Etats-Unis: la tension persiste à Charlotte où Clinton repousse sa visite


Samedi 24 Septembre 2016 - 10:05
AFP


Hillary Clinton a repoussé vendredi soir une visite prévue dimanche dans la ville américaine de Charlotte, agitée depuis plusieurs jours par des manifestations et des violences après la mort d'un Noir tué par la police.


Son équipe de campagne qui avait annoncé cette visite quelques heures plus tôt, a expliqué que la candidate démocrate à la Maison Blanche avait pris cette décision "après plus ample discussion avec les responsables de la communauté (...) pour ne pas impacter les ressources de la ville".

Mme Clinton "a l'intention de se rendre à Charlotte le dimanche suivant, si les circonstances le permettent", a précisé sa campagne dans un communiqué.

La maire de la ville Jennifer Roberts avait demandé un peu plus tôt aux deux candidats à la présidence de repousser une éventuelle visite, en évoquant les "ressources très tendues pour la sécurité".

Vendredi soir, des centaines de manifestants se sont encore rassemblés dans les rues de Charlotte, mais aussi à Atlanta, en Géorgie, où les protestataires étaient réunis à l'appel de la NAACP, plus grande organisation de défense des Noirs aux Etats-Unis.

A Charlotte, les manifestants réclament que soit rendue publique une vidéo de la police, tournée lors de la confrontation avec la victime, un père de famille de 43 ans. Les autorités de Charlotte s'y refusent, malgré la pression populaire et la tension dans les rues.

Vendredi la télévision NBC a diffusé une autre vidéo, dramatique, qui montre de façon imparfaite le moment du décès mardi de Keith Lamont Scott.

D'après la police, il a été mortellement blessé par balle alors qu'il refusait de lâcher son arme de poing. Ses proches affirment qu'il n'avait qu'un livre en main et qu'il attendait pacifiquement son fils à un arrêt d'autobus.

La vidéo révélée par NBC a été réalisée par la femme de la victime, Rakeyia Scott. Tournant ces images avec son smartphone, elle approche de la zone où son mari est tenu en joue par plusieurs policiers.

"Ne tirez pas! Ne tirez pas! Il n'est pas armé! Il n'a rien fait!", implore l'épouse, qui se trouve à une dizaine de mètres.

"Lâche ton arme! Lâche ton arme!", ordonne la voix d'un policier, sans que l'on puisse voir où Keith Scott se trouve exactement.

- 'Vous lui avez tiré dessus?' -

"Il n'a pas d'arme! Il a un problème cérébral. Il ne va rien vous faire, il vient de prendre ses médicaments!", prévient Rakeyia Scott.

La femme crie ensuite à son mari la chose suivante: "Keith, ne les laisse pas casser la vitre, sors de la voiture! Keith, ne fais pas ça! Keith! Sors de la voiture! Ne fais pas ça! Keith!"

Plusieurs détonations retentissent alors et l'épouse se met à crier : "Vous lui avez tiré dessus? Vous lui avez tiré dessus? Vaudrait mieux pour vous qu'il ne soit pas mort!"

Rakeyia Scott continue à filmer, son mari étant étendu à plat ventre sur la chaussée, entouré par quatre policiers.

"Voici les policiers qui ont tiré sur mon mari et il y a intérêt à ce qu'il vive, car il ne leur avait rien fait", dit-elle enfin.

La vidéo ne montre aucune arme visible près du corps de Keith Scott. NBC a toutefois indiqué avoir reçu une photo d'un témoin semblant montrer une arme près des pieds de la victime.

- Un débat national -

Les manifestations à Charlotte ont conduit le gouverneur a décréter l'état d'urgence et à appeler en renfort les militaires de la Garde nationale. Un couvre-feu a également été imposé pour la nuit de vendredi à samedi, comme la veille, à partir de minuit.

Plus largement, ce décès brutal a relancé un débat national sur les abus des forces de l'ordre à l'encontre des Afro-Américains.

Keith Scott a perdu la vie quatre jours seulement après qu'un Noir non armé eut été abattu par une policière blanche à Tulsa, dans l'Oklahoma (sud), sous l'oeil des caméras de police.

Au contraire de Charlotte, les autorités de Tulsa ont rapidement rendu publiques les vidéos du drame, et la policière auteure du tir mortel a été inculpée jeudi d'homicide involontaire. Elle a été libérée vendredi contre une caution de 50.000 dollars.

Barack Obama, premier président noir de l'histoire des Etats-Unis, s'est exprimé brièvement vendredi sur ces événements, alors qu'il s'apprête à inaugurer samedi à Washington un musée dédié à l'histoire afro-américaine: l'ouverture de cet établissement va permettre aux Américains de "replacer certains événements dans un contexte historique", a-t-il espéré.

"Les gens qui voient ce qui se passe à Charlotte et qui visiteront ce musée comprendront mieux les revendications des Noirs, ce qui leur permettra de prendre su recul et "de dire: +je comprends, je compatis+".


           

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