Ebola : plus de 900 morts, 2e victime au Nigeria, état d'urgence au Liberia


Jeudi 7 Août 2014 - 11:19
AFP


Lagos - L'épidémie d'Ebola a fait plus de 930 morts en Afrique de l'Ouest, poussant le Liberia à décréter l'état d'urgence et le Nigeria, qui déplore une deuxième victime, à convoiter un traitement expérimental américain.


Le traitement, jamais testé auparavant sur des humains, a rapidement atténué les symptômes de deux patients américains, nourrissant l'espoir des pays confrontés à cette maladie à très fort taux de mortalité et contre laquelle n'existe aucun vaccin.

Interrogé sur l'opportunité d'envoyer ce traitement en Afrique, le président américain Barack Obama est toutefois resté prudent: "Je pense que nous devons laisser la science nous guider. Et je ne pense pas que nous ayons toutes les informations pour déterminer si ce médicament est efficace."

Le ministre nigérian de la Santé, Onyebuchi Chukwu, avait peu avant indiqué à des journalistes qu'il avait pris contact avec les autorités sanitaires américaines (Centres de contrôle et de prévention des maladies, CDC) pour voir s'il était possible de bénéficier de ce traitement, alors qu'une infirmière a succombé à Lagos, la plus grande ville d'Afrique subsaharienne.

L'Organisation mondiale de la santé (OMS) a annoncé qu'elle allait saisir un comité d'éthique de l'éventuelle utilisation de ce traitement.

Le comité d'urgence des règles sanitaires internationales de l'OMS était en outre réuni pour déterminer si l'épidémie constituait une "urgence de santé publique de portée mondiale", susceptible d'entraîner des mesures à l'échelle globale.

Les autorités sanitaires américaines ont porté mercredi leur alerte sanitaire au niveau 1, le plus élevé, pour mieux répondre à l'épidémie d'Ebola, a indiqué Tom Skinner, porte-parole des CDC.

"C'est la première fois depuis 2009 que cette alerte maximum est déclenchée. Elle avait alors été mise en place pour la pandémie de grippe H1N1", a-t-il précisé.

Le premier rapatriement en Europe d'une personne atteinte par le virus, un missionnaire espagnol de 75 ans, était attendu jeudi.

En Somalie, la force de l'Union africaine (Amisom) a suspendu la relève de son contingent sierra-léonais "par mesure de précaution bien que l'OMS n'ait pas encore émis de restrictions de vol pour les zones touchées".

Au Moyen-Orient, un Saoudien de retour de Sierra Leone, présentant des symptômes semblables à ceux d'Ebola, est mort d'un arrêt cardiaque mercredi à Jeddah (ouest), a annoncé le ministère saoudien de la Santé, sans révéler si le virus était en cause.

Le ministère israélien des Affaires étrangères a déconseillé à ses ressortissants les voyages au Liberia, en Guinée et en Sierra Leone.

 

- Quarantaine sous surveillance militaire -

 

En Sierra Leone et au Liberia, deux des trois pays les plus touchés avec la Guinée, les autorités cherchaient leur salut dans l'intervention de Dieu et de l'armée pour endiguer la plus grave épidémie d'Ebola depuis l'apparition de cette fièvre hémorragique en 1976.

Elle a causé la mort de 932 personnes sur 1.711 cas (confirmés, suspects ou probables) : 363 en Guinée, 282 au Liberia, 286 en Sierra Leone et une au Nigeria, selon le dernier bilan au 4 août de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS), qui ne prend pas en compte le dernier décès dans ce pays.

Dans la nuit de mercredi à jeudi, la présidente du Liberia Ellen Johnson Sirleaf a décrété l'état d'urgence, estimant que l'épidémie "exigeait des mesures extraordinaires pour la survie de l'Etat".

Plus tôt, la présidente avait appelé à trois jours de jeûne et de prière de mercredi à vendredi de 06H00 à 18H00 pour implorer la protection divine contre Ebola.

Ces trois journées de pénitence visent à "demander à Dieu d'avoir pitié de nous, de nous pardonner nos péchés et de guérir notre pays, le Liberia, au moment où nous poursuivons la lutte contre le virus", a expliqué Mme Sirleaf.

En Sierra Leone voisine, l'armée a mobilisé 750 soldats assistés par 50 infirmiers militaires pour faire respecter les mesures de quarantaine autour des centres accueillant des malades, surtout dans l'est du pays, aux confins de la Guinée et du Liberia.

"Nous nous assurons que des personnes non autorisées ne perturbent pas le travail des personnels de santé", a déclaré un porte-parole militaire, le colonel Michael Samura.

Ce déploiement a été ordonné par le président Ernest Bai Koroma pour dissuader leurs proches de les emmener sans autorisation médicale.

Les Eglises se sont dites "prêtes à joindre leurs forces pour éradiquer la maladie", selon le président du Conseil des Eglises, le révérend Gbokoyai Speck, au cours d'une réunion de dirigeants d'organisations religieuses à Freetown.

"Les imams ont la responsabilité de sensibiliser les leurs à la maladie parce que notre mission est de sauver l'humanité", a renchéri le représentant du Conseil des imams, Alhaji Alie Bangura.

Le virus se transmet par contact direct avec le sang, les liquides biologiques ou les tissus de personnes ou d'animaux infectés. Il provoque une fièvre caractérisée par des hémorragies, des vomissements et des diarrhées. Son taux de mortalité varie de 25 à 90%.



           

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