France: dette et déficits dérapent, l'équation budgétaire se complique


Vendredi 29 Mars 2013 - 13:44
AFP


Paris - Le gouvernement a encaissé vendredi une mauvaise nouvelle avec le dérapage dès 2012 du déficit public, alors que la France a déjà reconnu qu'elle ne tiendrait pas ses objectifs budgétaires cette année et multiplie les gages de rigueur à l'égard de Bruxelles.


France: dette et déficits dérapent, l'équation budgétaire se complique
Le déficit public a été ramené de 5,3% en 2011 à 4,8% du produit intérieur brut (PIB) en 2012, soit un résultat moins bon qu'escompté par le gouvernement (4,5%), a annoncé vendredi l'Insee dans sa première évaluation. Quant à la dette, elle a battu un nouveau record, à 1.833,8 milliards d'euros, soit 90,2% du PIB contre 89,9% prévus.

Ce mauvais résultat complique encore la tâche du gouvernement qui avait déjà abandonné il y a un mois l'espoir de réduire les déficits à 3% du PIB dès cette année et qui négocie actuellement un délai avec la Commission européenne. Bruxelles réclame en échange que le déficit public s'établisse "nettement en dessous de 3%" en 2014.

"En 2013 on sera très loin des 3% et ça va être très difficile de les atteindre même en 2014, sauf à poursuivre dans une austérité marquée, qui du coup repousserait encore la reprise", prévient Mathieu Plane, économiste à l'Observatoire français des conjonctures économiques.

"Nous sommes sur la bonne voie, on est en train de réduire les déficits", a déclaré vendredi le ministre de l'Economie, Pierre Moscovici, convaincu que, sans les "mesures correctrices" prises l'été dernier par le nouveau gouvernement socialiste, ils "auraient été supérieurs à 5,5%".

Il a souligné que le dérapage était dû en partie à la recapitalisation par les Etats de la banque franco-belge Dexia en décembre, mais aussi à la réévaluation du déficit de 2011 (5,3% au lieu de 5,2%) et à la croissance nulle.

Mais les dépenses ont également légèrement échappé à la maîtrise des pouvoirs publics, passant de 55,9% du PIB en 2011 à 56,6% en 2012, soit plus que prévu. En volume (en plus de l'inflation), elles ont progressé de 0,7% au lieu de 0,5% escompté.

"Il y a en effet un petit dérapage des dépenses", reconnaît une source gouvernementale, "qui est dû pour moitié à la croissance zéro et pour moitié à un dynamisme plus important que prévu de l'investissement des collectivités locales". En revanche, a assuré cette source à l'AFP, "côté Etat et Sécurité sociale, les dépenses sont tenues" avec même une bonne surprise pour l'assurance maladie.

Le taux des prélèvements obligatoires est lui conforme aux prévisions, à 44,9% du PIB en 2012 après 43,7% l'année précédente, "sous l'effet de la hausse des impôts" (+5,3%), a précisé l'Insee.

L'impact de la stagnation économique a fortement pesé: le déficit structurel, c'est-à-dire sans tenir compte des effets de la conjoncture, a été réduit de 1,2 point du PIB, en ligne avec les prévisions.

"Là on entre dans le dur", estime M. Plane. "Au début, on a coupé dans les dépenses inutiles, mais plus ça va, plus on doit tailler dans la protection sociale ou l'investissement public, avec un impact plus fort sur la croissance", observe-t-il.

Jeudi soir, le président François Hollande a de fait tranché sur plusieurs chantiers emblématiques en cours de réflexion, allant dans le sens d'une plus grande rigueur: allongement de la durée de cotisation à la retraite et réduction des allocations familiales pour les ménages les plus aisés.

Autant de gages adressés à Bruxelles alors que la France précisera ses nouveaux engagements budgétaires d'ici la mi-avril.

Si certains économistes critiquent l'effet de l'austérité sur la croissance donc l'emploi, d'autres au contraire réclament encore plus d'efforts et de rigueur.

"Il va y avoir nécessairement des politiques sur les salaires et les retraites des fonctionnaires", estime l'économiste Jean-Paul Betbèze. Pour lui, la baisse des dépenses programmée par l'Etat pour 2014, 1,5 milliard en valeur absolue hors dette et pensions, "n'est pas suffisante". D'autant plus, dit-il, si "les dépenses des collectivités montent à proportion de ce qui est économisé par l'Etat".


           

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