Devant les locaux incendiés de Charlie Hebdo, défilent les amis du journal


Mercredi 2 Novembre 2011 - 15:10
AFP


Paris - Rédaction incendiée, fenêtres cassées, système informatique hors d'usage: le siège de l'hebdomadaire satirique Charlie Hebdo à Paris, victime d'un incendie criminel, a reçu mercredi la visite de responsables politiques et de particuliers venus apporter leur soutien.


Devant les locaux incendiés de Charlie Hebdo, défilent les amis du journal
"Au rez-de-chaussée et sur la mezzanine tout est cassé, noir, plein de suie, des claviers ont fondu, c'est inutilisable", explique le directeur de la publication, le dessinateur Charb aux salariés du journal.

"L'unité centrale est peut-être réutilisable, les archives papier n'ont pas l'air d'avoir trop souffert", ajoute-t-il devant les multiples amis du journal qui défilent.

Sur le trottoir, devant les bureaux appartenant au parc immobilier d'entreprise de la mairie de Paris où s'amoncellent des cartons souillés et des sacs publicitaires éventrés, un immense débat entre les journalistes et les dessinateurs du titre s'engage avec les visiteurs venus marquer leur solidarité, devant des caméras du monde entier.

"Je suis musulman et je viens vous apporter ma solidarité, si ce sont des musulmans qui ont fait ça, j'ai honte", affirme Tahar Klaa, de nationalité tunisienne.

"Cette action est débile, très mauvaise pour l'image de l'islam", ajoute Fatiha. "Cela a du être perpétré par des étrangers car nous arabes français, on respecte la liberté de la presse".

Le dessinateur Luz, auteur de la couverture représentant Mahomet déclarant "100 coups de fouet, si vous n'êtes pas morts de rire" ne comprend pas: "La couverture n'est pas méchante, à moins qu'ils veuillent vraiment nous interdire de représenter Mahomet, mais on pense que les auteurs n'avaient même pas vu le journal qui sortait seulement ce matin".

Un autre dessinateur, plus ancien, Georges Wolinski a un point de vue différent: "On a pris des risques avec une provocation inutile. Fallait-il faire cette couverture? Je n'en sais rien, la société a tellement changé".

Un autre journaliste du titre, Antonio Fischetti, estime "il ne faut pas céder à la peur, cet incendie me donne envie de persévérer, le droit au blasphème fait partie de l'ADN de la démocratie".

La députée de l'arrondissement George Pau-Langevin (PS) vient apporter son soutien: "Nous sommes un arrondissement qui accueille dans l'harmonie le monde entier dans la tolérance, on ne comprend pas ce geste".

Sihem Habchi, présidente de Ni putes Ni soumises, est venue "apporter notre soutien (à un journal) qui a toujours été du côté des femmes", tandis que Dominique Sopo, président de SOS Racisme, a défendu "l'idée d'un droit au blasphème".

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant, arrivé sur place, dénonce un "attentat" et prévient que "si certains croient pouvoir imposer une façon de voir à la République française (...) ils se trompent, ils seront combattus, les Français n'accepteront pas cet impérialisme".

Le médecin urgentiste Patrick Pelloux, chroniqueur à Charlie Hebdo, est certain que le titre sortira à nouveau mercredi prochain et compte proposer comme titre à la une "Même pas peur".

Conséquence indirecte de cet incendie, le journal tiré à 75.000 exemplaires s'est arraché aux premières heures du jour à Paris dans les points de vente, et un nouveau tirage est en cours.


           

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