Egypte: foule de fidèles et deuil national pour les obsèques de Chenouda III


Mardi 20 Mars 2012 - 13:34
AFP


Le Caire - Entre fumées d'encens et lancinants cantiques de deuil, les obsèques du patriarche de l'Eglise copte orthodoxe d'Egypte, Chenouda III se sont tenues mardi au Caire, dans la grande cathédrale Saint Marc pleine à craquer de fidèles, de religieux et d'officiels.


Egypte: foule de fidèles et deuil national pour les obsèques de Chenouda III
Chenouda III, qui dirigeait la plus importante Eglise chrétienne du Moyen-Orient depuis quatre décennies, est décédé samedi à l'âge de 88 ans à la suite d'une attaque cardiaque qui s'est ajoutée à d'autres graves problèmes de santé.

"Chenouda repose en paix mais nous ne l'avons pas perdu", a déclaré le chef de l'Eglise copte d'Ethiopie, le patriarche Abune Paulos venu d'Addis Abeba pour ouvrir la cérémonie.

Le cercueil ouvert, laissant voir le visage du défunt surmonté d'une tiare en or, était entouré de nombreux religieux portant la traditionnelle coiffe noire du clergé copte.

Des milliers de personnes étaient également massées à l'extérieur de la cathédrale, brandissant des portraits du patriarche disparu, principale figure d'une communauté inquiète face à la montée de l'islamisme et des tensions interconfessionnelles.

A l'intérieur, de nombreuses personnalités coptes comme le magnat des télécoms Naguib Sawiris ou le ministre du Tourisme Mounir Fakhry Abdel Nour, cô toyaient le président du Parlement, l'islamiste Saad Katatni.

Le Conseil militaire au pouvoir depuis la chute de Hosni Moubarak l'an dernier était aussi représenté, de même que le corps diplomatique, avec notamment l'ambassadrice des Etats-Unis Anne Patterson.

Trois personnes sont mortes dimanche étouffées par une foule de dizaines de milliers de fidèles venus à la cathédrale rendre hommage au patriarche disparu, dont le corps était exposé assis sur un trô ne de bois sculpté.

Après la cérémonie, le cercueil a quitté la cathédrale pour être transporté au monastère de Saint Bichoï, une centaine de kilomètres au nord-ouest du Caire, où aura lieu l'inhumation. Le monastère, interdit au public, était entouré d'un important dispositif de sécurité.

Une journée nationale de deuil a été décrétée par le pouvoir militaire. La cérémonie a été retransmise en direct à la télévision d'Etat, et les drapeaux du pays ont été mis en berne.

Les Coptes représentent 6 à 10% de la population égyptienne, dans sa grande majorité de confession musulmane sunnite. Peu représentée dans les institutions et la haute administration, cette communauté a un fort sentiment de marginalisation.

Très conservateur sur les questions de dogme, le patriarche fut un ferme partisan du président Hosni Moubarak, poussé à la démission en février 2011 par une révolte populaire.

Critiqué par une partie des Coptes pour sa rigidité sur des questions comme l'interdiction du divorce et ses positions conciliantes envers le pouvoir militaire actuel, il était aussi considéré par de nombreux fidèles comme un protecteur dans un pays en plein bouleversement.

La communauté copte a été notamment visée par un attentat dans la nuit du 1er janvier 2011 contre une église d'Alexandrie, qui a fait une vingtaine de morts.

En octobre dernier, la répression par les forces de l'ordre d'une manifestation au Caire de Coptes protestant contre la destruction d'une église a également fait une vingtaine de morts.

La charge de l'église copte d'Egypte a été confiée provisoirement pour deux mois à l'évêque Pachomius de Beheira (delta du Nil).

Le complexe processus de désignation d'un nouveau patriarche pourrait prendre plusieurs mois, selon la presse et des spécialistes, pour qui cinq ou six évêques pourraient être candidats.

Un conseil de 1.500 personnes -ecclésiastiques mais aussi laïcs éminents de confession copte- sera impliqué dans la sélection.


           

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