Education: bataille de chiffres autour de la proposition Hollande


Mardi 1 Novembre 2011 - 11:10
AFP


La proposition de François Hollande, candidat socialiste à la présidentielle, de réintégrer 60.000 postes dans l'Education nationale sur cinq ans, va-t-elle coûter 2,5 ou 7,5 milliards d'euros ? Tout dépend de la période retenue pour le calcul, soulignent lundi des experts.


François Hollande
François Hollande
M. Hollande, qui a fait de la jeunesse l'axe central de sa campagne, promet de "recréer" chaque année pendant le prochain quinquennat 12.000 postes. A ce jour, 66.000 postes ont été supprimés à l'Education nationale depuis 2007 et le budget 2012 prévoit 14.000 suppressions supplémentaires.

Depuis quelques jours, la bataille de chiffres sur le coût de cette mesure a pris de l'ampleur entre le PS qui retient un chiffrage annuel et l'UMP qui opte pour une évaluation cumulée.

François Hollande chiffre à 500 millions par an le recrutement de 12.000 fonctionnaires (environ 40.000 euros par an et par personne), soit 2,5 milliards d'euros pour 60.000 postes supplémentaires en 2017.

La ministre du Budget Valérie Pécresse et le ministre de l'Education nationale Luc Chatel fixent à 7,5 milliards d'euros "en cumulé" (les dépenses supplémentaires se superpsosant d'une année sur l'autre) la création des 60.000 postes sur cinq ans.

"Il faut bien s'entendre et savoir de quel chiffrage on parle: le coût budgétaire pour une année ou le coût total sur les cinq années, mais on peut aussi avoir une perspective plus large car il faudra payer les personnes recrutées pendant 40 ans, puis verser leur retraite", a dit à l'AFP Alain Trannoy, directeur d'études à l'EHESS.

"Il faut se mettre d'accord sur une règle du jeu: ou on raisonne en mesures nouvelles et dans ce cas le raisonnement de François Hollande est tout à fait justifié, ou on raisonne en coût total sur toute une vie pour chaque fois qu'on recrute une personne et dans ce cas il faut compter 40 ans de vie active et ajouter à cela 20 ou 25 ans de retraite", a estimé Elie Cohen, économiste.

"Si on commence à raisonner comme ça, il faut appliquer la même méthode à tout ce qui est fait par le gouvernement : quand il dit qu'il va recruter 30.000 policiers et que ça va coûter 500 millions d'euros, il faut dire que ça va coûter 40 milliards d'euros", a-t-il ajouté, interrogé par l'AFP.

L'Institut de l'entreprise a fait ses propres calculs: 360 millions d'euros pour 12.000 postes, soit 1,9 milliard d'euros pour 60.000 postes en 2017, en intégrant l'impact de la revalorisation des salaires liée à l'ancienneté. Le coût de ces postes s'additionnant chaque année, le coût cumulé de cette mesure s'élèverait à 7,3 milliards d'euros sur l'ensemble du quinquennat.

Toutefois, donner "un coût cumulé sur cinq ans n'a guère de sens concernant des mesures qui pour certaines ont une montée en puissance progressive, et dont le calendrier de mise en oeuvre n'a pas été précisé: on ne peut donc multiplier par cinq le coût atteint en +régime de croisière+", a expliqué à l'AFP Eudoxe Denis, directeur des études.

En outre "donner le coût annuel atteint par cette mesure en fin de mandat a un sens si on la met en lien avec l'objectif affiché par François Hollande d'atteindre un déficit 0 en 2017", a-t-il ajouté.

"Dans ce cas, il faudra donc ajouter 1,9 milliard d'euros au besoin de financement -- qu'il s'agisse de recettes nouvelles induites par la croissance ou par l'augmentation des prélèvements obligatoires, ou d'économies budgétaires -- nécessaire pour résorber le déficit budgétaire", a poursuivi M. Denis.

Enfin, la mesure Hollande est "une dépense récurrente, pour laquelle par convention il est d'usage de donner un coût annuel", a-t-il ajouté.


           

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