Déclassement: le gouvernement ausculte la panne de l'ascenseur social


Jeudi 9 Juillet 2009 - 16:19
AFP


Paris - La panne de l'ascenseur social en France, dénoncée depuis plusieurs années par sociologues et chercheurs, est auscultée de près par le gouvernement qui a reçu jeudi un rapport confirmant cette tendance, surtout pour les jeunes et les femmes.


Déclassement: le gouvernement ausculte la panne de l'ascenseur social
Entre 22 et 25% des trentenaires et des quadragénaires sont aujourd'hui plus bas dans l'échelle sociale que ne l'étaient leurs parents, contre environ 18% au début des années 80, selon le sociologue Camille Peugny, auteur de "Le déclassement" (Grasset, 2009). Cet ouvrage est cité dans le rapport du Conseil d'analyse stratégique (CAS) remis jeudi à la secrétaire d'Etat à la Prospective Nathalie Kosciusko-Morizet.

Le déclassement "est un phénomène en progression" note le rapport qui analyse les niveaux d'étude, de revenus et patrimoine entre les générations.

Globalement, les "mobiles descendants" ou "déclassés" représentaient 21,9% des 30-59 ans en 2003 et 18,6% en 1983. Néanmoins, les "mobiles ascendants" représentaient 38,7% des 30-59 ans en 2003 et 37,7% en 1983. C'est surtout depuis le début des années 90, que l'ascenseur monte moins vite qu'il ne descend, remarque le document.

Selon la secrétaire d'Etat, "le phénomène de déclassement a toujours existé" et "d'un point de vue strictement technique, il a un petit peu augmenté". Mais "le ressenti du déclassement est nettement plus fort, notamment à travers l'explosion des dépenses de logement" chez les classes moyennes, a-t-elle dit.

Elle souligne "la grande variété de situations" et l'absence de profil-type de déclassé, mais relève cependant "une surreprésentation des femmes, des jeunes et des chômeurs longue durée".

"Dans une famille, entre le frère et la soeur, la soeur a plus de risque de ne pas maintenir la position sociale des parents que le frère, c'est choquant" ajoute-t-elle.

De plus, depuis le début des années 80, l'accès aux positions supérieures est devenu "plus inégal" et l'avantage relatif des enfants de cadre -ceux que le sociologue Pierre Bourdieu appelait "les Héritiers"- sur ceux de milieu modeste s'est "plutôt accentué", comme le montrent les études du Centre d'études et de recherches sur les qualifications (Cereq) citées dans le rapport.

Le déclassement n'épargne plus les diplômés. A la fin des années 60, 70% des bacheliers accédaient à un emploi de cadre ou de profession intermédiaire, contre 22% aujourd'hui. Et depuis 2002, la part des postes non qualifiés dans l'emploi des diplômes du supérieur long a fortement augmenté, seuls les élèves issus des grandes écoles étant encore assurés d'occuper un emploi de cadre.

Côté vacances, le déclassement touche surtout les jeunes. Ce sont aujourd'hui les seniors qui disposent du temps et des moyens financiers pour prendre des congés.

Les dépenses contraintes (logement, électricité, eau, gaz, combustibles) affectent surtout les catégories modestes et représentent 46% de leurs dépenses contre 22% en 1979.

Le rapport propose "trois priorités" au gouvernement: insertion initiale des jeunes dans l'emploi, accès à la propriété pour les classes moyennes, et "poursuite de la réforme de l'Etat-providence dans le sens d'une plus grande équité inter et intra-générationnelle", avec notamment en ligne de mire l'évolution du système de retraites.

Il préconise en particulier de favoriser l'orientation des filles vers des filières scientifiques et technologiques et la mise en place pour les étudiants d'un dispositif de prêt à remboursement contingent au revenu (Parc).


           

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