La grande époque des films africains reconnus internationalement, à l'instar de "Tilaï" (transposition d'une tragédie grecque dans l'Afrique contemporaine -Grand Prix du Jury à Cannes en 1990) du Burkinabé Idrissa Ouedraogo, semble révolue.
Cette année encore -comme depuis presque deux décennies, l'Afrique ne foulera guère le tapis rouge, même si 2014 avait permis un regain d'espoir grâce à la présence au palmarès, de Timbuktu, du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, qui a remporté deux prix.
Rappelant qu’il est plus approprié d’utiliser l’expression «les cinémas d’Afrique», que «le cinéma africain», pour qualifier l'ensemble des cinématographies d'un continent qui compte plus de 50 pays, Catherine Ruelle, journaliste spécialiste des cinémas d'Afrique, interrogée par Anadolu, estime qu’il y a plusieurs facteurs qui justifient cette absence du continent africain à la Croisette.
D'abord, la faible production de films africains de qualité sur le continent. «Les cinéastes africains ont de plus en plus de mal à tourner des films faute de financements adéquats; les fonds européens, les fonds français, allemands ou anglais, les plus gros co-producteurs historiques font cruellement défaut», dit-elle, en précisant néanmoins qu'il n'y a pas de statistiques globales permettant d'estimer le nombre de films produits en Afrique.
En dehors de la Tunisie (en compétition dans la catégorie court-métrage pour le film « La laine sur le dos » (15 minutes), du réalisateur Lotfi Achour) de l'Algérie, de l'Afrique du Sud, de l'Egypte, du Maroc ou encore du Nigéria, « les pays ne peuvent pas assumer une production annuelle conséquente et de grande qualité », note Ruelle.
Et d’ajouter: «les salles de cinéma ont disparu dans de très nombreux pays et le marché local n'existe pratiquement pas».
«ll faut aussi souligner le fait que, d’une manière générale, le festival de Cannes a pour désir de ne présenter que des films en avant-première mondiale ce qui disqualifie d’entrée de jeu bon nombre de productions», précise la spécialiste.
Des points auxquels s’ajoutent «un désintérêt croissant, ou un repliement autour des co-productions françaises, des films européens et des critères esthétiques et thématiques européo-européens», d’après la journaliste.
Ce qui explique le fait que "Nollywood" (cinéma nigérian), un des plus gros producteurs de films au monde, avec une moyenne de 2000 films produits annuellement, ne parvient pas à séduire le Festival de Cannes, estime Ruelle.
« Les films de Nollywood trouvent facilement un écho en Angleterre et aux USA, où les communautés nigérianes constituent un vrai public. Mais, comme les trois-quarts des films américains, ce sont des home movies destinés à la consommation courante interne. Et cela ne plait peut-être pas aux sélectionneurs du Festival qui ont une certaine idée du «grand cinéma» et rejettent des formes esthétiques et des thématiques trop éloignées des normes de qualité européennes », dit-elle.
Le problème aujourd'hui, souligne-t-elle, c’est que cette absence touche également des sections qui, «traditionnellement étaient plus ouvertes sur les cinémas du monde, notamment la quinzaine des réalisateurs ou encore la Semaine de la Critique».
Pour Gérard Marion, Directeur du Festival «Lumières d’Afrique» un festival des cinémas d'Afrique, le manque d’exposition du continent noir au Festival s’explique aussi par le manque de stratégie relationnelle des cinéastes africains.
«Les réalisateurs africains ne font pas assez de relationnel, pourtant cela est nécessaire à Cannes. Preuve en est, Mahamat Haroun (réalisateur tchadien), qui était membre du jury il y a quatre ans, a vu ses films concourir trois années de suite, et ce, parce qu’il connaît bien Thierry Frémeaux (délégué général du Festival de Cannes)», estime-t-il, dans une déclaration à Anadolu.
Une position que partage d’ailleurs Ruelle. «On peut même dire que le festival de Cannes n'est que le reflet de l'état du cinéma français, et pis encore de l'état de notre société qui se recroqueville sur elle-même », surenchérit-elle.
Sur le continent africain, quoiqu’il arrive, on poursuit le rêve d’un film qui remportera, au 21ème siècle, un succès planétaire à l'image de celui de Timbuktu, véritable fierté pour l'ensemble du continent africain, s'était à l'époque réjouit Ibrahim Ahmed (dit Pino), l’acteur principal du long-métrage, dans une interview avec Anadolu.
Se déroulant du 11 au 22 mai, la 69ème édition de ce festival fondé en 1946, met en compétition officielle 21 long-métrages. Une grande partie de ces films sont européens, mais des productions américaine, brésilienne, canadienne, sud-coréenne, philippine sont aussi de la partie.
A part un seul court-métrage tunisien en course, deux films du continent noir participent hors compétition "officielle" dans les catégories "Un certain regard" et "Séance spéciale". Ces trois films ne sont pas concernées par les récompenses les plus médiatisées, celles des long-métrages, dont la plus prestigieuse demeure la Palme d'Or, récompensant le meilleur film du festival.
