Espagne: la campagne électorale s'achève en plein suspense


Vendredi 18 Décembre 2015 - 14:56
AFP


La campagne des élections législatives de dimanche s'achève en plein suspense en Espagne, le chef du gouvernement conservateur sortant Mariano Rajoy tentant de freiner une lame de fond politique qui pourrait coûter cher à son parti et faire de Podemos le nouveau leader de la gauche.


"Il y a quatre ans, on connaissait depuis un an le résultat et là, à deux jours du scrutin, un électeur sur quatre n'a rien décidé", a constaté vendredi le directeur de l'institut de sondages Metroscopia Jose Pablo Ferrandiz.

Vendredi soir, les leaders des quatre formations en lice -- les historiques Parti populaire (droite) et PSOE (socialiste), et les deux nouveaux, Podemos (gauche radicale) et Ciudadanos (centre-droit)-- mettront donc toutes leurs énergies dans la balance pour convaincre les 34,5 millions d'électeurs du cinquième pays le plus peuplé de l'UE.

Les derniers meetings sont prévus jusqu'à 23H00 (22H00 GMT), à Madrid et à Valence.

En 2011, Mariano Rajoy, alors âgé de 56 ans et déjà deux fois candidats, avait infligé à son adversaire Alfredo Perez Rubalcaba la pire défaite électorale du Parti socialiste après trois ans d'une crise qui laissait cinq millions de chômeurs dans son sillage.

Mais en 2015, rien n'est gagné. Le Parti populaire de Mariano Rajoy, qui avec 45% des suffrages s'était assuré une confortable majorité de 186 sièges sur 350 au parlement, pourrait cette année ne pas dépasser les 30%.

Selon le journal conservateur ABC, proche du PP, personne dans la formation ne s'attend à une surprise "à la David Cameron", le Premier ministre conservateur britannique, réélu bien plus confortablement que prévu en mai.

- La crise au quotidien -

Les socialistes, qui ont 110 sièges, pourraient plonger encore davantage, d'après les derniers sondages.

Ils payent cher la corruption, dans un pays mieux informé grâce à internet "où la citoyenneté est plus vigilante et plus exigeante", note la sociologue Belen Barreiro.

"En cette fin de campagne tout le monde peut remonter", a déclaré avec optimisme Mariano Rajoy vendredi à la radio nationale.

"Nous avons passé le pire (...), nous avons surmonté beaucoup de choses (...) il serait regrettable de jeter par la fenêtre tous les efforts", a plaidé Mariano Rajoy, dont la campagne est axée sur la reprise de l'économie (+3,3% de croissance du PIB en 2015, selon le gouvernement), tangible dans les grandes artères commerçantes de Madrid, bondées d'acheteurs venus faire leurs emplettes de Noël.

Le chef du gouvernement a parcouru 12.000 km et visité 19 provinces sur 52 en quinze jours de campagne, et encaissé sans perdre son calme mercredi un crochet au visage d'un jeune de 17 ans. L'homme qui fait campagne sur son "sérieux", cherche manifestement les voix des gens de sa génération: les 10,9 millions d'électeurs âgés de plus de soixante ans.

Il reste cependant talonné à droite par Albert Rivera, 36 ans, populaire chez les jeunes cadres, qui promet une réforme en profondeur de l'Education et un contrat de travail unique, pour gommer les différences entre contrats définitifs et précaires.

Le grand gagnant pourrait être Podemos, le grand allié de Syriza au pouvoir en Grèce, qui pourrait prendre la place de premier parti de gauche, selon les sondages confidentiels circulant dans les état-majors.

Donné en perte de vitesse jusqu'à l'automne, le chef de Podemos Pablo Iglesias a modéré son ton et se cantonne à promettre des mesures pour les très nombreux Espagnols qui vivent encore la crise au quotidien -- un actif sur cinq est au chômage.

Son parti, qui ne s'est pas aventuré sur des terrains sensibles comme le service de la dette, serait passé de la quatrième place à la deuxième, dépassant le PSOE.

"Il n'est pas exclu que Podemos l'emporte en nombre de voix" sur le PSOE, dit M. Ferrandiz.

"L'image de Pablo Iglesias s'est améliorée", note-t-il, alors que celle Pedro Sanchez, le leader du parti socialiste, a chuté, notamment après le débat l'ayant opposé à Mariano Rajoy, où il est apparu trop agressif, estime-t-il.


           

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