- A L'ORIGINE, UN SCANDALE DE DOPAGE INSTITUTIONNEL -
Le scandale démarre le 3 décembre 2014, dix mois après les Jeux olympiques de Sotchi, quand un documentaire de la chaîne allemande ARD révèle un dopage à grande échelle dans l'athlétisme russe, couvert par les autorités du pays. Une première commission de l'AMA rend des conclusions accablantes en novembre 2015, provoquant la suspension de l'agence antidopage russe (Rusada) et celle de la fédération russe d'athlétisme.
Les plus fortes répliques du séisme sont encore à venir: le 12 mai 2016, dans le New York Times, l'ancien directeur du labo antidopage de Moscou, Grigory Rodchenkov, en fuite aux Etats-Unis, révèle que les JO de Sotchi ont été le théâtre d'une triche systématique en faveur des Russes, arrivés en tête au tableau des médailles. Le médecin devient le témoin clé d'une nouvelle commission de l'AMA, dirigée par l'avocat canadien Richard McLaren, qui dévoile un système de dopage institutionnel ayant pu bénéficier à plus d'un millier de sportifs entre 2011 et 2015. Des échantillons ont été truqués aux JO de 2014, sur les bords de la mer Noire. Quant au labo de Moscou, le ministère des Sports y intervenait pour "blanchir" des contrôles positifs.
- QUELLES SANCTIONS ONT ETE PRISES ? -
Sur la foi du rapport McLaren, l'AMA recommande de bannir la Russie des Jeux de Rio-2016, mais le Comité international olympique (CIO) s'y refuse et 276 sportifs sont autorisés à concourir dans tous les sports, sauf dans l'athlétisme, qui a déjà exclu le pays.
A de rares exceptions, les fédérations internationales n'ont pas ouvert de procédures disciplinaires contre des sportifs russes, en l'absence des échantillons d'urine, restés au laboratoire de Moscou ou détruits.
Pour les JO-2014, le CIO a pu compter sur les flacons qu'il a conservés. Sauf que certains ont pu être truqués et ne sont plus des preuves tangibles. Résultat: sur 43 sportifs sanctionnés par des retraits de médailles et disqualifications à vie, le Tribunal arbitral du sport (TAS), l'organe disciplinaire suprême, a annulé 28 décisions pour manque de preuves. Accusé d'indulgence à Rio, le CIO se montre plus ferme pour les JO-2018 de Pyeongchang, en excluant drapeau et hymne russes. Mais une délégation de 169 sportifs d'une équipe d'"athlètes olympiques de Russie" est quand même acceptée en Corée du Sud.
- POURQUOI L'AMA EXIGEAIT LES DONNEES ? -
Depuis les rapports McLaren, les enquêteurs de l'AMA avaient récupéré, grâce à un lanceur d'alerte, une autre pièce du puzzle, le Système de gestion de l'information des laboratoires ("le LIMS"), la base de données recensant les contrôles du labo de Moscou entre 2012 et 2015. Pour disposer de preuves encore plus solides et ouvrir des dossiers disciplinaires contre des sportifs, l'agence a exigé d'avoir accès au laboratoire de Moscou et de copier ses serveurs informatiques. Elle les a obtenus début 2019.
Début juillet, l'AMA a annoncé qu'après une première analyse, près de 300 sportifs russes soupçonnés de dopage avaient été identifiés et que les dossiers de 43 d'entre eux avaient déjà été transmis aux fédérations sportives internationales. L'agence a réaffirmé à plusieurs reprises que ces 43 dossiers demeuraient valables, malgré la falsification de données remises par les Russes à l'AMA.
Depuis le tout début de l'affaire, une poignée de biathlètes, au moins douze athlètes et douze haltérophiles russes ont été suspendus sur la base des enquêtes ou des éléments récupérés par l'AMA. Mais la prescription, de huit ou dix ans selon les cas, commence à guetter les futurs dossiers.
- POURQUOI L'AMA PEUT DESORMAIS BARRER LA ROUTE DES JO AUX RUSSES ? -
Depuis le camouflet que lui a infligé le CIO pour les JO de Rio-2016, et pour restaurer sa crédibilité après le scandale russe, l'AMA s'est dotée d'un véritable arsenal de sanctions. Désormais, son comité exécutif peut prendre des mesures sportives en guise de punition, en suivant ou non les recommandations de son comité de révision de la conformité (CRC). Ce CRC, dirigé par un avocat britannique, Jonathan Taylor, a recommandé, entre autres, une exclusion pendant quatre ans du drapeau russe des Jeux olympiques, ainsi que des Championnats du monde, en laissant la possibilité ouverte à des sélections de sportifs neutres. Le comité exécutif de l'AMA, composé à parts égales de représentants des gouvernements et du mouvement olympique, se réunira le 9 décembre à Paris.
Pour cette première réunion, il ne pourra accepter qu'en bloc les recommandations ou renvoyer le dossier au CRC. Ce n'est que lors d'une seconde réunion que le comité exécutif de l'AMA pourrait définir ses propres sanctions. Mais le dernier mot reviendra au Tribunal arbitral du sport (TAS), devant lequel la Russie pourra faire appel. Une rude bataille d'avocats en perspective.
