Dix ans après son mariage, la princesse Letizia peine à conquérir les Espagnols


Jeudi 22 Mai 2014 - 10:54
AFP


Madrid - Quand l'ancienne journaliste de télévision Letizia Ortiz a épousé l'héritier de la couronne d'Espagne, le prince Felipe, vêtue d'une robe somptueuse face à un parterre de personnalités admiratives, le pays espérait que l'absence de sang royal dans ses veines l'aiderait à conquérir les coeurs.


Dix ans plus tard - le couple s'est marié le 22 mai 2004 - l'affection des Espagnols pour Letizia, première roturière promise à devenir reine d'Espagne, reste tiède alors que la popularité de son mari n'est plus à démontrer.

Mince à l'extrême, élégante et posée sous sa lisse chevelure blonde, cette petite-fille d'un chauffeur de taxi s'attire les critiques en apparaissant souvent froide et distante en public.

"Letizia s'est toujours comportée de manière très discrète, restant toujours au second plan. Il est possible que cela lui ait enlevé une partie de sa spontanéité et l'ait éloignée de la population. Mais cela lui a permis aussi d'éviter de faire des gaffes en certaines occasions", souligne Jose Miguel de Elias, directeur de l'institut de sondage Sigma Dos.

A peine plus de la moitié des Espagnols - 53,3% - estimaient que Letizia avait répondu à leurs attentes et seulement quatre sur dix la voyaient prête à devenir reine, selon une enquête menée par cet institut en 2012, l'année de ses 40 ans.

Un Espagnol sur deux a une opinion haute ou très haute de la princesse, révélait en janvier un sondage de Sigma Dos, un niveau resté à peu près constant depuis son arrivée dans la Famille royale. Son époux, grand aux yeux bleus, le sourire chaleureux et bienveillant, recueille deux tiers d'opinions semblables.

- 'Sourire davantage' -

Une partie du problème vient de ce que le Palais royal a relégué la princesse à un rôle secondaire afin de laisser les projecteurs braqués sur son époux, analyse Jose Apezarena, auteur d'un livre sur le couple princier.

"A un moment, on a craint qu'elle puisse faire de l'ombre au prince, car elle a une plus grande capacité à communiquer. Alors la décision a été prise que dans le couple, le personnage principal ce serait lui", explique l'écrivain.

Letizia, bien connue des Espagnols avant son mariage car elle présentait les informations sur la télévision publique TVE, n'a assisté seule qu'à 190 actes officiels depuis son mariage, selon un décompte du quotidien El Pais.

Avec son époux, elle a assisté à 1.516 événements officiels, son rôle se limitant généralement à écouter attentivement, l'air sérieux quand Felipe prend la parole, et à applaudir.

"Letizia a le problème d'être trop consciencieuse. Le prince lui-même a parfois dit qu'elle devait sourire davantage", remarque José Apezarena.

"Elle est très appliquée, très exigeante envers elle-même. Elle est consciente de son rôle et cela la fait paraître sérieuse, même un peu dure. Mais elle ne veut pas paraître différente de ce qu'elle est".

Le jour même de l'annonce officielle de ses fiançailles, en novembre 2003, elle se fait la réputation d'être une femme de tête. "Laisse-moi terminer!", lance-t-elle à Felipe, qui lui coupe la parole alors qu'elle répond aux questions des journalistes.

"Je crois qu'il lui manque un peu de diplomatie, non pas parce qu'une femme doit être docile, mais parce qu'elle doit respecter un peu le protocole. Cela a surpris les gens", remarque Jaime Penafiel, ancien directeur du magazine people Hola, farouche critique de la princesse.

"Elle est restée exactement la même durant ces dix années", ajoute-t-il.

Aujourd'hui, Letizia continue à susciter le même intérêt. Les magazines people voient leurs ventes gonfler quand elle apparaît en couverture et aiment publier des photos d'elle, en tenue décontractée, faisant ses courses ou assistant à un concert de rock avec son époux.

Le couple, qui a deux petites filles blondes, Leonor et Sofia, a gardé ses distances avec la soeur aînée de Felipe, Cristina, et l'époux de celle-ci, Iñaki Urdangarin, emportés dans un scandale judiciaire dans lequel tous deux sont mis en examen.

Pour Jose Apezarena, la princesse, malgré ses défauts, mérite plus d'indulgence. "A-t-elle commis une faute grave? Rien de grave", conclut-il.


           

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