"Je paie en principe pour ce que j'ai fait", confie-t-il, "mais au fond de moi, je me dis que je n'ai pas été puni pour ça, mais uniquement pour ce que j'étais".
Dans son traditionnel pyjama orange, Percy Chepape, 51 ans, confie sa frustration à l'AFP depuis le parloir de la prison de haute sécurité de Groenpunt, au sud de Johannesburg.
"J'attends une grâce depuis de nombreuses années", poursuit le détenu, "parfois, je me demande si mon engagement politique en valait vraiment la peine...", dit-il, alors qu'un de ses anciens compagnons d'armes du PAC, Kenny Motsamai, condamné à la prison à vie, a été remis en liberté en janvier dans une affaire similaire à la sienne.
Retour en 1997. L'icône Nelson Mandela préside la nation "arc-en-ciel" depuis trois ans déjà. Mais une partie du "mouvement de libération" rejette la politique d'apaisement de son Congrès national africain (ANC) avec la minorité blanche.
Parmi les réfractaires à cette sortie en douceur de l'apartheid, la branche armée clandestine du Congrès panafricain (PAC) à laquelle appartient Percy Chepape fait le coup de feu dans le pays et devient la cible de la police du nouvel Etat dirigé par l'ANC.
En juin, il est arrêté avec sept complices pour avoir participé au braquage d'un fourgon blindé devant un bureau d'aide sociale d'un township à l'est de Johannesburg. Trois personnes, dont deux Blancs, sont tuées pendant l'opération.
Aujourd'hui encore, Percy Chepape, père de trois enfants, juge disproportionnée la peine qui lui a été infligée. "J'ai conduit le fourgon après l'attaque, je n'ai pas tiré", tient-il à préciser.
Surtout, il affirme que ce braquage entrait dans le cadre de son activité militante. "C'était motivé politiquement, nous ne l'avons pas fait pour nous-mêmes", affirme Percy Chepape.
Les cambriolages de Blancs visaient alors, explique-t-il, à alimenter le trésor de guerre de son groupuscule, les Chiens de garde révolutionnaires, pour acheter armes et munitions.
Le PAC demande depuis des années la libération de son commando dans le cadre d'un programme de grâce des crimes "politiques" lancé en 2007 par le président Thabo Mbeki.
Sur plus de 2.100 candidats au pardon, le département sud-africain de la Justice a à l'époque retenu 149 noms, pour l'essentiel des militants du PAC, du parti zoulou Inkhata et de l'ANC: des oubliés de la Commission vérité et réconciliation (TRC), qui avait réexaminé les crimes de l'ère de l'apartheid jusqu'en 1998 et abouti, dans des certains, à une amnistie.
Les autorités ont ensuite réduit à 51 noms la liste des graciés potentiels, dont 39 ont depuis effectivement été remis en liberté. Percy Chepape sait qu'il fait partie des douze derniers mais ignore si son nom a été rayé ou est toujours en cours d'examen.
"Parfois, j'ai l'impression que notre dossier a été oublié et que nous avons combattu et risqué notre vie pour rien", se désespère-t-il. "Parfois, je me sens trahi par la cause pour laquelle j'ai combattu."
Le cas de Kenny Motsamai lui a toutefois rendu un peu d'espoir: cet ancien compagnon d'armes du PAC a été libéré alors qu'il avait été pour le meurtre d'un policier blanc lors d'un hold-up commis en 1989.
Kenny Motsamai n'a jamais exprimé le moindre remords pour son crime. "L'apartheid était un crime contre l'Humanité. Pourquoi nous, les Noirs, devrions-nous présenter nos excuses aux Blancs ?", s'interroge-t-il aujourd'hui depuis son domicile du township de Katlehong, à l'est de Johannesburg.
Percy Chepape, lui, a tenté à plusieurs reprises de faire amende honorable. "Les familles (des victimes) ont rejeté mes excuses et je l'ai accepté", dit-il.
Mais ce qu'il refuse d'encaisser, c'est la remise en liberté d'Eugene de Kock, l'ancien chef d'un "escadron de la mort" de la police du régime de l'apartheid. Condamné en 1996 à la prison à vie pour avoir torturé et assassiné des militants noirs, il a été libéré sous contrôle judiciaire en 2015.
Le gouvernement de l'ANC avait alors justifié cette mesure "dans l'intérêt de la construction et de la réconciliation de la Nation".
"Il est très décevant d'apprendre que quelqu'un qui a commis bien plus de crimes que moi a été libéré", se lamente Percy Chepape.
