Des journalistes toujours enfermés au Rixos après la chute du QG de Kadhafi


Mercredi 24 Août 2011 - 12:35
AFP


Tripoli - Après quatre jours de siège, une trentaine de journalistes étrangers dont un reporter de l'AFP attendaient toujours mercredi de pouvoir quitter leur hô tel, situé à un seul kilomètre du QG de Mouammar Kadhafi pris par les rebelles.


Des journalistes toujours enfermés au Rixos après la chute du QG de Kadhafi
La grande partie des soldats armés qui surveillaient les journalistes à l'hô tel Rixos ont disparu, après la prise du QG de Kadhafi, laissant une poignée derrière eux habillés en civil et armés de kalachnikov.

Portant gilets pare-balles et casques, les journalistes sont logés au premier étage de l'établissement. L'électricité y a été rétablie mais pas l'eau. Le réseau de téléphonie mobile reste néanmoins très perturbé.

Ils disent être dans le noir, ne sachant pas ce qui les attend; soit les rebelles vont débarquer à leur hô tel sans résistance, soit il y aura des combats. Il ont accroché des banderoles sur lesquelles ils ont écrit: TV, Presse, ou en encore en arabe: "presse, ne tirez pas".

Le matin, certains des journalistes ont tenté de s'aventurer à quelques mètres hors de l'hô tel du centre de la capitale mais des tirs ont éclaté. Et l'un des hommes armés leur a ordonné de rentrer. "Il faut attendre, soit les rebelles vont venir soit les soldats" du régime, leur a-t-il lancé.

Les journalistes disent aussi craindre les francs-tireurs.

Reporters sans frontières (RSF) a appelé mercredi les "parties en présence" à "assurer la sécurité des journalistes qui couvrent les événements dans le pays", notamment ceux de l'hô tel Rixos.

"L'hô tel est assiégé par des partisans de Mouammar Kadhafi. Ils empêchent les journalistes de sortir. Ces derniers sont pris en otage au premier étage du bâtiment, prisonniers d'un régime qui refuse de rendre les armes", s'alarme l'ONG, qui chiffre le nombre de journalistes retenus à 37.

La veille, l'hô tel a essuyé des tirs de balles perdues au moment où le QG du dirigeant Mouammar Kadhafi dans le quartier de Bab al-Aziziya tombait aux mains des rebelles. Le complexe est séparé de l'hô tel par un espace boisé.

Le correspondant de la BBC, Matthew Price, a parlé d'une situation "désespérée". "La situation s'est détériorée fortement dans la nuit lorsque nous avons réalisé que nous ne pourrons pas quitter l'hô tel de notre propre gré".

"Les hommes armés sillonnent les corridors. Je pense qu'il y a toujours des snipers sur le toit de l'hô tel et nos mouvements sont très limités", a-t-il dit.

"Les journalistes sont très nerveux. Une AK47 vient d'être pointée sur un cameraman de la (télévision britannique) ITN. Un garde s'est approché de lui et l'a poussé en arrière pointant son arme contre lui. Il est bien maintenant là cela s'est terminé amicalement".

"Il nous est vraiment très difficile de voir pour le comment on pourrait s'en sortir", a-t-il ajouté.

Des tirs sporadiques avaient été aussi entendus dans l'établissement. Durant les derniers jours, les hommes armés, en nombre plus grand, entraient se ravitailler ou faire un tour de surveillance dans l'hô tel.

Les journalistes avaient été privés pendant deux nuits d'eau et d'électricité, alors que la nourriture se fait rare. Une relation de camaraderie s'est néanmoins nouée entre les reporters qui tentent de garder le moral.

L'hô tel avait été déserté depuis plusieurs jours par son personnel et sa direction. Et des officiels du régime ont aussi disparu de l'établissement qui leur servait de siège durant ces derniers mois.

Même Seif al-Islam, fils influent de Mouammar Kadhafi, y était venu lundi avant l'aube après avoir été donné pour capturé par le rebelles. Lui, son père et toute la famille Kadhafi reste introuvable.

Les journalistes ont reçu des laissez-passer de l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) en vue d'une éventuelle évacuation par mer.


           

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