Seuls le Qatar, parrain de la confrérie, et la Tunisie, où le parti au pouvoir appartient à la même mouvance, ont condamné de manière virulente le bain de sang qui a fait près de 600 morts mercredi, selon un bilan officiel.
En revanche, le roi Abdallah d'Arabie saoudite a proclamé vendredi son appui au pouvoir égyptien "face au terrorisme" et a appelé "les Egyptiens, les Arabes et les musulmans à s'opposer à tous ceux qui tentent de déstabiliser l'Egypte".
"Toutes les monarchies du Golfe, à l'exception du Qatar, ainsi que la Jordanie et d'autres pays arabes craignaient l'exportation de la révolution des Frères musulmans chez eux. C'est pour cela qu'elles ont misé sur un retour au schéma classique d'un pouvoir fort en Egypte, pays pivot du monde arabe", note Khattar Abou Diab, professeur à Paris-Sud.
L'armée égyptienne, au pouvoir depuis 1952, a destitué début juillet l'islamiste Mohamed Morsi, premier président civil élu démocratiquement un an plus tôt, avant d'installer un gouvernement intérimaire.
La majorité des pays arabes, Ryad en tête, "ont constaté avec déplaisir le poids grandissant de la Turquie et de l'Iran sur tous les dossiers concernant le monde arabe. Leur soutien au (nouveau) régime égyptien montre leur volonté de refonder un nouveau système régional purement arabe sur des bases plus classiques", note M. Abou Diab, spécialiste du monde arabe.
"Guerre froide arabe"
Grâce au Printemps arabe, Ankara, dont le gouvernement est issu des Frères musulmans, a acquis le statut de puissance régionale en s'impliquant à fond dans les affaires arabes. L’Iran de son côté a renforcé ses liens avec le régime de Damas et noué des relations avec les Frères musulmans en Egypte.
"Ce qui s'est passé en Egypte s'inscrit dans ce qu'on peut appeler une +guerre froide+ arabe et il est facile aujourd'hui de savoir qui est le vainqueur", assure Shadi Hamid, expert du Moyen-Orient auprès du Brookings Doha Center.
Selon lui, les gagnants sont l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, principaux parrains du nouveau pouvoir en Egypte, au détriment du Qatar et des Frères musulmans.
Ryad et Abou Dhabi "ont été ravis du coup d'Etat militaire qui profite à leurs intérêts régionaux et qui porte un coup à leurs plus dangereux opposants que sont les Frères musulmans", ajoute l'expert.
Les relations entre l'Arabie et les Frères musulmans, bonnes durant trois décennies, se sont dégradées avec la première guerre du Golfe en 1990 quand la confrérie a critiqué le royaume pour avoir accepté des bases américaines sur son territoire.
Beaucoup de Frères musulmans ont été expulsés, et les relations se sont tendues davantage après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
A l'époque, Ryad avait accusé les Frères musulmans d'être à l'origine de l'idéologie jihadiste et le ministre de l'Intérieur, le prince Nayef, avait déclaré publiquement en 2002 que "tous les groupes extrémistes sont issus des Frères musulmans".
"Pour les Emiratis et les Saoudiens, les Frères musulmans ont une ambition régionale qui peut être un danger pour les monarchies du Golfe", estime Stéphane Lacroix, professeur à l'Institut des Sciences politiques de Paris et spécialiste des Frères Musulmans.
"Ces monarchies estiment que leur intérêt est d'avoir plutôt des dictatures que des régimes démocratiques qui sont trop instables et imprévisibles à leurs yeux", ajoute l'expert.
Ce que Ryad n'a pas pardonné à la confrérie, c'est son flirt avec l'Iran chiite, principal rival du royaume sunnite au Moyen-Orient.
"Les Frères n'ont jamais été hostiles à des relations avec l'Iran chiite alors que pour les Saoudiens, c'est une ligne rouge tant du point de vue de l'orthodoxie sunnite que pour des raisons de géopolitique régionale", estime M. Lacroix.
"Les deux pays se battent pour la suprématie dans la région et pour Ryad, Téhéran est l'adversaire numéro un", ajoute-t-il.
Pour M. Abou Diab, "l'option démocratique dans le monde arabe est plus ou moins stoppée. Ce qui s'est passé en Egypte peut donner des idées à d'autres en Libye et en Tunisie et cette mainmise de l'armée en Egypte pourrait faire tache d'huile".