Vingt ans après sa condamnation, il attend toujours des nouvelles de son dossier, derrière les barreaux de sa prison de Groenpunt.
Dans son traditionnel pyjama orange, Percy Chepape, 51 ans, confie sa frustration à l'AFP depuis le parloir de la prison de haute sécurité de Groenpunt, au sud de Johannesburg.
"J'attends une grâce depuis de nombreuses années", poursuit le détenu, "parfois, je me demande si mon engagement politique en valait vraiment la peine...", dit-il, alors qu'un de ses anciens compagnons d'armes du PAC, Kenny Motsamai, condamné à la prison à vie, a été remis en liberté en janvier dans une affaire similaire à la sienne.
Retour en 1997. L'icône Nelson Mandela préside la nation "arc-en-ciel" depuis trois ans déjà. Mais une partie du "mouvement de libération" rejette la politique d'apaisement de son Congrès national africain (ANC) avec la minorité blanche.
Parmi les réfractaires à cette sortie en douceur de l'apartheid, la branche armée clandestine du Congrès panafricain (PAC) à laquelle appartient Percy Chepape fait le coup de feu dans le pays et devient la cible de la police du nouvel Etat dirigé par l'ANC.
En juin, il est arrêté avec sept complices pour avoir participé au braquage d'un fourgon blindé devant un bureau d'aide sociale d'un township à l'est de Johannesburg. Trois personnes, dont deux Blancs, sont tuées pendant l'opération.
Aujourd'hui encore, Percy Chepape, père de trois enfants, juge disproportionnée la peine qui lui a été infligée. "J'ai conduit le fourgon après l'attaque, je n'ai pas tiré", tient-il à préciser.
Surtout, il affirme que ce braquage entrait dans le cadre de son activité militante. "C'était motivé politiquement, nous ne l'avons pas fait pour nous-mêmes", affirme Percy Chepape.
Les cambriolages de Blancs visaient alors, explique-t-il, à alimenter le trésor de guerre de son groupuscule, les Chiens de garde révolutionnaires, pour acheter armes et munitions.
Le PAC demande depuis des années la libération de son commando dans le cadre d'un programme de grâce des crimes "politiques" lancé en 2007 par le président Thabo Mbeki.
Sur plus de 2.100 candidats au pardon, le département sud-africain de la Justice a à l'époque retenu 149 noms, pour l'essentiel des militants du PAC, du parti zoulou Inkhata et de l'ANC: des oubliés de la Commission vérité et réconciliation (TRC), qui avait réexaminé les crimes de l'ère de l'apartheid jusqu'en 1998 et abouti, dans des certains, à une amnistie.
Les autorités ont ensuite réduit à 51 noms la liste des graciés potentiels, dont 39 ont depuis effectivement été remis en liberté. Percy Chepape sait qu'il fait partie des douze derniers mais ignore si son nom a été rayé ou est toujours en cours d'examen.
"Parfois, j'ai l'impression que notre dossier a été oublié et que nous avons combattu et risqué notre vie pour rien", se désespère-t-il. "Parfois, je me sens trahi par la cause pour laquelle j'ai combattu."
Le cas de Kenny Motsamai lui a toutefois rendu un peu d'espoir: cet ancien compagnon d'armes du PAC a été libéré alors qu'il avait été pour le meurtre d'un policier blanc lors d'un hold-up commis en 1989.
Kenny Motsamai n'a jamais exprimé le moindre remords pour son crime. "L'apartheid était un crime contre l'Humanité. Pourquoi nous, les Noirs, devrions-nous présenter nos excuses aux Blancs ?", s'interroge-t-il aujourd'hui depuis son domicile du township de Katlehong, à l'est de Johannesburg.
Percy Chepape, lui, a tenté à plusieurs reprises de faire amende honorable. "Les familles (des victimes) ont rejeté mes excuses et je l'ai accepté", dit-il.
Mais ce qu'il refuse d'encaisser, c'est la remise en liberté d'Eugene de Kock, l'ancien chef d'un "escadron de la mort" de la police du régime de l'apartheid. Condamné en 1996 à la prison à vie pour avoir torturé et assassiné des militants noirs, il a été libéré sous contrôle judiciaire en 2015.
Le gouvernement de l'ANC avait alors justifié cette mesure "dans l'intérêt de la construction et de la réconciliation de la Nation".
"Il est très décevant d'apprendre que quelqu'un qui a commis bien plus de crimes que moi a été libéré", se lamente Percy Chepape.
Vingt ans après sa condamnation, il attend toujours des nouvelles de son dossier, derrière les barreaux de sa prison de Groenpunt.