Fayez al-Sarraj sommé de quitter Tripoli, risque d'escalade


Jeudi 31 Mars 2016 - 09:40
ats - romandie


Le chef du gouvernement d'union nationale libyen soutenu par l'ONU est arrivé mercredi à Tripoli. Les autorités non reconnues de la capitale l'ont aussitôt sommé de partir, un bras de fer qui fait craindre une escalade de la crise.


Quelques heures après l'arrivée de Fayez al-Sarraj, des tirs intermittents dont on ignorait l'origine ont été entendus dans la soirée dans la capitale. Les artères principales ont été bloquées par des membres de groupes armés, certains en uniforme et d'autres en civil munis de kalachnikovs, arrivés à bord de véhicules militaires. 


Pris de panique, les habitants sont vite rentrés chez eux et les commerces et les cafés ont baissé leurs rideaux. Deux compagnies aériennes libyennes, Afriquiyah Airlines et Libyan Airlines, ont annoncé sur Facebook qu'elles avaient supprimé leurs vols vers Tripoli pour "des problèmes de sécurité".


Dans la soirée, un groupe armé est entré de force au siège d'al-Nabaa, une chaîne satellitaire libyenne proche des autorités qui contrôlent Tripoli. Ils ont expulsé les employés après avoir suspendu la retransmission, selon deux journalistes de cette chaîne. Selon l'un des deux, ces hommes "semblent être favorables au gouvernement de Sarraj".


Affrontements
La venue de M. Sarraj fait craindre aux habitants de Tripoli des affrontements entre partisans des autorités non reconnues internationalement et partisans du gouvernement d'union soutenu par l'ONU. Ce dernier est rejeté aussi bien par le cabinet et le Parlement de Fajr Libya à Tripoli que par ceux installés dans l'Est, même si certains de leurs membres lui ont apporté leur soutien.


"Ceux qui sont entrés illégalement et clandestinement doivent se rendre ou revenir sur leurs pas", sinon ils devront "assumer les conséquences légales", a déclaré dans une allocution télévisée Khalifa el-Ghwell, chef du gouvernement non reconnu, en dénonçant comme "illégal" le gouvernement de M. Sarraj.


De son côté, le vice-président du congrès général national (CGN, parlement non reconnu) Awad Abdelsadeq, a affirmé que M. Sarraj et les membres du Conseil présidentiel "sont entrés illégalement" en Libye "avec l'aide de soldats et de quelques traîtres".


"Réconciliation"
M. Sarraj, également président du Conseil présidentiel (CP), est arrivé avec six des membres du CP depuis la Tunisie à la base navale de Tripoli à bord d'un bateau militaire libyen escorté de navires, selon la page officielle Facebook du CP.

Il a été accueilli par des hauts gradés de la marine et des responsables locaux. Parmi ces derniers figurait Aref el-Khoja, ministre de l'Intérieur du gouvernement de Fajr Libya.

Lors d'une brève allocution, M. Sarraj s'est engagé à faire de la "réconciliation" et du "règlement de la crise sécuritaire et économique" sa priorité. Dès son arrivée à Tripoli, des habitants ont laissé éclater leur joie en klaxonnant dans les rues du centre-ville.

"Décision courageuse"
L'ONU, les Etats-Unis, l'Union européenne, l'Italie et la France ont salué l'arrivée de M. Sarraj. Pendant des mois ils avaient exprimé leur souhait de traiter avec une autorité unifiée en Libye pour sortir le pays du chaos et faire face à la montée en puissance en territoire libyen du groupe djihadiste Etat islamique (EI).

L'émissaire de l'ONU en Libye, Martin Kobler, s'est félicité d'une "étape importante dans la transition démocratique en Libye". Il a appelé à un transfert de pouvoir "pacifique".


Le secrétaire d'Etat américain John Kerry s'est réjoui dans un communiqué que le gouvernement d'union puisse "commencer son travail crucial" pour la Libye. L'Union européenne a appelé "les institutions et parties prenantes libyennes" à "travailler" avec le gouvernement d'union.


La France a salué une "décision courageuse" pour la Libye, livrée aux milices depuis la chute du dictateur Mouammar Kadhafi, renversé et tué à la suite d'une révolte soutenue par une intervention militaire occidentale.

Confiance du Parlement 
Le gouvernement d'union a été mis en place après un accord politique signé fin 2015 au Maroc, sous l'égide de l'ONU, par des députés des deux Parlements rivaux et ce, malgré l'opposition des chefs de ces institutions.

Pour être officiellement investi, il devait obtenir la confiance du Parlement de Tobrouk. Après plusieurs échecs faute de quorum, l'entrée en fonction du gouvernement a finalement été proclamée le 12 mars sur la base d'un communiqué de soutien publié par une centaine de parlementaires de Tobrouk (sur 198).

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