La troupe s'est baptisée "La Chose publique", du nom d'un petit ouvrage sur l'invention de la politique signé par un ancien universitaire lyonnais, Philippe Dujardin. Quand elle reçoit commande, dans le cadre de la politique de la ville, pour un projet de médiation sur Vaulx, Claudia Stavisky, la directrice des Célestins, choisit de travailler sur ce livre.
"Dans la période où l'on vit, parler de la chose commune, de la République, c'est fondamental", estime-t-elle. Son idée est d'en tirer une pièce jouée par des comédiens amateurs, de tous âges et de toutes origines.
Durant l'année scolaire 2014-2015, le texte sert de base, dans trois collèges, à des discussions sur l'humanité, le sacré, la nation, l'école, l'exclusion, le pouvoir, la Constitution, le public, l'intime, les femmes, l'égalité, etc. Quelque 250 élèves de quatrième y prennent part avec leurs professeurs, une comédienne chargée d'un travail d'expression orale et l'auteur.
"Cher Dujardin, je tiens à vous remerciez pour le faite que vous vous soyez déplacer pour nous expliquer votre raisonnement", lui écrit une collégienne, avec quelques fautes d'orthographe, à la fin du cycle, tandis qu'un autre confie ne plus avoir honte, désormais, de parler devant la classe.
Certains adolescents se frottent même au théâtre. Mais aucun d'entre eux, au final, ne tient la distance du projet, exigeant en termes d'engagement. Pour recruter des acteurs, les Célestins font appel aux - nombreuses - associations de la ville. Ils remontent également la billetterie du théâtre sur plusieurs années pour y repérer les - rares - Vaudais venus voir un spectacle à Lyon.
Une centaine de courriers leur sont adressés et Nathalie Donet en reçoit un. "Je me suis dit: tiens ! les Célestins, mais qu'est-ce qu'ils viennent faire ici ?", se souvient-elle aujourd'hui, un sourire aux lèvres.
- 'Venir nous chercher' -
Cette jeune mère qui a repris des études de communication, fait partie des douze femmes et quatre hommes, de 18 à 68 ans, retenus dans la troupe parmi la cinquantaine d'habitants ayant participé, au moins une fois, à des ateliers - improvisation, interprétation, écriture, chant, gestuelle - encadrés par des professionnels durant la saison 2015-2016.
Des séances hebdomadaires, devenues quotidiennes sur la fin, malgré les contraintes de chacun. Une participante bulgare, Diana Nikolova, venait ainsi aux répétitions avec son jeune fils.
"Senssala, fragments de vie cousus", qui sera jouée jeudi, s'inspire de "La Chose publique" mais aussi des histoires personnelles des habitants-comédiens, souvent difficiles. "N'essaye pas de nous faire croire que ta vie, elle était complètement joyeuse, non plus !", lance un personnage à un autre dans la pièce, qui raconte la naissance mouvementée d'une communauté idéale.
Avant les Célestins à Lyon et, peut-être, d'autres scènes de la métropole, la première a été jouée en décembre au centre Charlie-Chaplin de Vaulx-en-Velin. Le préfet à l'égalité des chances et une adjointe au maire étaient dans la salle.
"C'est bien de mettre le projecteur sur une ville qui a une image négative", estimait Zaïa Mehallel après la représentation, en rangeant son costume sur un cintre.
"Venir nous chercher sur notre territoire sans être stigmatisés et nous proposer une aventure de cette qualité, c'est un cadeau immense", résume de son côté Naziha Chalabi. "Si l'on avait dû se payer des cours de théâtre, on n'aurait jamais connu tout ça", renchérit Rahma Zeraï, doyenne de la troupe. Pour Mehdi Ait Hamoudi, "ce serait super que d'autres, à Bron ou Vénissieux (d'autres communes défavorisées proches de Lyon), puissent vivre ce qu'on a vécu".
