En Indonésie, "Fesbuk" plus populaire encore que le Net


Jeudi 2 Février 2012 - 12:15
AFP


Jakarta - Des gays aux islamistes, en passant par la mère au foyer qui vend ses plats cuisinés: "Fesbuk" fait partie intrinsèque de la vie quotidienne en Indonésie, troisième pays au monde en nombre d'utilisateurs du site américain. A tel point qu'il a rendu l'internet obsolète.


En Indonésie, "Fesbuk" plus populaire encore que le Net
Quarante millions d'Indonésiens sur une population de 240: le nombre d'utilisateurs de Facebook, qui a lancé mercredi le processus de son entrée en Bourse historique, est le troisième au monde, derrière l'Inde et les Etats-Unis.

Dans le vaste archipel de plus de 17.500 îles, où plus de la moitié de la population vit avec moins de deux dollars par jour, avoir un ordinateur est souvent inabordable, une connection internet également. La plupart de la population préfère donc opter pour le téléphone portable: l'Indonésie compte 250 millions de cellulaires, se plaçant au quatrième rang mondial, derrière les USA, l'Inde et la Chine.

L'Indonésien surfe donc sur le Net: c'est sur son téléphone portable qu'il consulte "Fesbuk", comme on l'appelle sur l'archipel, ne réalisant même pas qu'il est en fait sur la Toile.

"L'accès à Facebook est tellement facile - il suffit d'appuyer sur un bouton sur le téléphone portable -, que nombre de gens peu habitués à internet ne réalisent même pas que Facebook fait partie de la Toile", explique à l'AFP Danny Oei Wirianto, co-fondateur de la plateforme locale MindTalk. "Ils pensent qu'il s'agit d'un des services du téléphone".

Ainsi, 17% des Indonésiens considèrent Faceboook comme leur loisir favori, en particulier pour les jeux: 65% des visiteurs du site américain y vont pour jouer, selon une étude citée par M. Wirianto.

Rien d'étonnant, dès lors, que Rovio, la société finlandaise qui a conçu l'immensément populaire jeu "Angry Birds", a choisi Jakarta, la capitale indonésienne, pour lancer jeudi prochain une version Facebook de son bébé.

"Jakarta, c'est la capitale mondiale de Facebook", a récemment assuré Peter Vesterbecka, directeur pour l'Asie-Pacifique de Rovio.

Mais "Fesbuk" est plus qu'une plateforme de jeux. Dans ce pays encore relativement pauvre, il est souvent un outil pour arrondir les fins de mois difficiles.

"Les gens peuvent vendre facilement avec Facebook. Ils l'utilisent comme un outil marketing, comme ces mères au foyer qui montent un petit business par exemple", explique M. Wirianto.

Dans le pays musulman le plus peuplé de la planète, où être athée ou gay n'est pas toujours facile, Facebook offre aussi un espace de liberté, si relatif soit-il.

"C'est plus facile d'éduquer les gens sur l'homosexualité par l'intermédiaire de Facebook que de vive voix", explique Sri Agustine, responsable de l'Institut Ardhanary, qui défend les droits des lesbiennes, bisexuels et transexuels.

Le groupe "Gay Indonesia Only!" a plus de 8.000 membres, un chiffre impressionnant quand on sait l'opprobre qui est souvent jeté sur les homosexuels en Indonésie.

Un succès qui n'est pas sans gêner les musulmans radicaux. "Si on se sert de Facebook pour des activités positives, comme partager des connaissances ou des propositions d'emploi, c'est bien. Mais des pages qui font l'apologie de modes de vie négatifs, comme la pornographie ou l'athéisme, devraient être fermées", estime Muhammad Al-Khaththath, secrétaire général de l'Islamic Society Forum (FUI), regroupement d'organisations islamistes.

L'ancien administrateur d'un groupe sur Facebook consacré à l'athéisme a ainsi été récemment placé en détention pour "blasphème". Il a échappé mi-janvier à un lynchage après avoir diffusé sur sa page un commentaire assurant: "Dieu n'existe pas". Il est passible de cinq ans de prison.


           

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