Egypte: un mort au Caire, l'état d'urgence dans 3 provinces


Lundi 28 Janvier 2013 - 15:02
AFP


Le Caire - Un homme a été tué lundi au Caire dans de nouveaux affrontements entre manifestants et policiers, alors que le président Mohamed Morsi a décrété l'état d'urgence dans trois provinces du nord-est après des violences meurtrières.


Egypte: un mort au Caire, l'état d'urgence dans 3 provinces
Pour tenter de mettre fin à cette nouvelle crise, M. Morsi a aussi appelé dans un discours à la nation dimanche soir les représentants des forces politiques, de l'opposition comme de partis islamistes le soutenant, à un dialogue à 18H00 locales (16H00 GMT) au palais présidentiel au Caire.

Le gouvernement a en outre approuvé un projet de loi autorisant M. Morsi à demander à l'armée de participer au maintien de l'ordre jusqu'à la fin des législatives prévues dans les prochains mois et "chaque fois que le président de la République le demandera", a rapporté l'agence officielle Mena.

En l'absence d'assemblée nationale, ce projet de loi doit encore être approuvé par le Sénat, dominé par les islamistes.

Les violences de ces derniers jours, qui ont fait au total 47 morts, reflètent les profondes divisions dans le pays mais aussi la persistance de l'hostilité d'une grande partie de la population envers la police, accusée de violations systématiques des droits de l'Homme.

Lundi au Caire, un homme a été tué par un tir de chevrotine à la tête aux abords de la place Tahrir, dans des affrontements entre groupes de manifestants et policiers qui se poursuivaient pour la cinquième journée consécutive.

Auparavant, 46 personnes ont été tuées en trois jours dans des violences dans les provinces de Port-Saïd, Suez et Ismaïliya, qui longent le canal de Suez et où le président a décrété dimanche soir l'état d'urgence et un couvre-feu nocturne pour 30 jours.

Les heurts les plus meurtriers ont eu lieu à Port-Saïd, où 37 personnes ont péri après la condamnation à mort samedi de 21 supporteurs du club de football local Al-Masry impliqués dans des violences ayant fait 74 morts l'année dernière à l'issue d'un match contre le club cairote d'Al-Ahly.

Dialogue compromis

M. Morsi a menacé de prendre d'autres mesures exceptionnelles si les violences persistaient. En signe de défi, des habitants de Port-Saïd ont bravé le couvre-feu et l'état d'urgence entrés en vigueur dans la nuit en manifestant et ont dit se préparer à de nouveaux rassemblements, selon des témoins.

Lundi, les funérailles des morts de la veille rassemblaient des centaines de personnes, selon des images de la télévision d'Etat.

Lors des funérailles dimanche à Port-Saïd de certaines victimes de samedi, des coups de feu d'origine indéterminée tirés pendant le transport des dépouilles vers le cimetière avaient provoqué un mouvement de panique puis des scènes d'émeute.

Il s'agit des violences les plus meurtrières depuis l'élection en juin de M. Morsi, premier président islamiste d'Egypte.

Le chef de l'Etat, qui dans son discours s'est montré tour à tour nerveux et en colère, a invité au dialogue le parti Al-Dostour de Mohamed ElBaradei, l'ancien patron de la Ligue arabe Amr Moussa et le troisième homme de la présidentielle de l'an dernier, Hamdeen Sabbahi, ainsi que sa propre formation, le Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ, islamiste).

Le Front du salut national (FSN), principale coalition de l'opposition dont MM. ElBaradei, Moussa et Sabbahi sont les figures de proue, devait se réunir dans l'après-midi pour déterminer sa réponse.

Mais le mouvement de M. Sabbahi, le Courant populaire, a déjà annoncé son "refus de participer à un dialogue alors que se poursuit l'effusion de sang et que continuent les crimes du régime contre les manifestants".

M. ElBaradei a de son côté affirmé sur Twitter: "Si le président n'assume pas la responsabilité des événements sanglants, ne s'engage pas à former un gouvernement de salut national et une commission pour amender la Constitution, tout dialogue sera une perte de temps".

L'opposition avait déjà menacé d'appeler à de nouvelles manifestations et à une présidentielle anticipée si ces conditions n'étaient pas remplies.


           

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