Depuis la création de ce prix, en 1955, le seul long-métrage africain à avoir remporté la Palme d'Or est le film algérien "Chronique des années de braise", en 1975.
Cette année encore -comme depuis presque deux décennies, l'Afrique ne foulera guère le tapis rouge, même si 2014 avait permis un regain d'espoir grâce à la présence au palmarès, de Timbuktu, du réalisateur mauritanien Abderrahmane Sissako, qui a remporté deux prix.
Rappelant qu’il est plus approprié d’utiliser l’expression «les cinémas d’Afrique», que «le cinéma africain», pour qualifier l'ensemble des cinématographies d'un continent qui compte plus de 50 pays, Catherine Ruelle, journaliste spécialiste des cinémas d'Afrique, interrogée par Anadolu, estime qu’il y a plusieurs facteurs qui justifient cette absence du continent africain à la Croisette.
D'abord, la faible production de films africains de qualité sur le continent. «Les cinéastes africains ont de plus en plus de mal à tourner des films faute de financements adéquats; les fonds européens, les fonds français, allemands ou anglais, les plus gros co-producteurs historiques font cruellement défaut», dit-elle, en précisant néanmoins qu'il n'y a pas de statistiques globales permettant d'estimer le nombre de films produits en Afrique.
En dehors de la Tunisie (en compétition dans la catégorie court-métrage pour le film « La laine sur le dos » (15 minutes), du réalisateur Lotfi Achour) de l'Algérie, de l'Afrique du Sud, de l'Egypte, du Maroc ou encore du Nigéria, « les pays ne peuvent pas assumer une production annuelle conséquente et de grande qualité », note Ruelle.
Et d’ajouter: «les salles de cinéma ont disparu dans de très nombreux pays et le marché local n'existe pratiquement pas».
«ll faut aussi souligner le fait que, d’une manière générale, le festival de Cannes a pour désir de ne présenter que des films en avant-première mondiale ce qui disqualifie d’entrée de jeu bon nombre de productions», précise la spécialiste.
Des points auxquels s’ajoutent «un désintérêt croissant, ou un repliement autour des co-productions françaises, des films européens et des critères esthétiques et thématiques européo-européens», d’après la journaliste.
Ce qui explique le fait que "Nollywood" (cinéma nigérian), un des plus gros producteurs de films au monde, avec une moyenne de 2000 films produits annuellement, ne parvient pas à séduire le Festival de Cannes, estime Ruelle.
« Les films de Nollywood trouvent facilement un écho en Angleterre et aux USA, où les communautés nigérianes constituent un vrai public. Mais, comme les trois-quarts des films américains, ce sont des home movies destinés à la consommation courante interne. Et cela ne plait peut-être pas aux sélectionneurs du Festival qui ont une certaine idée du «grand cinéma» et rejettent des formes esthétiques et des thématiques trop éloignées des normes de qualité européennes », dit-elle.
Le problème aujourd'hui, souligne-t-elle, c’est que cette absence touche également des sections qui, «traditionnellement étaient plus ouvertes sur les cinémas du monde, notamment la quinzaine des réalisateurs ou encore la Semaine de la Critique».
Pour Gérard Marion, Directeur du Festival «Lumières d’Afrique» un festival des cinémas d'Afrique, le manque d’exposition du continent noir au Festival s’explique aussi par le manque de stratégie relationnelle des cinéastes africains.
«Les réalisateurs africains ne font pas assez de relationnel, pourtant cela est nécessaire à Cannes. Preuve en est, Mahamat Haroun (réalisateur tchadien), qui était membre du jury il y a quatre ans, a vu ses films concourir trois années de suite, et ce, parce qu’il connaît bien Thierry Frémeaux (délégué général du Festival de Cannes)», estime-t-il, dans une déclaration à Anadolu.
Une position que partage d’ailleurs Ruelle. «On peut même dire que le festival de Cannes n'est que le reflet de l'état du cinéma français, et pis encore de l'état de notre société qui se recroqueville sur elle-même », surenchérit-elle.
Sur le continent africain, quoiqu’il arrive, on poursuit le rêve d’un film qui remportera, au 21ème siècle, un succès planétaire à l'image de celui de Timbuktu, véritable fierté pour l'ensemble du continent africain, s'était à l'époque réjouit Ibrahim Ahmed (dit Pino), l’acteur principal du long-métrage, dans une interview avec Anadolu.
Se déroulant du 11 au 22 mai, la 69ème édition de ce festival fondé en 1946, met en compétition officielle 21 long-métrages. Une grande partie de ces films sont européens, mais des productions américaine, brésilienne, canadienne, sud-coréenne, philippine sont aussi de la partie.
A part un seul court-métrage tunisien en course, deux films du continent noir participent hors compétition "officielle" dans les catégories "Un certain regard" et "Séance spéciale". Ces trois films ne sont pas concernées par les récompenses les plus médiatisées, celles des long-métrages, dont la plus prestigieuse demeure la Palme d'Or, récompensant le meilleur film du festival.
Depuis la création de ce prix, en 1955, le seul long-métrage africain à avoir remporté la Palme d'Or est le film algérien "Chronique des années de braise", en 1975.