Face à une Opep divisée, l'Arabie saoudite devrait accroître sa production


Jeudi 9 Juin 2011 - 15:48
AFP


Vienne - Les profondes divergences parmi les pays de l'Opep vont accroître les pressions sur l'offre mondiale de pétrole, mais l'Arabie saoudite, "gendarme" du cartel, devrait décider unilatéralement d'augmenter sa production afin de soulager le marché, estiment les analystes.


Mohammad Aliabadi entouré de Goni Musa Sheikh et Abdallah El-Badri
Mohammad Aliabadi entouré de Goni Musa Sheikh et Abdallah El-Badri
Les ministres de l'Organisation des pays exportateurs de pétrole (Opep), réunis mercredi à Vienne, ont échoué à trouver un consensus sur un éventuel relèvement de leurs quotas de production, fixés depuis janvier 2009 à 24,84 millions de barils par jour (mbj).

Saluant la récente envolée des prix du baril au-dessus de 100 dollars, les pays les plus conservateurs de l'organisation, le Venezuela et l'Iran, soutenus par l'Algérie, l'Irak ou encore l'Angola, se sont fermement opposés aux pays du Golfe, dont l'Arabie saoudite est le chef de file.

Ces derniers se montraient désireux d'accroître l'offre de l'Opep, qui pompe 40% du pétrole mondial, afin de répondre aux inquiétudes des pays consommateurs, dont la croissance économique est menacée par les cours élevés du brut.

La production réelle du cartel, pourtant supérieure de plus de 1,3 mbj aux quotas, peine en effet à compenser l'interruption des exportations libyennes depuis février et reste insuffisante à satisfaire la demande mondiale, juge l'Agence internationale de l'Energie (AIE).

"La reconduction du statu quo peut être perçue comme un feu vert implicte à pomper davantage de brut", a cependant souligné Emma Pinnock, analyste de la société énergétique britannique Inenco. "Les participants à la réunion ne sont pas parvenus à s'entendre sur des quotas de production, ce qui suggère que chaque pays va continuer à agir comme il l'entend de façon unilatérale", a-t-elle expliqué à l'AFP.

Après la réunion de Vienne, le ministre saoudien du Pétrole, Ali al-Nouaïmi, a qualifié de "désastreuse" l'issue des discussions et rappelé l'engagement des pays du Golfe à approvisionner le marché, selon des propos rapportés par Dow Jones Newswires.

"Fondamentalement, la situation sur le front de l'offre ne change pas. L'Arabie saoudite va continuer de produire davantage. C'est le seul pays à avoir des capacités de production excédentaires significatives", a indiqué à l'AFP Jason Schenker, de la société texane Prestige Economics.

Le royaume saoudien, premier exportateur de brut dans le monde, "devrait augmenter sa production de 700.000 barils par jour d'ici la fin de l'année. Les Emirats arabes unis et le Koweit devraient également accroître leur offre", prévoit Torbjorn Kjus, de la banque DnB NOR.

La production saoudienne était de 8,8 mbj en avril, selon l'AIE, mais plusieurs experts estiment qu'elle a déjà sensiblement progressé en mai.

Les efforts des pays du Golfe pourraient toutefois "ne pas suffire à couvrir les besoins croissants des consommateurs et le marché devrait fortement se tendre au second semestre 2011", a tempéré Helen Henton, de Standard Chartered.

Selon elle, la division des 12 pays de l'Opep en deux camps distincts "soulève des inquiétudes sur la capacité du cartel à réagir en cas d'effondrement de la demande" face à des prix excessivement élevés.

Alors que le prix du brut évolue désormais non loin de 120 dollars à Londres, la paralysie de l'Opep pose la question du maintien de quotas décidés en décembre 2008, lorsque le baril de Brent cotait à quelque 30 dollars.

Depuis, la discipline n'a cessé de s'effriter, aucun des Etats de l'Opep ne respectant plus les baisses de production qui leur sont imparties: "Ils trichent de 1,5 à 2 mbj. Ce serait pertinent de relever les quotas pour les mettre plus en adéquation avec la réalité. Sinon, à quoi servent-ils?", s'interroge Cornelia Meyer, directrice de la société financière londonienne MRL Corp.


           

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