'un d'entre eux, où le masque avait été systématisé, "la proportion de malades asymptomatiques était de 81%", contre "40%" dans d'autres navires sur lesquels le masque n'était pas généralisé, fait valoir la Pr Gandhi.
Autant d'éléments qui montrent que cette théorie n'a pas émergé "par hasard", selon le Pr Hoen: "Monica Gandhi est la première à avoir fait la synthèse, de façon très élégante, mais la réflexion avait commencé avant elle".
L'intéressée, elle, rappelle que le masque n'est pas une panacée: "Il doit s'accompagner de la distanciation physique, de l'hygiène des mains et d'autres mesures de santé publique. Nous ne devons pas baisser la garde et les négliger".
Elle a exposé sa théorie dans un article remarqué publié le 8 septembre par la prestigieuse revue médicale américaine New England Journal of Medicine (NEJM).
Cette théorie se base sur une hypothèse: même si elle attrape le Covid-19, une personne masquée est susceptible de développer une forme moins grave que si elle avait eu le visage découvert car elle absorbe une moins grande quantité de virus (l'"inoculum").
"Nous lançons plusieurs études pour tester cette hypothèse, en regardant par exemple si l'obligation du masque dans certaines villes du monde y a réduit la sévérité de la maladie", poursuit la Pr Gandhi.
Si le masque "augmente les taux d'infections asymptomatiques" (sans symptôme, ndlr), son port généralisé permettrait donc théoriquement "d'accroître l'immunité" dans la population et d'aboutir ainsi à "un contrôle intermédiaire de l'épidémie en attendant un vaccin", avance la Pr Gandhi.
De quoi "donner aux gens une raison supplémentaire de porter le masque", dit à l'AFP le Pr George Rutherford, qui a cosigné l'article avec elle.
Les deux chercheurs font le parallèle avec la "variolisation", technique rudimentaire utilisée au XVIIIe siècle avant l'apparition des vaccins: il s'agissait d'exposer une personne saine à une petite quantité de virus de la variole, dans l'espoir de l'immuniser.
La publication de l'article dans le NEJM a eu un fort écho.
"Certes, ça reste une théorie, mais il y a beaucoup d'arguments en sa faveur", assure à l'AFP le Pr Bruno Hoen, directeur de la recherche médicale à l'Institut Pasteur à Paris.
Selon lui, "on doit porter un regard différent sur l'utilisation du masque", d'abord jugé inutile par les autorités sanitaires, sur fond de pénurie, puis conseillé pour éviter de contaminer les autres.
"C'est une théorie intéressante basée sur une hypothèse raisonnable", ajoute le Pr Archie Clements, épidémiologiste à l'université australienne Curtin.
"Je suis assez sceptique", a en revanche twitté le Dr Angela Rasmussen, virologue à l'université new-yorkaise de Columbia. "C'est une idée intéressante mais il y a trop d'inconnues".
Ses réserves: on n'est pas certain qu'une dose plus faible de virus entraîne une forme moins sévère du Covid, on ne sait pas à quel point le masque réduit cette dose et la durée comme le niveau de l'immunité sont encore mal connus.
"Actuellement, aucune donnée ne prouve que le masque atténue la gravité (de la maladie) ou que cela assurerait une protection via une +variolisation+", a insisté la Pr Rasmussen.
Le problème, c'est que l'hypothèse d'un lien entre la dose de virus et la sévérité de la maladie ne peut pas être vérifiée autrement qu'en comparant des situations déjà existantes, donc avec un niveau de preuve plus faible qu'une étude spécifiquement montée pour cela. En effet, du point de vue éthique, "on ne peut exposer délibérément des humains au virus", souligne la Pr Gandhi.
Pour développer sa théorie, elle s'est toutefois appuyée sur plusieurs travaux.
Elle cite entre autres une étude réalisée sur des hamsters par des chercheurs de Hong Kong.
Ils ont simulé le port d'un masque en le plaçant entre des cages contenant d'une part des hamsters infectés et de l'autre des hamsters sains. Verdict: les hamsters étaient moins susceptibles d'attraper le Covid s'ils étaient "masqués" et, même s'ils l'attrapaient, leurs symptômes étaient plus légers.
Autre argument, la comparaison de la situation sur différents bateaux de croisière touchés par des contaminations.
Sur l'un d'entre eux, où le masque avait été systématisé, "la proportion de malades asymptomatiques était de 81%", contre "40%" dans d'autres navires sur lesquels le masque n'était pas généralisé, fait valoir la Pr Gandhi.
Autant d'éléments qui montrent que cette théorie n'a pas émergé "par hasard", selon le Pr Hoen: "Monica Gandhi est la première à avoir fait la synthèse, de façon très élégante, mais la réflexion avait commencé avant elle".
L'intéressée, elle, rappelle que le masque n'est pas une panacée: "Il doit s'accompagner de la distanciation physique, de l'hygiène des mains et d'autres mesures de santé publique. Nous ne devons pas baisser la garde et les négliger".