Selon un scénario inédit depuis le retour de l'Espagne à la démocratie en 1978, le nouveau roi âgé de 46 ans, épargné par la chute de popularité qui frappe la Couronne, prêtera serment probablement le 19 juin, une fois la loi votée par le Sénat deux jours plus tôt.
Mercredi, devant la Chambre des députés, le chef du gouvernement conservateur, Mariano Rajoy, défendra la loi d'abdication, que devraient approuver environ 86% des députés, principalement ceux de son parti, le Parti populaire, et de l'opposition socialiste.
Malgré cette majorité écrasante, des voix dissonantes s'élèveront dans l'hémicycle: celles de petits partis de gauche ou régionaux, comme les écolo-communistes d'Izquierda unida ou les indépendantistes catalans d'ERC, qui voteront contre et réclameront un référendum sur l'avenir de la monarchie.
Le vote agite même les rangs du Parti socialiste, dont le chef, Alfredo Perez Rubalcada, a apporté son soutien au scénario de la succession.
La porte-parole socialiste au Congrès, Soraya Rodriguez, a dû rappeler mardi que les députés n'avaient dans ce cas précis pas la liberté de vote, répondant à la fronde de trois d'entre eux.
D'autres partis ont prévu de s'abstenir, dont les nationalistes conservateurs catalans de CiU.
"Nous voulons donner leur chance aux citoyens qui demandent, aujourd'hui, majoritairement, de pouvoir décider de leur chef d'Etat", déclarait mardi le numéro deux d'Izquierda unida, José Luis Centella.
- Un pays qui doute -
Car au-delà des voix, minoritaires au Parlement, qui demandent le retour à une république, la crise économique qui sévit depuis 2008, les scandales qui ont entaché la fin de règne de Juan Carlos et les affaires de corruption visant les partis politiques ont poussé les Espagnols à douter de leurs institutions et à réclamer une plus grande participation en politique.
Dans ce paysage complexe, ceux qui demandent un référendum pour pouvoir décider de qui sera leur chef d'Etat --un président ou un roi-- ne remettent pas forcément en cause la monarchie, associée en Espagne à la nouvelle ère démocratique après la dictature franquiste, comme en témoignait un sondage publié dimanche par le quotidien de centre-gauche El Pais.
62% des personnes interrogées souhaitaient un référendum. Mais s'ils devaient se prononcer, 49% disaient qu'ils choisiraient une monarchie avec Felipe pour roi, contre 36% se prononçant pour une république.
Selon un autre sondage publié lundi par El Mundo, de centre-droit, 55,7% des Espagnols soutiennent la monarchie et 72,9% pensent que Felipe ferait un bon roi.
La seconde république espagnole, proclamée en avril 1931, avait été balayée en 1939 par la dictature franquiste, après trois ans de guerre civile. La monarchie a été rétablie après la mort de Francisco Franco le 20 novembre 1975.
Juan Carlos, alors monté sur le trône, a construit sa légitimité en conduisant la transition du pays jusqu'à l'approbation en 1978, par référendum, de la Constitution qui a fondé l'Espagne démocratique.
Mais les plus jeunes, qui n'ont pas connu cette époque, sont nombreux à s'interroger sur le bien-fondé de la monarchie.
Populaire, mais à la tête d'une institution contestée, Felipe aura donc une marge de manoeuvre étroite pour redorer l'image de la Couronne et maintenir une unité nationale malmenée par les séparatismes basque et catalan.
En signe d'avertissement, sitôt annoncée le 2 juin l'abdication imminente de Juan Carlos, des milliers de manifestants étaient descendus dans les rues en criant "L'Espagne, demain, sera républicaine".
Le lendemain, dans son premier discours de futur roi, le prince héritier promettait de "mettre toutes ses forces" au service d'une Espagne "unie, diverse".
Confrontée à un délicat exercice d'équilibre entre la nécessaire solennité de l'événement et le contexte de crise qui l'entoure, la Maison royale a fait savoir que Felipe VI prêterait serment devant le Parlement, comme le veut la tradition espagnole.
