France: Procédure, état de santé, campagne de soutien : ce qu’il faut savoir sur l'affaire Ramadan


Jeudi 22 Février 2018 - 11:52
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Malgré plusieurs revers, la défense de Tariq Ramadan s’organise. Dernière offensive : une demande de dépaysement de la procédure a été présentée mercredi par les avocats de l’islamologue.


Arguant de dysfonctionnements dans la procédure, ils souhaitent faire juger l’affaire par un autre tribunal. Pendant ce temps, une campagne de soutien a été lancée sur internet.

44 000 abonnés ont rejoint la page Facebook « Free Tariq Ramadan Campain » en quelques jours, tandis qu’une pétition sur Change.org demandant sa libération a dépassé les 100 000 signataires mercredi soir. Les soutiens de l’intellectuel suisse se mobilisent sur la toile pour réclamer sa libération et dénoncer ce qu’ils considèrent comme un acharnement médiatique et judiciaire.

Même l’épouse de Tariq Ramadan, habituellement très discrète, a pris la parole le 14 février pour prendre la défense de son mari accusé de viol par deux femmes. « Je crois que Tariq a été désigné comme coupable depuis le début », affirme Iman Ramadan dans une vidéo diffusée sur les réseaux sociaux le 14 février.

Incarcéré depuis le 2 février, le petit-fils du fondateur égyptien des Frères musulmans, Hassan el-Banna, a vu sa demande de mise en liberté conditionnelle rejetée une première fois le 15 février. 
La Cour d’appel de Paris avait toutefois demandé une expertise médicale pour savoir si l’état de santé de Tariq Ramadan était compatible avec son maintien en détention. Selon ses avocats, l’état de santé de l’islamologue se serait dégradé.

L’état de santé au cœur des préoccupations de la défense de Tariq Ramadan

Le 19 février, dans une seconde vidéo, Iman Ramadan cite le certificat d’un médecin de la prison, selon lequel « le patient présente deux pathologies graves ». Elle évoquait aussi l’attestation de deux médecins de son époux. Elle indiquait aussi ne pas avoir eu le droit de rendre visite à son mari ni de lui téléphoner et concluait en appelant à suivre « la campagne officielle #FreeTariqRamadan ».

Mais, l’expertise médicale, dont les conclusions ont été rendues publiques mardi, estime que l’islamologue peut rester en prison, alors que la cour d’appel de Paris doit à nouveau statuer jeudi sur sa demande de remise en liberté. Ils font valoir à l’appui de leur demande que « les investigations utiles à la manifestation de la vérité ne sont pas réalisées » et « les contacts de Monsieur Ramadan avec ses proches et même ses avocats sont limités ». 

Pièce égarée et relations troubles

C’est dans ce contexte que les avocats de la défense ont réclamé le dépaysement de la procédure visant l’islamologue, pointant les dysfonctionnements de l’enquête. Depuis la mise en examen de leur client, Mes Bouzrou et Granier n’ont eu de cesse de dénoncer « absence d’investigation » sur une preuve à décharge.

En effet, réservation d’avion à l’appui, ils affirment que Tariq Ramadan est arrivé à Lyon le 9 octobre 2009 qu’en fin de journée et n’était donc pas en ville au moment où l’une des plaignantes affirme avoir été violée.

Cette pièce versée par les avocats début décembre a été « égarée » et n’a été transmise que début février aux enquêteurs, à la veille de la confrontation entre M. Ramadan et sa victime présumée. Aucun n’enquêteur ne pense d’ailleurs à l’interroger sur cet alibi durant l’investigation.

La défense pointe aussi les liens entre l’une des plaignantes, l’actuel avocat général près la Cour de cassation Michel Debacq et l’essayiste Caroline Fourest, connue pour ses positions radicales sur l’islam et son hostilité à l’égard de Tariq Ramadan.

Cette dernière aurait en effet organisé une entrevue entre l’accusatrice et le magistrat. Elle aurait également été en contact téléphonique plus d’une centaine de fois avec les deux plaignantes. Les avocats de l’islamologue ont d’ailleurs déposé en novembre une plainte pour subornation de témoin visant nommément Caroline Fourest.

À l’appui de sa remise en liberté, Tariq Ramadan s’est dit prêt à rendre son passeport, à pointer quotidiennement au commissariat et à verser une caution de 50 000 euros. Il a toujours nié les faits qui lui sont reprochés. 


           

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