En revanche, le roi Abdallah d'Arabie saoudite a proclamé vendredi son appui au pouvoir égyptien "face au terrorisme" et a appelé "les Egyptiens, les Arabes et les musulmans à s'opposer à tous ceux qui tentent de déstabiliser l'Egypte".
"Toutes les monarchies du Golfe, à l'exception du Qatar, ainsi que la Jordanie et d'autres pays arabes craignaient l'exportation de la révolution des Frères musulmans chez eux. C'est pour cela qu'elles ont misé sur un retour au schéma classique d'un pouvoir fort en Egypte, pays pivot du monde arabe", note Khattar Abou Diab, professeur à Paris-Sud.
L'armée égyptienne, au pouvoir depuis 1952, a destitué début juillet l'islamiste Mohamed Morsi, premier président civil élu démocratiquement un an plus tôt, avant d'installer un gouvernement intérimaire.
La majorité des pays arabes, Ryad en tête, "ont constaté avec déplaisir le poids grandissant de la Turquie et de l'Iran sur tous les dossiers concernant le monde arabe. Leur soutien au (nouveau) régime égyptien montre leur volonté de refonder un nouveau système régional purement arabe sur des bases plus classiques", note M. Abou Diab, spécialiste du monde arabe.
"Guerre froide arabe"
Grâce au Printemps arabe, Ankara, dont le gouvernement est issu des Frères musulmans, a acquis le statut de puissance régionale en s'impliquant à fond dans les affaires arabes. L’Iran de son côté a renforcé ses liens avec le régime de Damas et noué des relations avec les Frères musulmans en Egypte.
"Ce qui s'est passé en Egypte s'inscrit dans ce qu'on peut appeler une +guerre froide+ arabe et il est facile aujourd'hui de savoir qui est le vainqueur", assure Shadi Hamid, expert du Moyen-Orient auprès du Brookings Doha Center.
Selon lui, les gagnants sont l'Arabie saoudite et les Émirats arabes unis, principaux parrains du nouveau pouvoir en Egypte, au détriment du Qatar et des Frères musulmans.
Ryad et Abou Dhabi "ont été ravis du coup d'Etat militaire qui profite à leurs intérêts régionaux et qui porte un coup à leurs plus dangereux opposants que sont les Frères musulmans", ajoute l'expert.
Les relations entre l'Arabie et les Frères musulmans, bonnes durant trois décennies, se sont dégradées avec la première guerre du Golfe en 1990 quand la confrérie a critiqué le royaume pour avoir accepté des bases américaines sur son territoire.
Beaucoup de Frères musulmans ont été expulsés, et les relations se sont tendues davantage après les attentats du 11 septembre 2001 aux Etats-Unis.
A l'époque, Ryad avait accusé les Frères musulmans d'être à l'origine de l'idéologie jihadiste et le ministre de l'Intérieur, le prince Nayef, avait déclaré publiquement en 2002 que "tous les groupes extrémistes sont issus des Frères musulmans".
"Pour les Emiratis et les Saoudiens, les Frères musulmans ont une ambition régionale qui peut être un danger pour les monarchies du Golfe", estime Stéphane Lacroix, professeur à l'Institut des Sciences politiques de Paris et spécialiste des Frères Musulmans.
"Ces monarchies estiment que leur intérêt est d'avoir plutôt des dictatures que des régimes démocratiques qui sont trop instables et imprévisibles à leurs yeux", ajoute l'expert.
Ce que Ryad n'a pas pardonné à la confrérie, c'est son flirt avec l'Iran chiite, principal rival du royaume sunnite au Moyen-Orient.
"Les Frères n'ont jamais été hostiles à des relations avec l'Iran chiite alors que pour les Saoudiens, c'est une ligne rouge tant du point de vue de l'orthodoxie sunnite que pour des raisons de géopolitique régionale", estime M. Lacroix.
"Les deux pays se battent pour la suprématie dans la région et pour Ryad, Téhéran est l'adversaire numéro un", ajoute-t-il.
Pour M. Abou Diab, "l'option démocratique dans le monde arabe est plus ou moins stoppée. Ce qui s'est passé en Egypte peut donner des idées à d'autres en Libye et en Tunisie et cette mainmise de l'armée en Egypte pourrait faire tache d'huile".