France: Macron concilie anciens et nouveaux pour former son gouvernement


Vendredi 19 Mai 2017 - 10:00
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Paris - Après son installation à l'Elysée, le nouveau président français s'est imposé la lourde tâche de composer son gouvernement de 23 membres (Premier ministre, 16 ministres dont trois ministres d’Etat, deux ministres délégués et quatre secrétaires d’Etat).


Sans surprise, comme avaient prédit plusieurs médias et hommes politiques, le juppéiste Edouard Philippe a été nommé Premier Ministre.

Députe-Maire du Havre, qualifié de droitiste, cet homme politique n'a pas vraiment soutenu Emmanuel Macron lors de sa campagne électorale. Il avait même voté contre la loi Macron lorsque ce dernier était encore ministre. De ce fait, ce choix peut-être étonnant. Mais quelques spécialistes estiment que certaines prises de position du nouveau locataire du Matignon peuvent être qualifiées de « centristes », notamment son opposition à la déchéance de nationalité pour les djihadistes.

Aussitôt après sa nomination, le Premier ministre, s'est mis au travail pour former son gouvernement en accord avec le président. Après plusieurs repoussements de l'annonce de la composition de la nouvelle équipe gouvernementale, le nom des 22 lauréats a été annoncé, mercredi, par le Secrétaire général de l'Elysée, Alexis Kohler.

Alors que Macron avait promis un « renouvellement de la politique », la première impression relative au nouveau cabinet donne lire que l’ont est face à un gouvernement « d'union nationale » plutôt qu’à une formation issue du parti au pouvoir.

Parmi les 22 nouveaux ministres, dont la parité parfaite n'échappe à personne, on retrouve aussi bien des anciens que des nouveaux issus de différentes familles politiques. 
Hormis le Premier ministre, deux autres "républicains" ont également été recrutés. Il s'agit de l'ancien ministre de Sarkozy, Bruno Le Maire, chargé du portefeuille de l'Economie et qui avait pourtant qualifié Macron « d'homme sans projet portant une idéologie qui a planté la France ».

Son compère, Gérald Darmanin, ancien Maire de Tourcoing, hérite les Comptes publics. Il avait rapidement lâché François Fillon et n'avait pas non plus hésité à critiquer Macron en le qualifiant de « pur produit du système: beaux quartiers, belles études, belle fortunes, belles relations ».

Les cadres de Les Républicains (parti de François Fillon) ont évoqué « un départ sans conséquence » et entendent prendre des mesures pour leur expulsion du parti. 
Le Parti Radical a également deux représentants. L'outre-mer est désormais confiée à Annick Girardin, ancienne ministre de Hollande. Quant au portefeuille de l'Agriculture, il est sous le contrôle du sénateur, Jacques Mézard, qui s'est rallié à Macron dès septembre 2016.

Alors qu'il avait soutenu Alain Juppé à la primaire de droite puis décidé de se présenter après sa défaite, François Bayrou aux antipodes « du renouveau » avait finalement choisi de soutenir Macron et espéré un accord pour les Législatives de juin prochain.

Mieux qu'un poste de député, il est dorénavant garde des Sceaux. Autre personnalité du Modem à le rejoindre est l'eurodéputé Marielle de Sarnez qui s'occupera des Affaires européennes alors que sa consœur Slyvie Goulard, également eurodéputée ; elle gérera la Défense.

Le parti socialiste n'a pas été mis de côté non plus. Ainsi, l'important ministère de l'Intérieur revient à l'expérimenté Gérard Collomb. Bien qu'il soit un poids lourd de la politique, notamment à la tête de la Ville de Lyon, il devient ministre pour la première fois à l'âge de 69 ans. Il était un des premiers à parier sur Macron.

Un autre ministre de Hollande garde sa place au gouvernement bien qu'il change de portefeuille. Ainsi, Jean Yves Le Drian passe désormais au Quai d'Orsay, pour prendre les rênes des Affaires étrangères. Les spécialistes estiment que Le Drian avait un bilan assez positif à la défense, notamment grâce à la vente des avions "Rafale".

Quant à Richard Ferrand, premier parlementaire à rejoindre Macron et qui était le secrétaire général d'En Marche devient le ministre de la Cohésion des territoires. Il représentera aux Législatives de juin "En Marche" dans le Finistère.

La relation avec le Parlement sera l'affaire de Christophe Castaner qui devient ministre d'Etat.

Par ailleurs, en plus des habitués de la politique, plusieurs personnages du monde de l'entreprise et de la société civile font leur entrée au gouvernement. Bien qu'il soit proche du Mouvement de l’écologie (EELV), Nicolas Hulot n'était pas adhérent. Il avait été désavoué par les membres en 2011 face à Eva Joly. Son nom circulait après chaque composition de gouvernement. Désormais c'est officiel, la figure emblématique de l'écologie va gérer le ministère de la Transition écologique et de la Solidarité.

Agnès Buzyn, ancienne directrice de l'Institut National de Cancer, hérite tout naturellement du ministère de la Solidarité et de la Santé. A 54 ans, ce professeur de médecine est une des représentantes de la société civile.

La Culture sera également aux mains d'un ministre femme. La PDG d'Acte Sud, Maison d'Edition reconnue dans le milieu, Françoise Nyssen va devoir gérer ce ministère. 
Le ministère du Travail a été confiée à Muriel Pénicaud qui été à la tête de Business France depuis 2015. Elle avait également le titre d’« ambassadrice déléguée aux investissements internationaux ». Pénicaud a occupé plusieurs postes dans de grandes entreprises comme Danone et Dassault Systèmes.

L'Education est désormais l'affaire du patron de la prestigieuse ESSEC (Ecole Supérieure des Sciences Economiques et Sociales). Ainsi Jean Michel Blanquer, 54 ans et agrégé de de droit public, remplace Najat Vallaud Belkacem à l'Education.

Présidente depuis 2012 de l'Université Sophia-Antipolis à Nice, Frédérique Vidal, devient ministre de l'Enseignement supérieur, de la Recherche et de l'Innovation. Plusieurs fois médaillées, l'ancienne championne en escrime, Laura Flessel aura en charge le ministère des Sports. Elle était membre du Conseil National de Sport depuis 2013.

Le transport sera confié à une experte dans ce domaine. En effet, la présidente de la La Régie autonome des transports parisiens (RATP), Elisabeth Borne, a accepté le poste de ministre d'Etat chargé des transports. Cette cadre de l'entreprise a beaucoup d'expériences à son compte puisqu'elle a déjà travaillé avec plusieurs ministres dont Lionel Jospin et Ségolène Royal.

« La Grande Cause Nationale » consacrée à l'égalité homme-femme décrétée par Emmanuel Macron sera menée par la jeune ministre Marlène Schiappa. La Secrétaire d'Etat auteure de plusieurs livres à ce sujet était également au cabinet de Laurence Rossignol pendant une courte durée.

Sophie Cluzel, 56 ans et présidente de la Fédération Nationale des Associations au Service des Elèves Présentant une Situation de Handicap (FNASEPH) devient secrétaire d'Etat chargée des personnes handicapées. Elle avait organisé en 2012 le premier Grenelle de l'intégration des jeunes handicapés dans la société.

Et enfin, Mounir Mahjoubi, secrétaire d'État chargé du Numérique vient du monde de l'entreprise. Ce proche de Ségolène Royal et de François Hollande, d'origine marocaine, était à la tête du Conseil National du Numérique qu'il a quitté en février 2017 pour rejoindre la campagne électorale d'Emmanuel Macron. 


           

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