Des migrants expulsés de Macédoine vers le camp grec surpeuplé d’Idoméni


Mercredi 16 Mars 2016 - 10:16
RFI - REUTERS - Sasa Kavic


L’Europe semble bien avoir fermé ses portes : la route des Balkans, empruntée jusque-là par des milliers de migrants fuyant la guerre en Syrie, en Irak et en Afghanistan, est coupée depuis une semaine. Lundi 14 mars, quelque 1 500 réfugiés bloqués en Grèce avaient réussi à forcer le passage pour entrer en Macédoine. Mardi ils ont été expulsés vers le camp grec d’Idoméni. Une décision qui a surpris Athènes.


Alexis Tsipras appelle les 12 000 réfugiés massés à Idomeni à la frontière entre la Grèce et la Macédoine à en prendre acte et à rejoindre les différents centres d’accueil à travers le pays.
Alexis Tsipras appelle les 12 000 réfugiés massés à Idomeni à la frontière entre la Grèce et la Macédoine à en prendre acte et à rejoindre les différents centres d’accueil à travers le pays.
La Macédoine a pris sa décision unilatéralement. Sans en aviser leurs voisins grecs, les autorités macédoniennes ont renvoyé les 1 500 migrants entrés illégalement sur leur territoire. L’armée macédonienne a formé plusieurs petits groupes de réfugiés, les a embarqués dans des camions en direction de la frontière avec la Grèce. Ces centaines de migrants ont dû faire la traversée en sens inverse pour regagner leur camp de fortune à Idoméni, côté grec.

Au final, c’est un retour à la case départ. Pourtant, l’expédition de ces réfugiés avait été soigneusement préparée. Athènes soupçonne un groupe de militants étrangers, pro-réfugiés, des Allemands notamment, d’avoir imprimé des tracts en arabe avec carte de la région à l’appui pour indiquer le chemin vers la Macédoine.

En Grèce, une enquête est ouverte mais en attendant la route des Balkans reste fermée, affirme le Premier ministre grec. Intransigeant, Alexis Tsipras appelle les 12 000 réfugiés massés à Idoméni à la frontière entre la Grèce et la Macédoine à en prendre acte et à rejoindre les différents centres d’accueil à travers le pays. 
La situation à Idomeni est tragique, reconnaît de son côté le Commissaire européen aux migrations, en visite dans ce camp. Mais pour lui la seule solution est de suivre des voies « légales » de répartition dans l'Union européenne.

Reportage à Idoméni

Avec notre correspondant dans les Balkans, Jean-Arnault Derens

Mardi soir, selon la police grecque, ils étaient 10 500, dont une bonne moitié de femmes et d’enfants, 10 500 à piétiner dans la boue, sous une pluie qui n’en finit pas de tomber, sans pouvoir se laver, face à une frontière hermétiquement fermée. Les maladies se répandent. Le camp vit au rythme des distributions de nourriture, toujours bien insuffisantes.

Certains se laissent convaincre de repartir vers Athènes, pour prétendre à une hypothétique « relocalisation » dans un pays de l’Union européenne, d’autres veulent tenter l’aventure d’une « route alternative », qui pourrait passer par l’Albanie. Lundi, Abou faisait partie des 1 000 à 1 500 réfugiés qui ont forcé le passage, franchissant la frontière macédonienne. « Normalement, je devrais avoir le droit de demander l'asile dans tous les pays d'Europe parce que je suis Syrien. Mais la Macédoine, la Serbie et la Croatie ne veulent pas me laisser passer. Hier, les soldats de l'armée macédonienne m'ont frappé après que j'ai traversé la frontière par la rivière. Ils m'ont cassé deux doigts et j'ai le bras en écharpe. »

Le jeune homme a été renvoyé par la police macédonienne en Grèce, et se retrouve dans le camp d’Idoméni. Il veut à tout prix « rester calme », mais exclut tout retour en arrière. Il restera ici jusqu’à qu’on lui permette enfin de poursuivre son voyage vers l’Europe occidentale.

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