Mais au contraire de l'avènement de Juan Carlos le 22 novembre 1975, l'investiture se déroulera en l'absence d'invités étrangers, et aucune célébration religieuse n'est prévue.
Mercredi, devant la Chambre des députés, le chef du gouvernement conservateur, Mariano Rajoy, défendra la loi d'abdication, que devraient approuver environ 86% des députés, principalement ceux de son parti, le Parti populaire, et de l'opposition socialiste.
Malgré cette majorité écrasante, des voix dissonantes s'élèveront dans l'hémicycle: celles de petits partis de gauche ou régionaux, comme les écolo-communistes d'Izquierda unida ou les indépendantistes catalans d'ERC, qui voteront contre et réclameront un référendum sur l'avenir de la monarchie.
Le vote agite même les rangs du Parti socialiste, dont le chef, Alfredo Perez Rubalcada, a apporté son soutien au scénario de la succession.
La porte-parole socialiste au Congrès, Soraya Rodriguez, a dû rappeler mardi que les députés n'avaient dans ce cas précis pas la liberté de vote, répondant à la fronde de trois d'entre eux.
D'autres partis ont prévu de s'abstenir, dont les nationalistes conservateurs catalans de CiU.
"Nous voulons donner leur chance aux citoyens qui demandent, aujourd'hui, majoritairement, de pouvoir décider de leur chef d'Etat", déclarait mardi le numéro deux d'Izquierda unida, José Luis Centella.
- Un pays qui doute -
Car au-delà des voix, minoritaires au Parlement, qui demandent le retour à une république, la crise économique qui sévit depuis 2008, les scandales qui ont entaché la fin de règne de Juan Carlos et les affaires de corruption visant les partis politiques ont poussé les Espagnols à douter de leurs institutions et à réclamer une plus grande participation en politique.
Dans ce paysage complexe, ceux qui demandent un référendum pour pouvoir décider de qui sera leur chef d'Etat --un président ou un roi-- ne remettent pas forcément en cause la monarchie, associée en Espagne à la nouvelle ère démocratique après la dictature franquiste, comme en témoignait un sondage publié dimanche par le quotidien de centre-gauche El Pais.
62% des personnes interrogées souhaitaient un référendum. Mais s'ils devaient se prononcer, 49% disaient qu'ils choisiraient une monarchie avec Felipe pour roi, contre 36% se prononçant pour une république.
Selon un autre sondage publié lundi par El Mundo, de centre-droit, 55,7% des Espagnols soutiennent la monarchie et 72,9% pensent que Felipe ferait un bon roi.
La seconde république espagnole, proclamée en avril 1931, avait été balayée en 1939 par la dictature franquiste, après trois ans de guerre civile. La monarchie a été rétablie après la mort de Francisco Franco le 20 novembre 1975.
Juan Carlos, alors monté sur le trône, a construit sa légitimité en conduisant la transition du pays jusqu'à l'approbation en 1978, par référendum, de la Constitution qui a fondé l'Espagne démocratique.
Mais les plus jeunes, qui n'ont pas connu cette époque, sont nombreux à s'interroger sur le bien-fondé de la monarchie.
Populaire, mais à la tête d'une institution contestée, Felipe aura donc une marge de manoeuvre étroite pour redorer l'image de la Couronne et maintenir une unité nationale malmenée par les séparatismes basque et catalan.
En signe d'avertissement, sitôt annoncée le 2 juin l'abdication imminente de Juan Carlos, des milliers de manifestants étaient descendus dans les rues en criant "L'Espagne, demain, sera républicaine".
Le lendemain, dans son premier discours de futur roi, le prince héritier promettait de "mettre toutes ses forces" au service d'une Espagne "unie, diverse".
Confrontée à un délicat exercice d'équilibre entre la nécessaire solennité de l'événement et le contexte de crise qui l'entoure, la Maison royale a fait savoir que Felipe VI prêterait serment devant le Parlement, comme le veut la tradition espagnole.
Mais au contraire de l'avènement de Juan Carlos le 22 novembre 1975, l'investiture se déroulera en l'absence d'invités étrangers, et aucune célébration religieuse n'est prévue.