Le scandale démarre le 3 décembre 2014, dix mois après les Jeux olympiques de Sotchi, quand un documentaire de la chaîne allemande ARD révèle un dopage à grande échelle dans l'athlétisme russe, couvert par les autorités du pays. Une première commission de l'AMA rend des conclusions accablantes en novembre 2015, provoquant la suspension de l'agence antidopage russe (Rusada) et celle de la fédération russe d'athlétisme.
Les plus fortes répliques du séisme sont encore à venir: le 12 mai 2016, dans le New York Times, l'ancien directeur du labo antidopage de Moscou, Grigory Rodchenkov, en fuite aux Etats-Unis, révèle que les JO de Sotchi ont été le théâtre d'une triche systématique en faveur des Russes, arrivés en tête au tableau des médailles. Le médecin devient le témoin clé d'une nouvelle commission de l'AMA, dirigée par l'avocat canadien Richard McLaren, qui dévoile un système de dopage institutionnel ayant pu bénéficier à plus d'un millier de sportifs entre 2011 et 2015. Des échantillons ont été truqués aux JO de 2014, sur les bords de la mer Noire. Quant au labo de Moscou, le ministère des Sports y intervenait pour "blanchir" des contrôles positifs.
- QUELLES SANCTIONS ONT ETE PRISES ? -
Sur la foi du rapport McLaren, l'AMA recommande de bannir la Russie des Jeux de Rio-2016, mais le Comité international olympique (CIO) s'y refuse et 276 sportifs sont autorisés à concourir dans tous les sports, sauf dans l'athlétisme, qui a déjà exclu le pays.
A de rares exceptions, les fédérations internationales n'ont pas ouvert de procédures disciplinaires contre des sportifs russes, en l'absence des échantillons d'urine, restés au laboratoire de Moscou ou détruits.
Pour les JO-2014, le CIO a pu compter sur les flacons qu'il a conservés. Sauf que certains ont pu être truqués et ne sont plus des preuves tangibles. Résultat: sur 43 sportifs sanctionnés par des retraits de médailles et disqualifications à vie, le Tribunal arbitral du sport (TAS), l'organe disciplinaire suprême, a annulé 28 décisions pour manque de preuves. Accusé d'indulgence à Rio, le CIO se montre plus ferme pour les JO-2018 de Pyeongchang, en excluant drapeau et hymne russes. Mais une délégation de 169 sportifs d'une équipe d'"athlètes olympiques de Russie" est quand même acceptée en Corée du Sud.
- POURQUOI L'AMA EXIGEAIT LES DONNEES ? -
Depuis les rapports McLaren, les enquêteurs de l'AMA avaient récupéré, grâce à un lanceur d'alerte, une autre pièce du puzzle, le Système de gestion de l'information des laboratoires ("le LIMS"), la base de données recensant les contrôles du labo de Moscou entre 2012 et 2015. Pour disposer de preuves encore plus solides et ouvrir des dossiers disciplinaires contre des sportifs, l'agence a exigé d'avoir accès au laboratoire de Moscou et de copier ses serveurs informatiques. Elle les a obtenus début 2019.
Début juillet, l'AMA a annoncé qu'après une première analyse, près de 300 sportifs russes soupçonnés de dopage avaient été identifiés et que les dossiers de 43 d'entre eux avaient déjà été transmis aux fédérations sportives internationales. L'agence a réaffirmé à plusieurs reprises que ces 43 dossiers demeuraient valables, malgré la falsification de données remises par les Russes à l'AMA.
Depuis le tout début de l'affaire, une poignée de biathlètes, au moins douze athlètes et douze haltérophiles russes ont été suspendus sur la base des enquêtes ou des éléments récupérés par l'AMA. Mais la prescription, de huit ou dix ans selon les cas, commence à guetter les futurs dossiers.
- POURQUOI L'AMA PEUT DESORMAIS BARRER LA ROUTE DES JO AUX RUSSES ? -
Depuis le camouflet que lui a infligé le CIO pour les JO de Rio-2016, et pour restaurer sa crédibilité après le scandale russe, l'AMA s'est dotée d'un véritable arsenal de sanctions. Désormais, son comité exécutif peut prendre des mesures sportives en guise de punition, en suivant ou non les recommandations de son comité de révision de la conformité (CRC). Ce CRC, dirigé par un avocat britannique, Jonathan Taylor, a recommandé, entre autres, une exclusion pendant quatre ans du drapeau russe des Jeux olympiques, ainsi que des Championnats du monde, en laissant la possibilité ouverte à des sélections de sportifs neutres. Le comité exécutif de l'AMA, composé à parts égales de représentants des gouvernements et du mouvement olympique, se réunira le 9 décembre à Paris.
Pour cette première réunion, il ne pourra accepter qu'en bloc les recommandations ou renvoyer le dossier au CRC. Ce n'est que lors d'une seconde réunion que le comité exécutif de l'AMA pourrait définir ses propres sanctions. Mais le dernier mot reviendra au Tribunal arbitral du sport (TAS), devant lequel la Russie pourra faire appel. Une rude bataille d'avocats en perspective.