Egypte: peines de prison et condamnations à mort à Port-Saïd


Samedi 9 Mars 2013 - 11:17
AFP


Le Caire - Un tribunal du Caire a prononcé samedi des peines de prison contre des personnes jugées pour une tragédie du football à Port-Saïd, et confirmé les peines capitales prononcées en janvier contre d'autres accusés, des verdicts risquant de provoquer de nouvelles violences.


Egypte: peines de prison et condamnations à mort à Port-Saïd
Ces verdicts risquent de provoquer de nouvelles violences, et l'atmosphère était tendue après leur annonce à Port-Saïd (nord-est), ville d'origine de la majorité des inculpés, et où le premier verdict a provoqué des affrontements meurtriers ces dernières semaines.

De nombreux commerces de la ville ont fermé de peur de nouveaux troubles, et plusieurs centaines de manifestants en colère marchaient en direction du canal de Suez, sur lequel la ville est située. Des blindés de l'armé étaient stationnés sur le port.

Le juge a confirmé les peines capitales prononcées en janvier dernier contre 21 personnes jugées dans cette affaire, qui concerne au total 73 inculpés.

Parmi les 52 autres personnes jugées samedi, cinq ont été condamnées à la prison à vie, et dix à 15 ans de prison. Neuf ont été écopé de peines allant de un à 10 ans de prison et 28 ont été acquittées.

En février 2012, des violences avaient fait 74 morts à l'issue d'un match à Port-Saïd entre l'équipe de football locale al-Masry et une équipe du Caire, al-Ahly.

Ce drame, le plus meurtrier du football égyptien, s'était produit après la victoire d'Al-Masry dont des centaines de supporteurs avaient envahi le terrain et lancé des projectiles vers ceux d'Al-Ahly.

Deux policiers condamnés à 15 ans

La police avait été mise en cause pour sa passivité, et nombre d'Egyptiens pensent que ce drame a été fomenté par des partisans du président déchu Hosni Moubarak afin d'attiser les tensions dans le pays.

Sur les neuf policiers qui faisaient partie des accusés, deux ont été condamnés à 15 ans de prison: l'ancien chef de la sécurité à Port-Saïd, le général Issam Samak, et le général de brigade Mohamed Saad qui avait à l'époque des faits les clés des portes du stade, qui étaient fermées. Les sept autres policiers jugés ont été acquittés.

Après le verdict de janvier, les manifestants avaient attaqué les bâtiments des forces de sécurité à Port-Saïd et des heurts avec la police avaient fait plus de 40 morts, poussant M. Morsi à déployer l'armée pour soutenir la police.

La police s'est ensuite largement retirée, et l'armée a repris en main une bonne partie de ses tâches dans la ville.

Les manifestations violentes ont repris le 3 mars à Port-Saïd après l'annonce du transfert hors de la ville de 39 accusés, dont neuf policiers et trois cadres du club d'Al-Masry. Et dans la nuit de jeudi à vendredi, un manifestant a encore été tué et plus de 70 autres blessés lors d'affrontements avec la police dans cette même ville, selon un médecin.

Ces violences ont alourdi le climat en Egypte, qui connaît une transition politique chaotique émaillée de violences, deux ans après la chute de Hosni Moubarak et près de neuf mois après l'élection de l'islamiste Mohamed Morsi, fortement contesté par une partie de la population.

Le chef de la police anti-émeute en Egypte a été limogé vendredi après une grève sans précédent dans les rangs des policiers, nombreux dénonçant leur manque d'équipement et estimant faire les frais de conflits politiques.


           

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