La culture contre la fracture sociale ? La recette n'est pas nouvelle mais les "quartiers" se heurtent encore aux frontières du "vivre ensemble" que promeuvent tous les discours politiques, ou presque. En l'incarnant sur les planches, ces Vaudais ouvrent une brèche.
"Dans la période où l'on vit, parler de la chose commune, de la République, c'est fondamental", estime-t-elle. Son idée est d'en tirer une pièce jouée par des comédiens amateurs, de tous âges et de toutes origines.
Durant l'année scolaire 2014-2015, le texte sert de base, dans trois collèges, à des discussions sur l'humanité, le sacré, la nation, l'école, l'exclusion, le pouvoir, la Constitution, le public, l'intime, les femmes, l'égalité, etc. Quelque 250 élèves de quatrième y prennent part avec leurs professeurs, une comédienne chargée d'un travail d'expression orale et l'auteur.
"Cher Dujardin, je tiens à vous remerciez pour le faite que vous vous soyez déplacer pour nous expliquer votre raisonnement", lui écrit une collégienne, avec quelques fautes d'orthographe, à la fin du cycle, tandis qu'un autre confie ne plus avoir honte, désormais, de parler devant la classe.
Certains adolescents se frottent même au théâtre. Mais aucun d'entre eux, au final, ne tient la distance du projet, exigeant en termes d'engagement. Pour recruter des acteurs, les Célestins font appel aux - nombreuses - associations de la ville. Ils remontent également la billetterie du théâtre sur plusieurs années pour y repérer les - rares - Vaudais venus voir un spectacle à Lyon.
Une centaine de courriers leur sont adressés et Nathalie Donet en reçoit un. "Je me suis dit: tiens ! les Célestins, mais qu'est-ce qu'ils viennent faire ici ?", se souvient-elle aujourd'hui, un sourire aux lèvres.
- 'Venir nous chercher' -
Cette jeune mère qui a repris des études de communication, fait partie des douze femmes et quatre hommes, de 18 à 68 ans, retenus dans la troupe parmi la cinquantaine d'habitants ayant participé, au moins une fois, à des ateliers - improvisation, interprétation, écriture, chant, gestuelle - encadrés par des professionnels durant la saison 2015-2016.
Des séances hebdomadaires, devenues quotidiennes sur la fin, malgré les contraintes de chacun. Une participante bulgare, Diana Nikolova, venait ainsi aux répétitions avec son jeune fils.
"Senssala, fragments de vie cousus", qui sera jouée jeudi, s'inspire de "La Chose publique" mais aussi des histoires personnelles des habitants-comédiens, souvent difficiles. "N'essaye pas de nous faire croire que ta vie, elle était complètement joyeuse, non plus !", lance un personnage à un autre dans la pièce, qui raconte la naissance mouvementée d'une communauté idéale.
Avant les Célestins à Lyon et, peut-être, d'autres scènes de la métropole, la première a été jouée en décembre au centre Charlie-Chaplin de Vaulx-en-Velin. Le préfet à l'égalité des chances et une adjointe au maire étaient dans la salle.
"C'est bien de mettre le projecteur sur une ville qui a une image négative", estimait Zaïa Mehallel après la représentation, en rangeant son costume sur un cintre.
"Venir nous chercher sur notre territoire sans être stigmatisés et nous proposer une aventure de cette qualité, c'est un cadeau immense", résume de son côté Naziha Chalabi. "Si l'on avait dû se payer des cours de théâtre, on n'aurait jamais connu tout ça", renchérit Rahma Zeraï, doyenne de la troupe. Pour Mehdi Ait Hamoudi, "ce serait super que d'autres, à Bron ou Vénissieux (d'autres communes défavorisées proches de Lyon), puissent vivre ce qu'on a vécu".
La culture contre la fracture sociale ? La recette n'est pas nouvelle mais les "quartiers" se heurtent encore aux frontières du "vivre ensemble" que promeuvent tous les discours politiques, ou presque. En l'incarnant sur les planches, ces Vaudais ouvrent une brèche.