Egypte: 7 morts dans des heurts au Caire, 401 interpellés


Mardi 16 Juillet 2013 - 14:49
AFP


Le Caire - L'Egypte a connu de nouvelles violences meurtrières, avec le décès dans la nuit de sept personnes en marge de manifestations pro-Morsi au Caire, où l'annonce officielle du gouvernement de transition est attendue mardi ou mercredi.


Egypte: 7 morts dans des heurts au Caire, 401 interpellés
Lundi soir, plusieurs dizaines de milliers de partisans de M. Morsi sont à nouveau descendus dans la rue, et dans la nuit, des échauffourées ont éclaté sur plusieurs sites entre les forces de l'ordre et quelques groupes de manifestants.

Ces heurts, intervenus durant la première visite d'un haut diplomate américain --le secrétaire d'Etat adjoint Bill Burns-- depuis le renversement de M. Morsi, ont fait sept morts et plus de 260 blessés, a annoncé une source médicale.

Cinq personnes ont été tuées dans le quartier de Guizeh (sud-ouest du Caire) et deux autres dans le secteur de Ramses, proche du pont du 6-Octobre -l'un des principaux sur le Nil- et de la place Tahrir.

En fin de soirée, quelque 200 pro-Morsi avaient tenté de bloquer ce pont, entraînant l'intervention de la police, selon un journaliste de l'AFP. Les manifestants avaient répliqué aux gaz lacrymogènes avec des pierres.

Selon une source de sécurité, plus de 400 personnes ont été interpellées lors de ces affrontements, les premiers à être dans la capitale depuis ceux qui avaient fait 53 morts le 8 juillet devant la Garde républicaine.

Au total, plus d'une centaine de personnes ont été tuées depuis le 3 juillet et le renversement par l'armée du président islamiste, après des manifestations massives réclamant son départ.

Les partisans de Mohamed Morsi, qui dénoncent un "coup d'Etat militaire" contre le premier président démocratiquement élu du pays, affirment qu'ils ne cesseront leur mobilisation qu'à son retour.

Ils occupent les abords de la mosquée Rabaa al-Adawiya, dans le faubourg de Nasr City, où ils étaient encore des dizaines de milliers lundi.

La mobilisation a baissé d'un cran

Dans le camp rival, les anti-Morsi, qui reprochent au président déchu d'avoir gouverné au seul profit de sa confrérie et de ne pas avoir fait face à la crise économique, appellent aussi à des rassemblements réguliers place Tahrir et devant le palais présidentiel.

Leur mobilisation semble toutefois avoir baissé d'un cran.

Lundi, l'Américain Bill Burns a appelé à l'apaisement, jugeant que "la première des priorités" devait être "de mettre fin à la violence (...) et de commencer un dialogue sérieux et soutenu entre toutes les parties".

M. Burns, qui a quitté le Caire mardi, s'est entretenu avec les principaux responsables intérimaires du pays: le Premier ministre Hazem Beblawi, le président Adly Mansour et le général Abdel Fattah al-Sissi, nouvel homme fort du pays.

L'Egypte est depuis des décennies un allié-clé pour les Etats-Unis, mais cette relation traverse une passe délicate.

Le mouvement Tamarrod, à l'origine des rassemblements de masse fin juin contre M. Morsi, a refusé de rencontrer M. Burns, invoquant le sentiment, largement partagé parmi les anti-Morsi, que Washington avait soutenu le président déchu.

Les Etats-Unis ont appelé à la libération de M. Morsi, détenu par l'armée, mais le nouveau pouvoir n'a pas donné d'écho à cette requête, assurant que l'ex-chef d'État se trouvait "en lieu sûr" et était "traité dignement".

Des procédures judiciaires ont en outre été ouvertes contre plusieurs hauts responsables des Frères musulmans, dont le Guide suprême, Mohamed Badie.

Dans le même temps, la présidence intérimaire a exhorté mardi toutes les forces politiques, y compris les Frères musulmans, à participer à ses "efforts" de "réconciliation nationale".

Le gouvernement de transition dévoilé d'ici mercredi

Chargé d'assurer la mise en œuvre de la transition politique édictée par la présidence intérimaire, le Premier ministre avait assuré la semaine dernière ne pas exclure de faire appel à des Frères musulmans.

Ceux-ci ont toutefois rejeté l'offre, refusant de "pactiser avec des putschistes".

Dans l'après-midi, les nouvelles autorités égyptiennes ont vivement répliqué au chef du gouvernement turc, l'islamiste Recep Tayyip Erdogan, en exprimant leur "fort ressentiment" envers Ankara.

M. Erdogan a récemment affirmé que Mohamed Morsi, dont il est proche, restait à ses yeux le seul chef de l'Etat égyptien légitime.

La composition du gouvernement de transition doit être annoncée mardi ou mercredi, d'après M. Beblawi, qui a multiplié les entretiens.

Alors que la situation sécuritaire dans le nord du Sinaï s'est davantage dégradée depuis le renversement de Mohamed Morsi, Israël a autorisé l'armée égyptienne à déployer deux bataillons d'infanterie supplémentaires dans le but de rétablir l'ordre, a annoncé mardi sa radio militaire.


           

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