Du plomb dans les livres pour enfants?


Jeudi 19 Mars 2009 - 08:45
canoe.ca


Est-ce qu’une vieille édition de Le chat dans le chapeau ou de Max et les maximonstres peut être dangereuse pour nos enfants ? Probablement pas, selon les Centers for Disease Control and Prevention (CDC), les limiers en matière de contrôle de la santé aux États-Unis.


Du plomb dans les livres pour enfants?
Mais une nouvelle loi fédérale interdisant le plus faible taux de plomb dans la plupart des produits destinés aux enfants de moins de 12 ans – et l’interprétation qu’une agence fédérale en a faite – a incité deux bibliothèques à retirer les livres pour enfants imprimés avant 1986 des tablettes le mois passé.
L’intoxication par le plomb est liée à des troubles irrémédiables d’apprentissage et de comportement. Le plomb faisait partie de l’encre des imprimantes avant qu’une réglementation l’interdise en 1986. La loi fédérale qui est en vigueur depuis le 10 février a été adoptée à la suite de rappels de jouets qui ont eu lieu l’été passé.
Selon la Consumer Product Safety Commission (CPSC), cette loi englobe également les livres. Toutefois, la CPSC n’en est pas venue à la conclusion que les vieux livres peuvent être dangereux pour les enfants et n’a pas non plus demandé aux bibliothèques de retirer ces livres, explique le responsable du personnel de l’agence, Joe Martyak.
L’interprétation de l’agence a tout de même été qualifiée d’alarmiste par certains bibliothécaires.
«On parle d’une dizaine de millions d’exemplaires de livres pour enfants qui ne sont absolument pas dangereux. J’aimerais qu’une personne raisonnable et sensée s’arrête et se dise "C’est stupide. Qu’est-ce qu’on fait là?"», explique Emily Sheketoff, directrice générale du bureau de Washington de la American Library Association.
Un porte-parole de la CPSC a déclaré à l’Associated Press, dans le cadre d’une entrevue, qu’en attendant que les tests soient effectués, les quelque 116 000 bibliothèques municipales et scolaires des États-Unis devraient prendre les mesures nécessaires afin de s’assurer que les enfants ne touchent pas aux livres imprimés avant 1986.
Mais dès la diffusion du commentaire du porte-parole, M. Martyak s’est empressé de déclarer que ce dernier avait mal communiqué le point de vue de l’agence sur le lien entre les vieux livres et les jeunes enfants.
«Nous ne pressons pas les bibliothèques de retirer les livres des tablettes, explique M. Martyak. C’est vrai que le CPSC enquête afin de savoir si l’encre des livres pour enfants publiés avant 1986 contient une quantité de plomb dangereuse.»
Jay Dempsey, un spécialiste des communications sur la santé de la CDC, a affirmé que l’encre à base de plomb des livres pour enfants ne représentait qu’un infime danger.
«Si l’enfant se mettait à sucer le livre – puisque certains enfants mettent tout dans leur bouche – il y aurait lieu de s’inquiéter, explique M. Dempsey. Mais sur une échelle de 1 à 10, l’inquiétude est de 0,5.»
Les industries de la publication et de l’impression ont créé un site Web à l’intention des éditeurs en décembre où ils publient les résultats d’études sur le plomb dans les livres et leurs composants, comme l’encre et le papier. Ces résultats démontrent que le taux de plomb était souvent non décelable et infiniment plus bas que le seuil fédéral permis et les limites encore plus strictes qui seront en vigueur en août 2011.
Ces résultats ont été cités dans une lettre de l’Association of American Publishers adressée au CPSC.
L’American Library Association a déclaré n’avoir aucune idée du nombre approximatif de livres pour enfants imprimés avant 1986 qui sont en circulation. Mais en général, les bibliothèques n’en ont pas tant que ça, parce que les jeunes font la vie dure aux livres, selon les bibliothécaires.
«Honnêtement, la plupart de nos livres ont été beaucoup utilisés et très appréciés, explique Rhoda Goldberg, directrice de la bibliothèque municipale du comté de Harris à Houston. Ils ne durent pas 24 ans.»
De plus, le plomb n’est utilisé que dans l’écriture et non dans les illustrations, selon Allan Adler, vice-président des affaires juridiques et gouvernementales de l’Association of American Publishers.
Mme Sheketoff n’a entendu parler que de deux bibliothèques qui ont interdit l’accès aux livres pour enfants le mois passé en plein cœur du tapage médiatique de la nouvelle loi. L’une d’entre elles a barré la section pour enfants tandis que l’autre a recouvert les livres pour enfants d’une bâche. Les deux bibliothèques qu’elle n’a pas identifiées ont mis fin à ce manège après avoir été contactées par l’association, explique-t-elle.
«Les communautés s’indigneraient si les bibliothèques municipales commençaient à jeter des centaines et des centaines de livres simplement parce qu’ils sont sortis avant une date butoir», explique Margaret Todd, bibliothécaire dans le comté de Los Angeles, qui comprend 89 divisions et environ 3 millions de livres pour enfants. Mme Todd s’attend à ce que la commission établisse des normes de protection des enfants raisonnables.
Nathan Brown, un avocat de l’association des bibliothèques, affirme que les bibliothèques ne devraient même pas être visées par la loi. L’organisation n’a jamais voulu réglementer les livres et les bibliothèques ne vendent pas de livres. Elles ne sont donc pas assujetties aux lois sur les biens de consommation.


           

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