
Présenté en sélection officielle au Festival de Cannes, en mai dernier, à la fureur du ministre italien de la Culture qui avait décidé de boycotter la Croisette, le film pourrait être sous-titré "La Ville et les chiens".
Car sur les ruines de cette cité médiévale, comme partout dans l'Italie contemporaine, assure l'auteure, là où l'on creuse le scandale éclate.
A la manière d'un Michael Moore transalpin, Sabina Guzzanti s'est rendue à L'Aquila pour enquêter quelques mois après le tremblement de terre du 6 avril 2009 qui avait fait 309 morts.
Elle découvre alors que la gestion des suites de la catastrophe, relogement et reconstruction compris, a été intégralement confiée à un organisme parallèle aux institutions publiques: la Protection civile, censée porter secours et assistance aux populations et de fait constituée d'hommes proches du pouvoir qui leur confie l'argent public sans en contrôler l'usage.
Dans un premier temps, la télévision a insisté sur l'inauguration de nouveaux logements tout neufs, à l'extérieur de la ville, et sur la satisfaction des bénéficiaires qui encensaient en direct leur bienfaiteur, Silvio Berlusconi. On a vu des vieux installés dans les villages de vacances, réconfortés par des soirées dansantes en bord de mer.
Mais à l'approche de l'hiver, la réalité a émergé: en réalité, l'exil s'éternise, les vieux s'ennuient, les familles n'aspirent qu'à retrouver leur foyer, mais personne n'a songé à rebâtir la ville ni à relancer l'emploi.
"La particularité de ce tremblement de terre a été la gestion non démocratique des opérations, avec une volonté immédiate et manifeste d'en tirer profit et de manipuler l'opinion publique", accuse la réalisatrice dans une interview à l'AFP.
"La protection civile a changé dès le premier mandat Berlusconi en 2001 et ensuite ses pouvoirs ont été étendus de façon exponentielle, sans que l'opinion publique en soit informée".
Elle accuse notamment son chef, Guido Bertolaso, soupçonné d'avoir truqué les appels d'offres, d'avoir pris entièrement le contrôle de la reconstruction de la ville.
Pour elle, les plaies de L'Aquila sont symptomatiques de cet abandon du bien commun et du contrôle démocratique au profit des proches du pouvoir.
Elle donne ainsi à entendre un échange téléphonique entre deux entrepreneurs au matin du séisme, qui se félicitent de la violence des secousses: "Quand j'ai entendu ça, j'ai bien ri!", confie l'un tout à ses espérances de rentrées juteuses.
Très sévère avec la classe politique italienne, Sabina Guzzanti estime que son film montre aussi pourquoi Silvio Berlusconi en est à son troisième mandat, notamment "l'absence d'opposition depuis plus de 15 ans".
Et puis la force convaincante de la propagande: "Les gens finissent par croire davantage ce qu'ils voient à la télévision que ce qu'ils vivent".
Et enfin, le "vote d'échange": "c'est donnant-donnant: tu travailles à condition de voter comme je te le dis. Et ce n'est pas considéré comme un délit en Italie", accuse-t-elle.
Aujourd'hui, la vie à L'Aquila n'a pas changé: "La ville reste à l'état d'abandon. On n'a même pas évalué les dégâts. La moitié de la population n'a plus de toit, il n'y a plus ni magasins ni entreprises. Les gens sont vraiment dans un état désespéré", assure-t-elle.
Car sur les ruines de cette cité médiévale, comme partout dans l'Italie contemporaine, assure l'auteure, là où l'on creuse le scandale éclate.
A la manière d'un Michael Moore transalpin, Sabina Guzzanti s'est rendue à L'Aquila pour enquêter quelques mois après le tremblement de terre du 6 avril 2009 qui avait fait 309 morts.
Elle découvre alors que la gestion des suites de la catastrophe, relogement et reconstruction compris, a été intégralement confiée à un organisme parallèle aux institutions publiques: la Protection civile, censée porter secours et assistance aux populations et de fait constituée d'hommes proches du pouvoir qui leur confie l'argent public sans en contrôler l'usage.
Dans un premier temps, la télévision a insisté sur l'inauguration de nouveaux logements tout neufs, à l'extérieur de la ville, et sur la satisfaction des bénéficiaires qui encensaient en direct leur bienfaiteur, Silvio Berlusconi. On a vu des vieux installés dans les villages de vacances, réconfortés par des soirées dansantes en bord de mer.
Mais à l'approche de l'hiver, la réalité a émergé: en réalité, l'exil s'éternise, les vieux s'ennuient, les familles n'aspirent qu'à retrouver leur foyer, mais personne n'a songé à rebâtir la ville ni à relancer l'emploi.
"La particularité de ce tremblement de terre a été la gestion non démocratique des opérations, avec une volonté immédiate et manifeste d'en tirer profit et de manipuler l'opinion publique", accuse la réalisatrice dans une interview à l'AFP.
"La protection civile a changé dès le premier mandat Berlusconi en 2001 et ensuite ses pouvoirs ont été étendus de façon exponentielle, sans que l'opinion publique en soit informée".
Elle accuse notamment son chef, Guido Bertolaso, soupçonné d'avoir truqué les appels d'offres, d'avoir pris entièrement le contrôle de la reconstruction de la ville.
Pour elle, les plaies de L'Aquila sont symptomatiques de cet abandon du bien commun et du contrôle démocratique au profit des proches du pouvoir.
Elle donne ainsi à entendre un échange téléphonique entre deux entrepreneurs au matin du séisme, qui se félicitent de la violence des secousses: "Quand j'ai entendu ça, j'ai bien ri!", confie l'un tout à ses espérances de rentrées juteuses.
Très sévère avec la classe politique italienne, Sabina Guzzanti estime que son film montre aussi pourquoi Silvio Berlusconi en est à son troisième mandat, notamment "l'absence d'opposition depuis plus de 15 ans".
Et puis la force convaincante de la propagande: "Les gens finissent par croire davantage ce qu'ils voient à la télévision que ce qu'ils vivent".
Et enfin, le "vote d'échange": "c'est donnant-donnant: tu travailles à condition de voter comme je te le dis. Et ce n'est pas considéré comme un délit en Italie", accuse-t-elle.
Aujourd'hui, la vie à L'Aquila n'a pas changé: "La ville reste à l'état d'abandon. On n'a même pas évalué les dégâts. La moitié de la population n'a plus de toit, il n'y a plus ni magasins ni entreprises. Les gens sont vraiment dans un état désespéré", assure-t-elle.