Egypte: 5 ans de prison pour une figure de la révolte anti-Moubarak


Lundi 23 Février 2015 - 16:28
AFP


Un tribunal égyptien a condamné lundi à cinq ans de prison une figure de la révolte anti-Moubarak de 2011, Alaa Abdel Fattah, pour des violences qui avaient eu lieu lors d'une manifestation non-autorisée.


Egypte: 5 ans de prison pour une figure de la révolte anti-Moubarak
Les 24 co-accusés du jeune militant de gauche ont été condamnés à des peines allant de trois à quinze ans de prison, alors que les autorités sont accusées de réprimer implacablement toute opposition, islamiste mais aussi laïque et de gauche.

Le verdict intervient quelques heures après que le président Abdel Fattah al-Sissi, l'ex-chef de l'armée et architecte de la destitution de l'islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013, a promis de libérer "les jeunes" emprisonnés à tort.

Le parquet accusait le groupe d'avoir attaqué des policiers durant une manifestation non autorisée qui avait eu lieu en novembre dernier.

Alaa Abdel Fattah, 33 ans, était notamment accusé d'avoir volé le talkie-walkie d'un policier. Il avait été condamné en juin à 15 ans de prison, mais le droit égyptien lui accordait un nouveau procès car le verdict avait été prononcé par contumace.

Trois personnes ont été condamnées par contumace à 15 ans de prison, une autre personne à cinq ans de prison et les autres à trois ans de prison. Tous doivent payer une amende de 100.000 livres égyptiennes (environ 11.570 euros).

Les condamnés peuvent faire appel de ce jugement.

Vingt-deux des accusés présents à l'audience ont applaudi l'annonce du verdict, tandis que leurs proches s'effondraient en larmes ou scandaient "à bas le pouvoir militaire", selon un journaliste de l'AFP.

- 'Jeunes innocents' -

Le président Sissi est accusé d'avoir instauré un régime bien plus autoritaire que celui de Hosni Moubarak, renversé par une révolte populaire en 2011.

"Ce sont eux les jeunes innocents qu'évoquait le président dans son allocution", s'est emporté Khaled Daood, le porte-parole du parti libéral Al-Dostour, présent au tribunal, en référence au discours de dimanche soir de M. Sissi dans lequel il a promis de faire libérer "les jeunes" emprisonnés à tort.

"Pour un pays qui a connu deux révolutions, c'est une honte que des jeunes soient emprisonnés pour avoir manifesté", a-t-il accusé.

Dans les mois qui ont suivi l'éviction de M. Morsi, plus de 1.400 personnes ont été tuées dans la répression, pour la plupart des manifestants islamistes, tandis qu'au moins 15.000 pro-Morsi ont été emprisonnés et des centaines condamnés à mort dans des procès de masse expéditifs.

Des dizaines de militants laïques et de gauche, qui avaient soutenu l'éviction de M. Morsi avant de s'élever contre les nouvelles autorités, ont également été emprisonnés pour des rassemblements illégaux.

"Sissi a mis en prison les jeunes qui lui ont permis de s'asseoir sur le fauteuil (présidentiel)", s'est lamentée la mère d'un condamné.

Malgré leur rôle majeur dans le soulèvement populaire de 2011, les militants n'ont que peu de soutien au sein de l'opinion publique. Lassée par quatre années de crise économique et d'instabilité politique, une vaste majorité d'Egyptiens compte sur M. Sissi pour rétablir l'ordre et la sécurité.

L'ex-chef de l'armée peut également compter sur le soutien quasi-unanime des médias.


           

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